
Ce jeudi 27 octobre 2011 se tiendra la première des neuf réunions du débat public relatif au projet de stockage souterrain de gaz en couche saline sur les communes de Pouillon et Mimbaste (Landes).
Le débat public se tiendra jusqu'au 31 janvier 2012. La Commission particulière du débat public (CPDP) stockage souterrain de gaz naturel de Salins des Landes établira un compte-rendu dans les deux mois suivants et, sur la base de ce document, le président de la Commission nationale du débat public (CNDP) rédigera le bilan. Quant au maître d'ouvrage, EDF, il disposera alors de trois mois pour indiquer la suite qu'il donne à son projet. S'il est poursuivi, les travaux débuteraient en 2016 pour une mise en service en 2020.
Pour l'instant, aucune des parties prenantes intéressées au débat, telle qu'une association agréée ou une collectivité locale, n'a remis de cahier d'acteur présentant sa position.
Parallèlement les échanges porteront sur les précautions à prendre dans l'optique d'une poursuite du projet. Il s'agit des précautions en matière de sécurité lors de la réalisation et l'exploitation du centre de stockage, en matière de cheminement et insertion du saumoduc, notamment lors de la traversée des espaces sensibles, et en matière de rejets en mer, notamment au regard de la faune et de la flore et des autres usages de la mer. Seront aussi débattues les précautions à l'égard d'autres activités, notamment l'agriculture, la forêt, le thermalisme et le tourisme.
L'objectif poursuivi par EDF est de stocker du gaz naturel afin de couvrir les besoins saisonniers de modulation de la consommation de gaz naturel et d'assurer la sécurité d'approvisionnement. Il s'agit notamment, selon le dossier présenté par l'entreprise, de faire face aux besoins d'alimentation des centrales thermiques à cycle combiné gaz utilisées pour produire de l'électricité.
L'opérateur électrique projette de stocker le gaz dans "une douzaine environ" de cavités salines créées par dissolution du sel par de l'eau de mer à l'intérieur d'un dôme à plus de 1.000 mètres de profondeur. Pour cela, une double canalisation enterrée, appelée saumoduc, serait nécessaire : une canalisation acheminerait l'eau de mer depuis l'océan Atlantique jusqu'au site de stockage et l'autre évacuerait la saumure au large, à plus d'1,5 km de la côte. Ces canalisations, d'un diamètre de 50 cm, devraient parcourir environ 45 km pour atteindre l'océan.
Chaque cavité devrait stocker environ 400.000 m3 et le site devrait permettre de stocker 600 millions de m3 utiles, soit l'équivalent de la consommation annuelle d'une agglomération de 750.000 d'habitants. Les installations de surface, c'est-à-dire les équipements de lessivage et les plateformes de puits, devraient couvrir environ 30 hectares. Le choix du site reste à préciser en tenant compte de l'éloignement des zones urbanisées, de la disponibilité foncière et de l'évitement des zones protégées. Coût estimé : 650 millions d'euros.
Ne pas confondre avec l'extraction du gaz de schiste
Parmi les questions environnementales soulevées par le projet, une possible analogie avec les activités d'extraction des gaz non conventionnels figure en bonne place. "Le stockage de gaz naturel et l'extraction de gaz de schiste : deux procédés à ne pas confondre !", indique EDF, estimant qu'"au vu du débat actuel sur l'extraction de gaz de roche […] quelques explications semblent indispensables pour éviter tout amalgame".
Première différence, le projet concerne le stockage du gaz et non l'extraction du gaz prisonnier des roches mères. "Ensuite, la technique de fracturation hydraulique utilisée pour extraire le gaz de schiste n'est pas utilisée pour le projet Salins des Landes", indique l'opérateur, précisant que pour creuser les cavités il entend utiliser "la technique de simple lessivage, ou dissolution lente du sel par l'eau". Enfin, les profondeurs diffèrent puisque le stockage du gaz "s'effectue entre 1.000 et 2.000 mètres alors que le gaz de roche s'extrait à plus de 2.500 m de profondeur".
Maîtriser les rejets de saumure
Les rejets de saumures font pour leur part l'objet de diverses mesures visant à limiter les possibles impacts environnementaux. "La dissolution du sel présent dans le sous-sol (…) générerait un rejet de saumure en mer à un débit moyen estimé à environ 800 m3/h avec une teneur en sel avoisinant 250 g/l", indique le document d'EDF. La composition de la saumure est présentée dans l'étude préliminaire des incidences maritimes et "les composants insolubles présents dans le dôme de sel resteraient au fond de la cavité ou décanteraient dans les bassins de la station pour ceux de plus faible taille", précise EDF. Enfin l'entreprise envisage un positionnement de l'ouvrage de rejet hors de la zone de déferlement pour permettre une bonne dilution du sel et la mise en place d'un diffuseur à l'extrémité du rejet pour optimiser la dilution.
Quant au milieu marin, EDF annonce qu'"un inventaire des espèces présentes sur la zone potentiellement affectée par le panache salin est en cours afin de mieux connaître le type d'espèces la fréquentant, de caractériser les incidences potentielles et de déterminer les mesures à mettre en place pour limiter l'impact des rejets sur le milieu vivant". L'opérateur juge néanmoins qu'"en l'état actuel des premières simulations réalisées, l'incidence du rejet salin sur le milieu vivant serait (...) limitée à une zone très restreinte d'environ 50 m autour du diffuseur et cantonné au fond de l'océan".