Pour répondre aux pointes de consommation d'électricité, deux solutions existent : lancer des moyens de production supplémentaires ou réduire la consommation, via notamment l'effacement de consommation. Si le gestionnaire de réseau RTE juge ces deux solutions équivalentes du point de vue de l'équilibre offre-demande, il estime que l'effacement pourrait être une alternative efficace à la mobilisation de moyens de production de pointe coûteux et fortement émetteurs de CO2.
Depuis les années 80 déjà, des offres d'effacement sont proposées aux gros consommateurs (sites industriels…). Et depuis plusieurs années, est expérimentée la possibilité d'effacer simultanément la consommation de milliers de petits sites, comme des logements, autrement dit l'effacement diffus. L'opérateur éteint pendant quelques minutes, grâce à l'installation d'un boitier sur le tableau électrique, les systèmes de chauffage, de climatisation... L'installation du boitier est gratuite, l'adhérent est rémunéré par ses économies d'énergie, et l'opérateur est rémunéré par le gestionnaire de réseau, au même titre que des producteurs d'électricité.
Plein de promesses, ce concept pose cependant de nombreuses questions quant à son impact sur la sécurité du réseau, les reports de consommation, le confort des logements…
L'Ademe a publié un premier avis sur le sujet, le 3 octobre, dans lequel elle confirme que "l'effacement diffus présente un important potentiel en termes de gains environnemental, social et économique grâce aux diminutions des appels à la pointe, aux bénéfices d'une intégration des énergies renouvelables facilitée et aux économies d'énergies que cette technique est susceptible d'induire directement ou indirectement". Mais des études supplémentaires lui semblent nécessaires pour mesurer la perte de confort et l'impact de l'effacement diffus sur l'équilibre local des réseaux.
Davantage de souplesse sur le réseau
Le développement de l'effacement diffus pourrait présenter de nombreux avantages, souligne l'Ademe. Il permettrait notamment de limiter certains investissements de renforcement des réseaux électriques, en évitant l'acheminement d'électricité produite par des installations centralisées.
Dans le cadre du Pacte électrique breton, Voltalis a équipé, au 1er février 2012, 15.000 logements. L'opérateur a signé une convention avec le préfet de la région Bretagne, le président du Conseil régional et RTE fixant un objectif, à terme, de 300.000 foyers bretons équipés, soit deux foyers sur trois chauffés à l'électricité (capacité d'effacement estimée à 900 MW).
L'Ademe souligne également le rôle que pourrait jouer l'effacement diffus dans l'intégration des énergies renouvelables, en adaptant la consommation aux périodes de production :"Certains usages s'adaptent particulièrement bien à ces objectifs. C'est le cas des chauffe-eau dont il a pu être observé que les plages horaires de consommation avaient peu d'impact sur le confort des clients ou sur leur consommation électrique globale".
Economies de chauffage dans les logements
L'Ademe a également étudié l'impact de l'effacement sur la consommation d'énergie des ménages. Avec le CSTB, elle a lancé une étude sur 2.800 clients de l'offre d'effacement Voltalis dans l'ouest de la France. "Les premiers résultats de ces campagnes de tests menés de janvier à mars 2012 font apparaître des économies d'énergie pour les effacements de chauffage, mais pas pour les effacements des ballons d'eau chaude sanitaire", indique l'Ademe. Ainsi, un effacement 33% du temps, c'est-à-dire 20 minutes en moyenne par heure tout au long des 24 heures d'une journée, permettrait de réaliser 13,2% d'économies. Un effacement de 25% (15 minutes en moyenne par heure) ferait économiser 10,9% d'électricité.
Les économies d'électricité sont d'autant plus importantes que le pourcentage d'effacement est élevé, note l'Ademe qui nuance : "Mais trop d'effacement pourrait évidemment nuire au confort des foyers (baisse de la température dans le logement)". L'agence va donc poursuivre cette étude, avec le CSTB, afin d'évaluer l'impact des effacements sur la température des logements et le confort des usagers.
Autres points à creuser : les économies réalisées en fonction du type de logement, du climat et de la consommation électrique de ses occupants (économes ou gros consommateurs), mais aussi l'origine des économies : compensation par les logements voisins, correction indirecte d'une mauvaise régulation du chauffage, baisse de température du logement ?