7,592 milliards d'euros : tel est le montant des charges à compenser, par l'État aux opérateurs d'énergie, dans le cadre des mécanismes de soutien aux énergies renouvelables (ENR) en 2022. Selon les chiffres fournis par la Commission de régulation de l'énergie (CRE), cela constitue une réduction de 28 % par rapport à ce qui avait été estimé initialement en 2021. La CRE justifie cette dernière par une « régularisation à la baisse ».
Hausse des prix, baisse des charges
Dans sa délibération officielle du 15 juillet, le régulateur l'explique par une forte hausse des prix de marché en 2020 et 2021. Or, plus les prix de marché sont hauts, moins l'État doit compenser. Cette régularisation au titre de l'année 2021 est chiffrée à 1,137 milliards d'euros – à laquelle s'ajoute celle de l'année 2020, d'environ 135 millions d'euros.
Cette tendance de marché se voit aussi amplifiée par une révision à la baisse de la production du parc électrique ENR en 2020 et en 2021. De plus, seulement 14 % de l'électricité consommée en France métropolitaine provenait, en 2020, du parc électrique ENR soutenu par l'État. Pourtant, évalue la CRE, 2022 verra un développement soutenu des installations de production électrique à partir d'ENR, en métropole. La CRE rappelle ainsi que « la maîtrise des coûts est un enjeu essentiel pour l'ensemble des dispositifs de soutien public ».
Répartition des charges prévisionnelles
Sans compter la régularisation à la baisse citée plus haut, le montant total prévisionnel des charges de l'État en 2022 s'élève à 8,81 milliards d'euros. 58 % de ces charges concernent le soutien apporté principalement à l'éolien (15 %), au photovoltaïque (33 %) et aux bioénergies (7 %). 25 % sont accordées à la péréquation tarifaire et à la transition énergétique des zones non-interconnectées (ZNI), comme la Corse ou l'outre-mer. En outre, l'injection de biométhane et la cogénération comptent respectivement pour 8 % et 7 % des charges prévisionnelles de 2022.
Ce montant total des charges annuelles est en baisse de 4 % en comparaison avec l'année 2021. Cette réduction se justifie là encore par une hausse estimée du prix de marché dans le domaine des ENR et du biométhane, mais reste modérée par la croissance attendue du développement des deux secteurs.
Le succès du biométhane et l'arrivée de l'éolien en mer
D'une part, ces charges prévisionnelles pour 2022 prennent en compte la prochaine entrée en scène de la filière éolienne en mer. En effet, les premières mises en service – celle du parc l'éolien posé à Saint-Nazaire et celles des parcs éoliens flottants dans le Golfe du Lion – sont prévues pour la fin de l'année en question. « Ces installations devraient produire 0,7 TWh en 2022 et engendrer un surcoût pour le budget de l'État de 82,3 M€ », précise la CRE.
D'autre part, la CRE a constaté un développement significatif des installations d'injection du biométhane, doublant les charges liées à l'achat de gaz injecté « pour la troisième année consécutive ». Elle alerte justement l'État : « s'agissant du biométhane, [les] contrats d'achat signés à fin 2020, même en supposant qu'une partie ne se réaliseront pas, entraînent d'ores et déjà un fort dépassement de l'enveloppe budgétaire inscrite dans la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) à l'horizon 2028. »