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Effacement électrique : trouver de nouveaux gisements pour soulager le réseau

Plus que jamais, réduire les consommations aux heures de pointe est nécessaire pour assurer la sécurité électrique en hiver. De nombreux acteurs s'organisent pour exploiter de nouveaux gisements, dans le résidentiel, le tertiaire ou l'industrie.

Energie  |    |  S. Fabrégat
Effacement électrique : trouver de nouveaux gisements pour soulager le réseau

L'effacement de consommation, longtemps resté confidentiel en France, pourrait rapidement se retrouver sur le devant de la scène dans le contexte énergétique actuel. D'autant que le règlement européen, adopté par le Conseil des ministres européen, le 30 septembre, pour répondre à la hausse des prix de l'énergie, prévoit une baisse d'au moins 5 % de la consommation énergétique aux heures de pointe.

C'est justement le principe de l'effacement : annuler certaines consommations au moment des pics pour éviter un déséquilibre offre-demande ou tout simplement l'allumage de centrales de pointe polluantes et coûteuses. L'idée fait son chemin depuis plusieurs années, en France, pour limiter les pointes de consommation et lisser la demande. Elle apparaît encore plus pertinente dans le contexte actuel d'envolée des prix de l'électricité.

Depuis 2015, l'effacement peut participer au mécanisme de capacité, au même titre que les producteurs d'électricité, pour assurer la sécurité du réseau électrique lors des périodes de pointe hivernale. En 2022, 3,9 gigawatts (GW) d'effacement ont été certifiés dans ce cadre. Depuis 2018, le gestionnaire de réseau d'électricité (RTE) organise également des appels d'offres pour soutenir le développement de capacités d'effacement électrique sur le long terme. Pour cet hiver, RTE évalue le gisement d'effacements mobilisable à 3,9 GW. La Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) prévoit d'atteindre un volume de 6,5 GW à l'horizon 2028, ce qui représente l'équivalent de la production électrique de sept réacteurs nucléaires. Dans les coulisses, de nombreux acteurs s'organisent pour mobiliser davantage de capacités d'effacement, que ce soit dans le résidentiel, le tertiaire ou l'industrie.

Le meilleur kilowattheure au meilleur moment

« Le sujet de la flexibilité électrique des bâtiments n'a jamais été aussi saillant », analyse Christophe Rodriguez, directeur général adjoint de l'Institut français pour la performance du bâtiment (Ifpeb). Avec le groupement des entreprises de la filière électronumérique (Gimelec), l'Ifpeb a lancé, en mars dernier, une initiative pour massifier la flexibilité électrique dans les bâtiments tertiaires. L'objectif : accompagner les gestionnaires de grands parcs tertiaires dans l'identification des postes de consommation pouvant être décalés ou effacés. Il s'agit, pour ces bâtiments, de réduire ou moduler le chauffage ou la climatisation, de diminuer l'intensité lumineuse sur les plages horaires en tension dans les centres commerciaux... « Il est possible, par exemple, de lancer la chauffe d'un bâtiment très tôt dans la nuit pour pouvoir couper entre 8 heures et 12 heures, période de pointe matinale », explique Christophe Rodriguez. Selon lui, au-delà de la nécessaire réduction des consommations d'énergie, un nouveau défi se pose désormais : « Consommer le meilleur kilowattheure au meilleur moment. Nous vivons une transformation profonde de notre manière de consommer l'énergie », analyse-t-il.

“ Nous vivons une transformation profonde de notre manière de consommer l'énergie ” Christophe Rodriguez, Ifpeb
Mais, auparavant, il faut lever certaines craintes liées à la flexibilité et à l'effacement : « Il y a une forte méconnaissance du sujet dans le bâtiment tertiaire, contrairement aux économies d'énergie. Beaucoup ne soupçonnent pas les gains économiques que cela peut générer et redoutent un certain inconfort. » D'où le lancement, par l'Ifpeb et le Gimelec, d'un outil de diagnostic rapide pour mieux comprendre la flexibilité et évaluer le potentiel de chaque bâtiment. D'ici à 2023, entre 300 et 500 bâtiments devraient ainsi être évalués.

