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Actu-Environnement

L'éléphant et la girafe sortent renforcés de la conférence sur le commerce des espèces menacées

Des animaux emblématiques tels que l'éléphant et la girafe voient leur statut renforcé par la Cites, dont la 18e conférence s'est achevée ce mercredi 28 août à Genève. Des espèces plus discrètes comme le concombre de mer gagnent aussi en protection.

Biodiversité  |    |  L. Radisson

Le 6 mai dernier, les scientifiques de l'IPBES tiraient le signal d'alarme : un million d'espèces sont menacées d'extinction dans le monde. Parmi les cinq principales atteintes identifiées, la surexploittaion des ressources naturelles arrivait en deuxième position.

Les représentants des 183 Etats partis à la Convention sur le commerce internationale des espèces menacées d'extinction (Cites) avaient ces chiffres en tête lors de leur 18e conférence qui s'est tenue du 17 au 28 août à Genève. Ce qui explique sans doute le bilan plutôt positif de cette conférence qui se tient tous les trois ans. Plusieurs espèces ont vu leur statut de protection renforcé, parmi lesquelles l'éléphant et la girafe.

Interdiction du commerce des éléphanteaux

Il ne reste qu'environ 415.000 éléphants d'Afrique, "soit 110.000 de moins qu'il y a dix ans du fait du braconnage afin de satisfaire l'insatiable appétit de l'Asie pour l'ivoire", s'indignait Isabelle Autissier, présidente du WWF France, à l'ouverture de la conférence.

La COP18 a voté plusieurs dispositions favorables à l'espèce après des négociations intenses. C'est en premier lieu le cas de l'interdiction du commerce des éléphanteaux vivants, capturés dans la nature pour les besoins des zoos et des cirques hors de leur habitat naturel. Cette interdiction ne s'applique toutefois pas dans certaines circonstances exceptionnelles, mais des garde-fous sont prévus. "Après la fin des éléphants dans les cirques se profile à l'horizon la fin des éléphants dans les zoos", se félicite Charlotte Nithart de l'association Robin des bois. "Contrairement à ce que l'industrie de la captivité affirme, il n'y a aucun bénéfice pour la conservation des éléphants à les exhiber dans des zoos. La capture des éléphanteaux, nécessairement violente et parfois mortelle, déstructure les groupes familiaux et brise les liens indispensables à la bonne santé et à la survie des populations", explique la représentante de l'ONG.

La conférence a également repoussé les propositions de plusieurs pays d'Afrique australe visant à autoriser un commerce limité d'ivoire. L'interdiction du commerce existante est donc maintenue. "La COP18 a demandé des rapports réguliers sur les stocks étatiques d'ivoire, a réaffirmé sa volonté de voir les marchés nationaux d'ivoire fermer définitivement, dans le monde entier, y compris en UE et au Japon", se félicite la Fondation Franz Weber. "En revanche, les discussions importantes attendues sur le renforcement des plans visant à s'attaquer au rôle des différents pays dans le commerce illicite de l'ivoire n'ont pas été à la hauteur des attentes", déplore le WWF.

"Quatre populations d'éléphants (Afrique du sud, Botswana, Namibie et Zimbabwe) restent encore inscrites à l'annexe II [moins protectrice] de la Cites", pointe en outre la Fondation Franz Weber. "Cette inscription différenciée crée un flou juridique et donne l'impression aux trafiquants et aux consommateurs que le commerce de l'ivoire pourrait reprendre", déplore la fondation suisse.

Contrôler le commerce des girafes

Les girafes constituent un autre bénéficiaire des avancées obtenues lors de cette conférence. La COP18 a accepté une proposition présentée par plusieurs Etats africains de contrôler le commerce des girafes vivantes et des produits qui en sont issus. L'animal est ajouté à l'annexe II de la convention, sans aller jusqu'à l'interdiction qui s'applique aux espèces inscrites dans l'annexe I.

"Il était temps que la communauté internationale réagisse, la girafe est une victime collatérale de la disparition des éléphants. Ses os sont de plus en plus utilisés comme substitut à l'ivoire. Les girafes sont aussi une victime de choix pour ceux qui veulent un peu d'Afrique morte chez eux et pour les zoos", explique Charlotte Nithart, qui rappelle que les populations ont décliné de 40 % au cours des trente dernières années.

D'autres espèces ont bénéficié d'un renforcement de leur protection. C'est le cas d'espèces emblématiques comme les grands félins asiatiques, les tortues marines ou les requins-taupes. Mais aussi d'espèces qui le sont moins comme les concombres de mer ou les geckos tokay, une variété de lézards vivant en Asie du Sud-Est.

"Cette année, on a réellement senti un changement à la Cites qui reflète l'opinion publique, de plus en plus favorable et sensible à la protection de notre planète", se félicite Vera Weber, présidente de la fondation Franz Weber. Il y a trois ans, à Johannesburg, la COP17 s'était achevée sur un constat d'échec sur le renforcement de la protection des éléphants et des lions d'Afrique.

Ce qui ne vaut pas dire pour autant que des avancées aient eu lieu sur la totalité des questions à l'ordre du jour de la conférence. Le WWF pointe ainsi "l'incapacité des parties à demander des comptes au Vietnam", qualifiée de "déception majeure". Ce pays, indique l'ONG, est en effet "une destination et un point de transit de premier plan pour le commerce illicite d'ivoire, de cornes de rhinocéros et d'autres produits de la faune sauvage, en plus d'abriter de nombreuses fermes de tigres préoccupantes". Sans doute le sujet sera-t-il remis sur la table lors de la COP19 qui se tiendra au Costa Rica en 2022.

Réactions2 réactions à cet article

Enfin quelques bonnes nouvelles (encore au conditionnel et potentielles) pour la conservation de la biodiversité ! Comme quoi, lorsque l'opinion publique est convaincue et se montre mobilisée pour une cause (merci aux médias concernés et aux associations qui font un formidable travail de fourmi), des lignes peuvent bouger.
Quand exposer chez soi un trophée d'animal sauvage tiré à la chasse sera devenu un signe extérieur de pauvreté intellectuelle et morale et d'absence de respect de la vie, la société aura vraiment favorablement évolué (d'ailleurs, les chasseurs parlent bien de "massacre", c'est tout dire !).
Il faut néanmoins rester particulièrement vigilant à ce que ces engagements pris à cette dernière réunion de la CITES se traduisent bien dans les faits.

Pégase | 29 août 2019 à 09h43 Signaler un contenu inapproprié

Ouais, bon...ça bouge un peu mais il y a tant à faire et ça urge. Les fermes à tigres devraient être purement et simplement interdites, celles à ours en Chine aussi,la chasse aux trophées aussi, on a l'impression que l'humanité ne progresse pas, pourtant aujourd'hui il n'y a plus l'excuse du manque d'information car tout le monde est connecté, alors ?
Corruption et encore corruption et manque de courage politique, comme toujours. Ce sentiment qu'on a le droit de vie ou de mort sur l'animal est intolérable.

gaia94 | 11 septembre 2019 à 00h08 Signaler un contenu inapproprié

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