D'après une étude de l'Ademe et de l'Alliance Villes Emploi rendue publique le 25 janvier, 42% de professionnels supplémentaires seront nécessaires d'ici 2014 pour répondre aux besoins en matière de travaux de performance énergétique et d'énergies renouvelables dans le bâtiment demandés notamment par la Réglementation thermique (RT) 2012 qui entre progressivement en application d'ici au 1er janvier 2013.
La RT 2012 fixe une exigence globale en consommation d'énergie primaire en valeur absolue fixée pour tous les bâtiments neufs à 50 kilowattheures d'énergie primaire par mètre carré et par an (kWh/m2/an). Soit la norme Bâtiment Basse Consommation (BBC) alors que les lois Grenelle visent un objectif de réduction des consommations d'énergie de 38% d'ici 2020.
D'après cette étude inscrite dans le cadre du programme "Maisons de l'Emploi et Développement Durable", ce sont 69.000 professionnels (équivalents temps plein) qui devront être mobilisés pour répondre à la demande en conseil et travaux d'efficacité énergétique des bâtiments, soit 42% de plus qu'en 2009.
Le marché de l'efficacité énergétique, "avenir du bâtiment"
Une expérimentation qui a été menée sur 3 territoires (Lille, Bayonne et le Grand Nancy) puis étendue à 30 autres (Perpignan, Ajaccio, Valenciennes, Métropole Nantaise…) a permis ''d'identifier les besoins en emplois et en compétences'' et d'établir des plans d'actions adaptés'' pour répondre au marché de l'efficacité énergétique et des EnR qui est selon l'Ademe ''l'avenir du bâtiment".
Si le potentiel de ce marché devrait rester stable jusqu'en 2014, la part du chiffre d'affaires liée à l'efficacité énergétique et aux énergies renouvelables devrait "en effet croître de 47% à 330% selon les territoires, notamment avec l'introduction de la RT 2012", souligne l'agence. Mais les maîtres d'ouvrage, les particuliers et les collectivités, "connaissent mal" ces nouvelles réglementations (liées à l'environnement, ndlr) et auront de plus en plus recours aux professionnels, en matière de conseil comme pour la réalisation des travaux, estime l'Ademe. Sur 154.000 salariés sondés sur les territoires étudiés, ils étaient 29.000 professionnels du bâtiment (équivalents temps plein) à travailler sur des chantiers de performance énergétique et de qualité environnementale en 2009 alors que 69.000 professionnels devront être mobilisés d'ici à 2014 pour répondre à cette demande… On en est encore loin…
Offre de formations adaptée aux besoins en compétences
"Ces nouveaux besoins en compétences nécessitent que la profession évolue et ce, dans tous les corps de métier, notamment la maçonnerie, la plomberie, le chauffage ou encore la menuiserie", juge l'Ademe. "La performance énergétique ne sera au rendez-vous que si une approche globale de l'ensemble du bâtiment est réalisée" : techniques et matériel mis en oeuvre complémentaires, mise en place de synergies, amélioration des résultats et meilleure rentabilité à investissement égal. "Or, cet audit a révélé que peu de professionnels sont aujourd'hui en mesure de faire face à cette demande d'approche globale, en particulier par un manque de connaissance des enjeux".
La formation à ces compétences est donc indispensable : ''les principaux besoins en formation portent sur la mise en œuvre de matériaux d'isolation, la pose d'équipements à base d'énergies renouvelables et l'étanchéité à l'air'', souligne l'Ademe. Or, l'audit a ''révélé que pour 8 chefs d'entreprise sur 10, la formation était difficilement accessible par manque de temps''.
Lancé en septembre 2009, un plan gouvernemental des métiers de la croissance verte entend justement anticiper les besoins en termes de formation. Environ 314.000 emplois maintenus ou créés dans le secteur du bâtiment, frappé par la crise en 2009, sont visés dans le Grenelle d'ici 2020. Le comité de filière ''bâtiment'' qui a rendu ses conclusions en juin 2011, recommande notamment de mettre en œuvre un plan Métiers Bâtiment Energie et former 70.000 jeunes par an pour répondre aux besoins.
Lutter contre la précarité énergétique, soutenir l'activité et favoriser l'accès à l'emploi accompagner l'évolution de l'offre de travaux via les campagnes de formation (FEE Bat, EnergieBat) figurent notamment dans le plan d'action en faveur de la rénovation énergétique proposé par l'Ademe.