EDF et le ministère de l'Ecologie, du développement durable, et de l'énergie ont présenté le 19 janvier une convention pour la distribution gratuite par EDF d'un million d'ampoules LED dans les "territoires à énergie positive pour la croissance verte" (TEPCV) de moins de 250.000 habitants.
Concrètement, les collectivités situées dans l'un des TEPCV de moins de 250.000 habitants recensés par le ministère, ayant formulé une demande auprès d'EDF, reçoivent des packs d'ampoules LED. Elles identifient ensuite les habitants susceptibles de recevoir les ampoules et en organisent la distribution. Les anciennes ampoules sont alors collectées et acheminées vers des centres de recyclage.
Comme le rappelle le Conseil supérieur de l'énergie, cette opération vise à accélérer la diffusion de technologies d'éclairage performantes auprès de ménages prioritaires dans les zones rurales des TEPCV, afin de les informer et de les sensibiliser aux actions d'économies d'énergie.
Les lampes LED, qui devront répondre à certaines spécificités (classe A+), seront distribuées contre la remise de lampes usagées, et assorties d'informations sur leurs avantages en termes d'économies d'énergie, de conseils d'utilisation, ainsi que d'éléments relatifs à l'étiquetage énergétique et au recyclage. Elles seront distribuées avec le concours des collectivités TEPCV, dans la limite d'un volume proportionnel au nombre d'habitants.
Pour EDF, l'opération sera en partie couverte par le dispositif financé par les certificats d'économies d'énergie. "Le projet a été conçu pour être intégré à ce dispositif", explique-t-on à EDF qui affirme développer un engagement global en faveur des économies d'énergie.
Pour Jean-Bernard Lévy, PDG du Groupe EDF, "les économies d'énergie sont une composante essentielle de la transition énergétique. C'est pourquoi EDF est résolument engagée auprès de ses 25 millions de clients en France, et de ses 38 millions de clients dans le monde, pour les aider à consommer mieux. C'est une mission essentielle pour le Groupe EDF, en tant qu'acteur de service public".
Une opération à peu de frais grâce aux certificats d'économie d'énergie
Mais selon Joël Vormus, du Réseau pour la transition énergétique, membre du Conseil supérieur de l'énergie, cette opération permet à EDF de s'offrir une image philanthropique à peu de frais. Car le projet d'arrêté définissant la distribution gratuite de LED fixe en même temps les conditions de délivrance de certificats d'économie d'énergie selon un facteur de proportionnalité de 3,25 euros par mégawattheure cumulé actualisé, avec un plafond de 1,5 térawattheure cumulé actualisé sur la période 2016-2017.
Ce qui allège d'autant le coût de l'opération. "Partons du principe que le coût d'achat de ces LED s'élèvera pour EDF à 1,5 million d'euros, soit 1,50 euro par lampe. Le prix des lampes LED s'effondre en effet depuis des mois : 2,50 euros dans un grand magasin suédois de meubles pour un particulier. Ce montant sera transformé via le programme en certificats d'économie d'énergie (environ 460.000 MWh cumac). Si l'on prend le prix actuel d'un certificat d'économie d'énergie (environ 1,50 euro par mégawattheure cumac), on obtient donc un "revenu" pour EDF d'environ 700.000 euros qu'il faut retrancher au prix d'achat des lampes. Le coût final pour EDF est donc presque divisé par deux", estime Joel Vormus dans le blog Coolproducts for a Cool Planet, coalition européenne d'ONG dont l'objet est de s'assurer que les directives "écoconception" et "étiquette énergie" soient au service des Européens et de l'environnement.
En outre, plusieurs centaines de milliers de foyers recevront des lampes et emballages estampillés EDF, "avec on l'imagine un discours très positif en faveur du fournisseur d'énergies dont la générosité ne manquera pas d'être soulignée. Bref, une campagne de communication à la fois nationale et territoriale très efficace pour environ 800.000 euros. On a vu bien pire en termes de coût", estime le Réseau pour la transition énergétique.
Le réseau Coolproducts relève la posture "schizophrène" de l'Etat français qui, en même temps qu'il promeut les territoires à énergie positive et les lampes LED, a pu bloquer en avril 2015 un vote européen en faveur de l'interdiction des ampoules halogènes.