Une fois les gisements identifiés, deux options se présenteront aux gestionnaires de parcs tertiaires. « Soit la mise en place d'actions de flexibilité permettant de diminuer la facture d'énergie [effacement dynamique], ce qui peut être intéressant avec l'arrivée de la tarification dynamique dans le tertiaire, soit rejoindre un pool de flexibilité géré par un agrégateur pour participer au marché de capacité [effacement certifié] », explique Christophe Rodriguez. Signe que le gisement est porteur : RTE et la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR) ont intégré la gouvernance du projet cet été.

Le pari de l'effacement diffus

Chez Voltalis, on a fait, en quelque sorte, le pari inverse : miser sur une multitude de petits consommateurs, afin de soulager le réseau électrique, ce que l'on appelle l'effacement diffus. Et le pari est payant, puisque la capacité d'effacement ainsi agrégée participe depuis des années au marché de capacité. Aujourd'hui, quelque 150 000 clients sont équipés gratuitement d'un boîtier leur permettant de piloter leur chauffage, en échange de quoi Voltalis peut, durant quelques minutes les jours de tension, couper à distance ce poste de consommation. « Nous faisons de l'optimisation et cela répond aux enjeux de sobriété. Cela nous permet de réduire les consommations sans gêner les personnes, explique Mathieu Bineau. Au cœur de l'hiver, notre capacité d'effacement est de 300 mégawatts. Mais notre ambition est d'atteindre plusieurs gigawatts (GW) dans les années qui viennent. Le potentiel est énorme, avec 9 millions de Français qui se chauffent à l'électrique. Si on en équipe un tiers, la capacité d'effacement est de 5 GW. Avec la tendance à l'électrification de cet usage, ce sont 25 millions de Français qui seront chauffés à l'électrique en 2050. »

Et l'actualité donne raison à ce pionnier qui a entamé sa course de fond il y a quelques années. « Le cadre français qui a été posé nous a permis de prendre beaucoup d'avance sur nos voisins européens. Jusque-là, le système électrique était surcapacitaire, mais il existe, aujourd'hui, une prise de conscience que l'énergie est rare. On est de plus en plus sollicités : on est passés à un modèle de déploiement macro. »

L'entreprise discute actuellement avec des bailleurs sociaux, des acteurs du tertiaire et des collectivités pour diffuser plus massivement sa solution. Elle se positionne également sur le marché européen, le chauffage électrique se développant de manière massive dans toute l'Europe. Dans les pays du Sud, Voltalis expérimente l'effacement de la climatisation, avec des tests notamment en Espagne et à Singapour. Et envisage, à plus long terme, l'effacement des recharges de voitures électriques.

Industrie : soulager le réseau et décarboner l'activité

L'Ademe, de son côté, travaille à l'élaboration d'une méthodologie d'audit d'effacement dans l'industrie, afin d'accompagner de nouveaux acteurs dans cette démarche. Un appel d'offres a été lancé, en novembre 2021, pour expérimenter cette méthodologie. « Assez peu d'industriels étaient motivés au lancement, l'effacement étant peu connu. Mais l'actualité nous a rattrapés et nous avons désormais beaucoup de demandes, les acteurs étant davantage conscients des efforts à fournir cet hiver », explique Thibaud Rouesné, ingénieur décarbonation industrielle à l'Ademe. Le projet cible les industries qui disposent de plusieurs centaines de kilowatts effaçables sur site, autrement dit les gros consommateurs d'électricité. « Il s'agit de décaler dans le temps certains postes ou process afin d'éviter les périodes de tensions sur le réseau électrique. Il faut donc trouver les bons process dont l'arrêt ou le décalage ne pénalisent pas l'activité industrielle », souligne l'ingénieur. L'audit devrait identifier les postes effaçables, l'intérêt financier à les effacer...

Dans la phase expérimentale, une vingtaine de sites devrait être accompagnée, avec pour objectif de finaliser tous les audits d'ici à l'été prochain et de consolider la méthodologie au cours du second semestre 2023. « Il va falloir passer rapidement au-delà de la phase expérimentale. Il y a un réel sujet : développer de nouvelles pratiques pour soulager le réseau. Mais l'effacement a également du sens pour décarboner l'industrie, puisqu'il conduit à arrêter des consommations au moment où la pointe nécessite de rallumer les centrales très émettrices de gaz à effet de serre », analyse Thibaud Rouesné.

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