"Sur la base d'estimations fournies par les professionnels ou émanant d'avis d'experts, les quantités réemployées ou réutilisées sont d'un peu plus de 800.000 tonnes, alors que les déchets générés pour les mêmes catégories de produits sont de l'ordre de 10 millions de tonnes", relève le Commissariat général au développement durable (CGDD) dans une synthèse "Le cycle des matières dans l'économie française" publiéele 4 septembre.
La production de déchets attendrait ainsi 5,5 tonnes par habitant en 2010 en France, selon la Commission européenne. Ce chiffre la place légèrement au-dessus de la moyenne de l'Union européenne des 27 (5 tonnes par habitant). Cette ressource potentielle "représente près de 40% du besoin en matières de l'économie de notre pays", estime le CGDD.
Près de 70% des déchets produits sont issus du secteur de la construction. Ces déchets minéraux proviennent pour 90% des travaux publics et pour le reste des entreprises du bâtiment (construction, démolition et réhabilitation).
Les déchets non minéraux non dangereux représentent près de 93 Mt : 17 Mt pour les déchets industriels, 22 Mt pour les déchets issus du secteur tertiaire et 26 Mt pour les déchets produits par les ménages.
Les déchets dangereux constituent 3% de la production totale (11,6 Mt en 2010).
Deux tiers des déchets minéraux sont recyclés
Si près de 60% des déchets ont été recyclés en France en 2010, les taux varient selon le type de déchets. Parmi les plus réutilisés : les déchets minéraux. Ils sont recyclés pour les deux tiers d'entre eux (remblayage inclus).
Du bois aux déchets électriques et électroniques, les déchets non minéraux non dangereux présentent un taux de recyclage d'environ 44% des quantités traitées (16% sont incinérés avec récupération d'énergie, portant le taux de valorisation à 60%).
Les déchets ménagers constituent 28,5% des déchets non dangereux. Leur taux de recyclage matière (collecte sélective des emballages) s'élève à 35% en 2010.
Les déchets dangereux sont valorisés pour la moitié des tonnages, dont 12% avec récupération d'énergie et le reste par recyclage ou régénération.
Deux filières stratégiques : les granulats et les métaux rares
D'un point de vue des besoins, les 1.460 Mt de matières qui sont entrées dans le système économique en 2010 étaient composées à 44% de produits extraits du territoire (biomasse agricole et matériaux de construction notamment), à 22% par des importations (combustibles fossiles, matières premières minérales et produits finis et semi-finis) et à 34% par les gaz consommés lors de la combustion des matières énergétiques et par la respiration humaine et animale (élevage).
Si la dépendance de la France aux importations est quasi-totale pour les minerais métalliques ainsi que les combustibles fossiles et importante pour les minéraux industriels (57% en 2008), elle est relativement indépendante pour la biomasse (18% d'importations, avec 15% pour les produits agricoles et 40% pour le bois) et les matériaux de construction (5%).
Parmi les pistes d'améliorations stratégiques, le CGDD pointe celle de la production de granulats. "Le recyclage des déchets minéraux peut se substituer aux granulats, tout en limitant les impacts environnementaux associés à de nouvelles extractions, estime t-il. C'est un enjeu majeur car un tiers des carrières, dont l'ouverture est soumise à autorisation, a disparu en dix ans". En 2010, 6% des granulats produits étaient issus de matériaux recyclés par concassage (14 Mt issues de bétons et 7,5 Mt d'enrobés à base de bitume).
Autre piste : les métaux rares. La France n'a en effet quasiment plus de production minière métallique. Pourtant, une cinquantaine de métaux dits rares sont impliqués dans les équipements électriques et électroniques et de nouvelles technologies. Les marges de manoeuvre s'avèrent toutefois plus faibles. "Sans une maîtrise de la croissance de la demande en ces métaux, les faibles taux en métal recyclé dans les productions mondiales de métaux rares persisteront encore longtemps faute de matières premières de recyclage suffisantes, cela même avec des taux de recyclage en fin de vie accrus", rapporte t-il.