Cookies

Préférences Cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site. Certains sont essentiels, d'autres nous aident à améliorer le service rendu.
En savoir plus  ›
AccueilHervé MarcelEmballage et Environnement : la recherche du meilleur compromis

Emballage et Environnement : la recherche du meilleur compromis

Hervé Marcel, Chargé de mission au sein de la Direction du Développement du LNE, nous propose un avis d’expert sur l’utilité des emballages, leur empreinte environnementale et les perspectives liées à l’éco-conception.

Publié le 15/06/2011

L'emballage, constitué de matériaux de toute nature, est destiné à contenir et à protéger des marchandises, à permettre leur manutention, leur acheminement, et à assurer leur présentation. Pour le consommateur ou l'utilisateur final, l'emballage est généralement un déchet dont il faudra se séparer, source de gaspillage et de pollution.

Des impacts négatifs sous surveillance

L'emballage source d'impacts négatifs sur l'environnement, fait l'objet de pressions de plus en plus fortes de la part du législateur, du conditionneur, du distributeur et indirectement des consommateurs.

Le législateur européen s'est intéressé dès 1994 à la fin de vie des emballages en publiant la directive 94/62/CE, dont l'objectif est d'éviter la production de déchets d'emballages. Pour cela, elle fixe comme première priorité la prévention par la réduction à la source des déchets d'emballages, et comme autres principes la réutilisation, la valorisation par recyclage matière ou énergétique, ou par compostage.

En ce qui concerne la prise en compte des exigences liées à l'environnement dans la conception et la fabrication des emballages, cette directive a été transposée en droit français par le décret 98-638 de juillet 1998. Ces exigences sont désormais introduites dans le code de l'environnement.

Plus récemment le Grenelle de l'environnement a confirmé les objectifs de réduction à la source et de recyclage des déchets dont le taux est porté à 75% dès 2012. Pour accompagner cet objectif, des entreprises de l'agroalimentaire se sont engagées, dans le cadre d'une convention avec le ministère en charge du développement durable, à économiser 17 millions de tonnes d'emballages dans un délai de 5 ans.

Un autre engagement du Grenelle de l'environnement impactant les emballages est l'affichage environnemental présenté comme un outil mis à disposition des consommateurs pour guider leurs achats vers des produits plus respectueux de l'environnement. L'affichage, qui doit s'appuyer sur une démarche multicritères, concerne le produit et son emballage. Des travaux de normalisation sont en cours au sein de la plate-forme AFNOR ADEME sur l'affichage environnemental des produits de grande consommation, et une expérimentation nationale sera lancée à partir du 1er juillet 2011 avec 168 entreprises et environ 1000 produits. Des initiatives avaient déjà été prises par des distributeurs dont certains communiquent sur l'indice carbone de leurs produits MDD en précisant la part revenant à l'emballage, part qui peut être significative.

Enfin, le consommateur de plus en plus préoccupé par l'environnement, exprime une attente forte en terme de recyclage des emballages et de réduction de leur taille et de leur poids.

L'emballage préserve l'environnement

En étant au service du produit qu'il contient, l'emballage préserve l'environnement. En effet, avant d'être un déchet, l'emballage est intimement lié à son contenu, qu'il accompagne tout au long de sa distribution, avec pour principale mission de mettre à disposition du consommateur ou de l'utilisateur final un produit aussi proche que possible de son état initial en sortie de fabrication ou de production. L'emballage doit ainsi remplir des fonctions techniques, notamment contenir et protéger le produit, et permettre sa distribution.

Contenir, afin de réduire les risques liés au produit comme les émanations de solvants, la transmission de caractéristiques organoleptiques vers les produits environnants, mais aussi pour éviter la déperdition de produit.

Protéger, et par extension conserver, pour préserver l'intégrité et la qualité du contenu à la fois vis à vis des contraintes mécaniques et climatiques de la manutention, du transport et du stockage, et envers les agressions physico-chimiques et micro biologiques dues notamment à la vapeur d'eau, à l'oxygène ainsi qu' aux micro organismes.

Permettre la distribution du produit pour s'assurer que tout au long du circuit logistique, les unités de transport gardent leur cohésion et leur stabilité afin d'éviter toutes ruptures et pertes de produits.

Imaginons des emballages dont on aurait réduit le poids au-delà du juste nécessaire pour assurer ces fonctions que nous venons de décrire, alors le risque serait grand de générer des avaries et par conséquent des pertes de produits. Une étude récente de la FAO (Food and Agricultural Organisation) a montré que les pays qui consomment entre 50 et 150 kg d'emballages par an et par habitant, enregistrent des pertes de produits alimentaires d'au moins 30%. Elles sont inférieures à 5% en Europe et aux Etats-Unis où la consommation est comprise entre 200 et 250 kg.

