Dans le cadre de son Paquet Energie Climat adopté fin 2008, l'Union européenne s'est engagée d'ici à 2020 à réduire de 20% (voire 30%) ses émissions de (GES), par rapport à 1990, à atteindre 20% d'énergie renouvelable (EnR) dans sa consommation électrique et, ne l'oublions pas, à accroître de 20% son efficacité énergétique. Tous les secteurs sont concernés y compris l'industrie.
Le cadre réglementaire de l'UE s'est étoffé sur le sujet, notamment au travers de plans d'action nationaux énergétiques. Des dispositifs incitatifs ont également émergé (prêts à taux bonifiés, crédits d'impôt, allégements fiscaux…) pour inciter les industriels, au-delà du marché de quotas CO2, et impulser des technologies plus efficaces sur le plan énergétique.
Cette préoccupation va concerner de plus en plus d'entreprises sachant que
En France, d'après les chiffres du Service de l'observation et des statistiques (SOeS), la consommation finale d'énergie de l'industrie était de 37,4 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep) en 2006, soit 14,4% de l'énergie finale consommée. Cela représente une diminution de 16,5% depuis 1980.
Si, d'après le SOeS, l'industrie consomme moins d'énergie que d'autres secteurs (la production d'énergie, le résidentiel-tertiaire ou les transports), des économies sont encore possibles.
Quelles actions pour quelles économies ?
Outre la rénovation thermique du bâti, plusieurs actions peuvent être menées de l'amélioration des process, à l'optimisation des équipements énergétiques et des réseaux de distribution, en passant par la réduction des pertes de distribution et des fuites.
Une étude du Centre d'Etudes et de Recherches Economiques sur l'Energie (CEREN) publiée en mai dernier, évalue le gisement net d'économie d'énergie dans l'industrie en France à 64 terawattheure (TWh) dont 41 TWh pour l'électricité et 23 TWh pour les combustibles. Le gisement calculé représente ''globalement 43% de la consommation d'énergie des opérations étudiées''. De nombreuses actions sont possibles pour limiter les déperditions dans les chaufferies et réseaux qui ''représentent presque la moitié des consommations de combustibles dans l'industrie'', soit 13 millions de tep/an, d'après le CEREN.
Il s'agit aussi d'améliorer la performance du chauffage des locaux et celle des moteurs électriques, de réduire les pertes dans les transformateurs électriques mais aussi d'optimiser les techniques des utilités (éclairage, production d'air comprimé, de froid, ventilation, pompage…). Les économies d'énergie générées permettraient d'éviter 8,6 millions de tonnes (Mt) d'émissions de CO2.
La maîtrise des consommations d'énergie nécessaire aux procédés de production (représentant environ 2/3 de la consommation totale) est ''essentielle". Les utilités et le conditionnement d'ambiance (température, humidité,...) constituent aussi ''des gisements d'économie non négligeables souvent peu pris en compte par les industriels'', a rappelé Bruno Millet, chef du service Industrie au CEREN, à l'occasion d'une conférence organisée le 17 novembre par la Chambre franco-allemande de commerce et d'industrie.
Concrètement, pour les moteurs, l'usage de variateurs électroniques de puissance ou de vitesse (VEV) permettrait de générer ''plus de 20 TWh d'économies'', selon l'étude. En matière d'air comprimé, de ventilation et de réseaux, la réduction des fuites entraînerait des économies substantielles de plus de 5 TWh au total. Autres exemples : l'installation d'un réchauffeur d'air et le bon entretien des surfaces d'échanges réduiraient ''sensiblement'' les pertes en chaufferie (plus de 5 TWh d'économies au total).
Quant à l'éclairage - qui a une part importante dans le cadre de certaines activités (assemblage, stockage, chaudronnerie...) - l'usage de luminaires à haut rendement permettrait d'économiser 1,3 TWh d'électricité, souligne encore l'étude. L'automatisation de l'éclairage (horloge de programmation, cellule crépusculaire, détecteur de présence) tout comme l'utilisation de sources et de dispositifs annexes plus efficaces (ballasts électroniques, luminaires adaptés, LED, ...) génèrent aussi des gains énergétiques.
Un retour sur investissement soumis au prix de l'énergie
Le CEREN a aussi étudié le surcoût des actions d'économies d'énergie nécessaire associé au temps de retour de l'investissement. Il a réalisé une approche ''à partir des coûts moyens de l'énergie dans l'industrie en 2007, soit 30 €/ MWh pour les combustibles et 50 €/ MWh pour l'électricité et des coûts des actions (en €/ MWh économisé)''. Réseaux, chaufferies, ventilation, air comprimé ou froid…Les gisements d'économies générés pourraient atteindre un temps de retour ''court'' sur investissement sur ces postes ''inférieur à 1,5 ans''. Mais ces estimations ''sont à utiliser avec précaution, du fait de la variabilité des prix de l'énergie et de celle des coûts d'investissement'', a prévenu Bruno Millet.