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L'effacement peut-il réduire les pics de consommation d'électricité ?

Les périodes de pointe font peser le risque de défaillance sur le réseau français de distribution de l'électricité. Pour limiter les pics, l'effacement diffus devrait se développer, sous réserve de lever les barrières réglementaires.

Energie  |    |  S. Fabrégat
   
L'effacement peut-il réduire les pics de consommation d'électricité ?
© Vadim Rybakov
   
Depuis une dizaine d'années, la France bat des records en matière de pics de consommation d'électricité. Le dernier en date s'est produit le 6 janvier 2009 avec 92.500 mégawatts alors que la demande moyenne se situe entre 50.000 et 70.000 MW. Entre 1996 et 2008, ces pics ont augmenté de plus de 11 % et une projection de la tendance actuelle conduirait à une augmentation supplémentaire de 15 % d'ici 2020. RTE (réseau de transport d'électricité), dans un scénario de référence datant de 2009, prévoit une pointe de consommation de l'ordre de 104 GW en 2015 et de 108 GW en 2020. A cette augmentation du pic, s'ajouterait une évolution globale de la courbe de charge : dans une dizaine d'années, la pointe matinale pourrait dépasser la pointe du soir.

L'impact des pics de consommation

Le parc français a de plus en plus de difficultés à répondre à ces évènements. Les centrales nucléaires, qui fournissent près de 77 % de l'électricité française, ne répondent que partiellement aux besoins de pointe. Une centrale fonctionne en effet de manière quasi continue. Il est donc nécessaire de recourir à des moyens de production de pointe. Ceux-ci fonctionnent actuellement près de 3.000 h par an, contre 5.000 pour les centrales nucléaires. Ces solutions sont coûteuses et fortement émettrices de gaz à effet de serre. Il s'agit de s'appuyer sur des centrales au fioul ou au gaz mais aussi d'acheter de l'électricité aux voisins européens, l'Allemagne en tête. De ce fait, depuis 1990, la part des énergies fossiles dans la production d'électricité française a augmenté de près de 25 %. Les pics de consommation pourraient à long terme mener à des investissements dans des turbines à combustion fonctionnant au fioul ou au gaz afin d'éviter les risques de défaillance.
D'autres solutions sont développées pour mieux gérer l'équilibre entre l'offre et la demande. Tarification incitative, nouvelles technologies et effacement pourraient permettre de limiter les pics. Toutefois, ces solutions ne sont pas encore développées à grande échelle et il est difficile aujourd'hui de dire quelle sera leur contribution à l'équilibre du système. De plus, réduire la demande de pointe ne signifie pas forcément réduire la consommation mais seulement reporter la consommation avec un risque : le report de pointe.

Inciter l'effacement diffus

Outre la mise en place d'une tarification incitative visant à favoriser la consommation hors période de pointe, il est souvent nécessaire de recourir au dispositif dit d'effacement lors des pics de consommation.
Le gestionnaire de réseau demande à certains industriels de s'effacer, pour jouer les variables d'ajustement lors des périodes de pointe. Un contrat d'effacement de jour de pointe a été mis en place en 1994 avec certains industriels de la sidérurgie, de l'automobile ou de la chimie. Ceux-ci bénéficient d'un tarif très réduit auprès d'EDF, à condition de s'effacer 22 jours par an entre novembre et mars en période de pointe. Les entreprises sont prévenues la veille et sont organisées pour s'effacer. Elles peuvent mettre certaines usines en veille ou s'appuyer sur des groupes électrogènes. En 2008, la capacité d'effacement était de 2 GW.
Cette stratégie d'effacement est également développée auprès des particuliers. Le tarif Tempo a été mis en place par EDF en 1996. Il concerne aujourd'hui 1,2 % des clients résidentiels et 3,4 % des clients professionnels. Cela a permis une diminution des consommations de 60 % les jours rouges (jusqu'à 300 MW d'effacement cumulés) et de 24 % les jours blancs (jusqu'à 150 MW d'effacement cumulés).
L'effacement diffus, portant essentiellement sur des installations de chauffage et les équipements électroménagers, devrait se développer davantage dans les années à venir : ''il y a un potentiel énorme d'effacement chez les particuliers et dans le secteur tertiaire. Toutefois, certains usages captifs échappent à l'effacement, comme la lumière par exemple'', note Jacques Percebois, spécialiste de l'énergie et professeur d'économie à l'université Montpellier I.
Pour faciliter ces effacements, de nouvelles technologies sont développées. Le déploiement annoncé des compteurs intelligents devrait faciliter l'effacement diffus. ERDF, gestionnaire de réseau, prévoit de tester Linky à partir de 2010, un compteur communiquant à Lyon (200.000 clients équipés) et en Indre-et-Loire (100.000 clients équipés) avant le déploiement, à l'horizon 2016, de 33 millions de compteurs intelligents.