La recherche d'un compromis

Réduire la quantité de déchets d'emballages certes, mais réduire la quantité de déchets de produits doit aussi être un objectif car l'un comme l'autre sont sources d'impact sur l'environnement. Rappelons aussi que l'emballage contribue à la sécurité sanitaire des aliments et des produits de santé.

Ainsi, donc, un emballage qui respecte l'environnement, sans remettre en cause ses fonctions de protection, de conservation, pour le respect du produit et de la sécurité de l'utilisateur ou du consommateur, c'est bien là l‘enjeu de la recherche du meilleur compromis.

Diminuer l'empreinte environnementale

Des pistes de développement pour des emballages respectueux de leur contenu et de l'environnement existent. La première piste est celle de la prévention, à savoir de la réduction à la source : certains diront que le meilleur déchet est celui que l'on ne produit pas.

Plusieurs voies sont possibles pour réduire le poids et le volume d'emballage,  à commencer par sa conception (simplification du système d'emballage, ré-distribution de ses fonctions entre les différents éléments qui le constituent), l'évolution technologique des matériaux (matériaux complexes, nano particules) ou de leur process de mise en œuvre (meilleure maîtrise de la répartition de matière), l'optimisation dimensionnelle (changement de forme, optimisation du volume de l'emballage, réduction d'épaisseur des matériaux).

La réduction à la source peut aussi être le résultat d'une évolution du produit (densification, concentration), de son procédé de conditionnement (réduction des vides techniques, compactage) ou de sa distribution (optimisation des charges palettisées).

D'une façon générale, il est pertinent de retravailler sur les fonctions attendues tant techniques que marketing et de s'assurer que l'emballage y répond et uniquement à celles là , car plus il y aura de fonctions, plus les seuils d'acceptabilité seront élevés et plus l'emballage sera lourd et volumineux.

Une autre piste est l'amélioration de la recyclabilité de l'emballage. Les facteurs qui influencent la recyclabilité sont la nature du produit emballé (dangereux ou non), les matériaux utilisés, leurs traitements éventuels et leur « séparabilité », la « vidangeabilité » des emballages, les filières de collecte et de tri et les techniques de recyclage disponibles.

Une autre approche pour un emballage plus respectueux de l'environnement est l'utilisation de matières renouvelables. Ces matériaux obtenus à partir de ressources végétales ou animales sont dits biosourcés mais ne seront pas nécessairement biodégradables ni compostables. S'ils représentent aujourd'hui une part de marché relativement faible, on constate une augmentation du potentiel de production avec une perspective de triplement de l'offre d'ici 2013.

Ainsi donc, de nombreuses pistes existent et sont exploitées pour réduire l'impact des emballages sur l'environnement tout en évitant la perte de produits ainsi que le gaspillage. Elles s'inscrivent dans une démarche structurée d'éco-conception et de recherche de la meilleure adéquation entre emballage, produit, process et respect de l'environnement.

Avis d'expert proposé par Hervé Marcel, chargé de mission à la Direction du Développement du LNE

Les Blogs sont un espace de libre expression des abonnés d'Actu-Environnement.

Leurs contenus n'engagent pas la rédaction d'Actu-Environnement.

2 Commentaires

Thierry56

Le 20/06/2011 à 16h21

Bonjour et merci pour cet avis,
Poussons encore plus la réflexion : Imaginons un monde sans emballage ? Les FNE et autre CNIID seraient ravis ... mais quel serait l'impact environnemental des milliers de tonnes de denrées alimentaires produites, non consommées et perdues. Evidemment tous leurs déchets seraient compostables mais le bilan carbone de leur production sans leur consommation serait sans doute plus impactant que le bilan environnemental des emballages. A méditer !

Signaler un contenu inapproprié

Gery69

Le 13/07/2011 à 16h51

Concretement dans chaque entreprise à quel referenciel les industriels se refèrent-ils pour réduire leur emballage de X % ?
La recyclabilité des dechets est passée à 75%. Comment chaque industriel doit il prouver que 75% de ses dechets sont effectivement recyclés ? s'il utilise dejà du PP par ex. il est reconnu que cette matiere est recyclable à l'infini, ceçi l'affranchit-il donc de se preoccuper de cette exigence?

Signaler un contenu inapproprié

Commentez ou posez une question à Hervé Marcel

Les commentaires aux articles sont réservées aux lecteurs :
- titulaires d'un abonnement (Abonnez-vous)
- inscrits à la newsletter (Inscrivez-vous)
1500 caractères maximum
Mot de passe oublié