Des clarifications juridiques nécessaires

Plusieurs sociétés se sont spécialisées aujourd'hui dans l'effacement diffus. Via des boîtiers installés chez les consommateurs, elles peuvent activer à distance des effacements. Cela peut se traduire par un arrêt, pendant 15 minutes, des systèmes de chauffage.
Sous réserve qu'elles puissent activer une baisse de consommation globale d'au moins 10 MW, ces sociétés peuvent valoriser ce service sur le Mécanisme d'Ajustement qui permet à RTE de compenser les déséquilibres entre injections et soutirages sur le réseau français.
Cependant, une réelle difficulté à été identifiée : la question de la rémunération des producteurs d'électricité dont la consommation a été effacée. Une délibération de la commission de régulation de l'énergie (CRE) publiée le 17 juillet dernier, a estimé que ''la loi du 10 février 2000 impose, dans le cadre du mécanisme d'ajustement, que l'opérateur d'effacements diffus rémunère les fournisseurs dont les clients se sont effacés pour l'énergie injectée par ces fournisseurs et valorisée par l'opérateur d'effacements diffus''. Ce qui ne favorise pas l'effacement diffus, bien au contraire.
Les offres d'ajustement soumises à RTE sont sélectionnées sur le principe de la préséance économique : RTE sélectionne en priorité les offres les moins chères. Or, l'augmentation de la production apparaît aujourd'hui plus avantageuse sur le plan financier que l'effacement.
Le ministère de l'Écologie, de l'Énergie, du Développement durable et de la Mer a pris connaissance de la délibération de la CRE mettant en évidence l'existence d'obstacles juridiques et financiers au développement d'offres innovantes d'économies d'énergie. Un groupe de travail a été mis en place le 3 juin dernier. Sa mission sera de formuler des propositions sur ce sujet. Le groupe de travail devra notamment identifier la façon de favoriser les offres d'effacement en période de pointe. Ses conclusions sont attendues avant la fin de l'année 2009.

Réactions8 réactions à cet article

le décevant Linky ...

J'ai eu droit a une présentation de Linky, le futur compteur ERDF, ce compteur est capable de tout ce que l'on peut attendre d'un compteur électronique récent et en particulier la courbe de consommation et de puissance. Mais personne de chez ERDF n'a su répondre concernant l'accessibilité de ces informations au titulaire du contrat ...
En gros il sait tout faire mais il faudra payer pour avoir accès !
La maîtrise de sa consommation énergétique ne sera encore pas démocratisée ...

chocard | 16 octobre 2009 à 14h30 Signaler un contenu inapproprié
EDF ne va pas dans le bon sens pour les effacement

Effectivement, c'est la consommation de pointe qui pollue le plus. EDF n'a pas l'air de vouloir en tenir compte puisque les tarifs adoptés en août 2009 pénalisent fortement les personnes qui bénéficient de tarifs EJP et tarifs TEMPO, sous les prétexte que ces derniers ne couvrent pas les frais d'exploitation. Il faut parler des bons frais d'exploitation (l'économie se fait sur des frais de pointe. D'autant plus que les distributeurs pourront être gratifié s'ils incitent aux économies d'énergie.

Anne DAUTEL | 22 octobre 2009 à 07h54 Signaler un contenu inapproprié
EDF et le chauffage électrique

Cette consommation de pointe est essentiellement le résultat de la stupide promotion du chauffage électrique (chauffage direct ou pompes à chaleur) et le faît de ne pas intégrer la taxe carbone sur l'éléctricité ne va pas arranger les choses.
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué:
On installe du chauffage électrique que tout le monde démarre en même temps (ben oui quand il fait froid!) et comme il faut suivre la demande de puissance, on construit des centrales au fioul, à gaz..etc pour pouvoir répondre à cette demande. Des centrales qui ont un redement de 30 % de conversion chaleur en électricité et on reconverti cette électricité en chaleur...et mêma vec une pompe à chaleur qui a un COP de 3 (ce qui est la moyonne en fonctionnement normal, notamment en cas de grand froid) on a alors autant de chaleur en fin de chaine qu'au début en ayant inveti dans des centrales électriques pour produire l'électricité ET dans des pompes à chaleur trés coûteuses..

Cyclotan | 22 octobre 2009 à 10h55 Signaler un contenu inapproprié
Effacement, tarifs...que de mauvaises solutions

Typiquement français aurai-je envie de vous dire, on essaye de traiter les symptômes, sans jamais s'intéresser à la cause. Lorsque la cause est de surcroit l'intérêt financier d'EDF, la solution n'est pas prête d'être en adéquation avec les besoins environnementaux, tant qu'il y aura ce lobby...
Bref, votez donc une loi autorisant l'autonomie énergétique, mesdames, messieurs, faites la chasse aux veilles, aux gaspillages d'énergie de tout les jours, n'installez plus de chauffage électrique, encore moins de pompe à chaleur : on vous martèle le COP de 3, mais ce n'est qu'à 7°C, lorsqu'il fait O°C, -5°C, votre pompe à chaleur se retransforme en convecteur classique ; COP = 1.
Bref, l'énergie la moins chère est celle que l'on ne consomme pas, et jusqu'à ce jour, je n'ai jamais eu de rupture de stock. Je loue une maison neuve, 90m² (nous sommes 3), tout électrique, EDF m'annonce 115€ par mois. Je leur que 100€ suffiront dans un premier temps. Nous faisons attention : relevé de compteur tous les mois(entré dans un tableur qui me calcul tout ça en €), fermeture des volets dès qu'il fait nuit, éteindre et débrancher tous les appareils lorsqu'ils ne servent pas et la nuit, lave-vaisselle en heure creuse, etc...moyenne annuelle 45€/mois.EDF m'a donc fait un chèque de 660€, sans remerciements vous vous en douterez bien...

Rvro | 22 octobre 2009 à 14h12 Signaler un contenu inapproprié
Effacement

¨Pendant les périodes de pointe de la demande, la France ne produit pas assez d'électricité pour satisfaire les demandes et incitent les industriels à arrêter leurs installations, ce qui ne vas pas dans le sens de la productivité, et c'est dommage.
Pourquoi ne pas augmenter la capacité de production du parc de centrales en créant de nouvelles centrales nucléaires au fur et à mesure de l'élévation de la demande.
Cela éviterait l'achat d'électricité à des pays voisins avec le risque qui s'y attache car ceux ci peuvent être confrontés également à des pics et surtout utilisent des centrales à combustibles fossiles qui polluent.
Dans les périodes pendant lesquels la demande est poins forte cette production pourrait leu être cédée ce qui leur permettrait d'arrêter leur propre centrals polluantes à moindre coût

Jeeheme | 22 octobre 2009 à 14h54 Signaler un contenu inapproprié
Re:Effacement

A mon avis il vaut mieux miser sur l'économie d'énergie plutôt que de produire plus et du coup permettre de consommer toujours plus! La consommation augmente et les pics s'intensifient parce qu'on ne fait pas attention à nos consommation. Et si on ne fait pas attention, c'est en partie parce qu'on a l'impression que l'énergie disponible est illimitée, ce qui est faux!
Et puis, une centrale nucléaire coûte cher et pose des tas de problèmes à cause des déchets. Le CO2 n'est pas la seule pollution au monde, on dit que le nucléaire est propre, en fait il n'est pas propre, il n'emmet pas de CO2, c'est différent.
Dans un autre domaine, si on incitait les gens à se déplacer en transports en commun ou en vélo, on éviterait de construire des routes de plus en plus larges et du coup d'inciter encore plus à prendre la voiture. Pour moi, le problème est posé à l'envers.

vanessa | 23 octobre 2009 à 11h58 Signaler un contenu inapproprié
Re:Effacement

..." Pourquoi ne pas augmenter la capacité de production du parc de centrales en créant de nouvelles centrales nucléaires au fur et à mesure de l'élévation de la demande."

Il est vrai que nos centrales ne polluent pas et qu'il n'y a aucun risque industriel...

Pour ceux qui pensent que les énergies renouvelables ne pourront jamais remplacer la production des centrales nucléaires, sachez qu'aujourd'hui la capacité de production des éoliennes (qu'on soit pour ou contre...)a déjà dépassé celle du nucéaire dans le monde.
Sans oublier toutes les autres énergies d'origine renouvelable ainsi que la sobriété énergétique.

Lisez le rapport du réseau sortir du nucléaire qui je l'espère vous fera prendre conscience des enjeux sociétaux et environnementaux.

Bien cordialement

Harvey | 26 octobre 2009 à 08h02 Signaler un contenu inapproprié
Re:Effacement

peut être simplement parce qu'une centrale nucléaire ne peut adapter de façon flexible sa production d'électricité à la demande, on arrête pas (ou on ne démarre pas) une tranche nucléaire en dix minutes....

guenole | 26 février 2010 à 13h45 Signaler un contenu inapproprié

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