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Actu-Environnement

Le grand écart des émissions de CO2

Les Nations unies pour l'environnement publient leur rapport annuel sur le surplus d'émissions. En regard de l'objectif de stabiliser la hausse de la température globale à +2°C, elles devraient être réduites d'un quart d'ici à 2030.

Gouvernance  |    |  A. Sinaï

Le décalage entre les émissions de gaz à effet de serre émises et la limite qu'il faudrait leur assigner reste béant, voire s'agrandit. C'est la conclusion sans surprise et désormais coutumière du neuvième rapport des Nations unies pour l'environnement Emission Gap Report (1) présenté à Paris le 27 novembre.

A l'approche de la COP 24, dans le contexte du Dialogue de Talanoa qui doit réunir toutes les parties prenantes, y compris les pays les plus vulnérables, autour de la table des négociations qui s'ouvreront à Katowice (Pologne) le 4 décembre prochain, l'Onu Environnement pointe le décalage (emission gap) entre là où nous en sommes et là où nous devrions en être, par rapport à une trajectoire d'émissions compatible avec la stabilisation de la température à +2°C.

Le Emission Gap Report vient également en appui du rapport spécial du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec) sur les 1,5°C finalisé en octobre 2018 à Incheon en Corée du Sud. Le Giec y modélise la trajectoire d'émissions compatible avec une stabilisation à +1,5°C et conclut que les émissions anthropiques de CO2 doivent être réduites de 45 % d'ici à 2030 par rapport à 2010 afin de parvenir à zéro émission nette en 2050. Un défi pour les sociétés industrielles, qui n'y parviendront pas sans profondément changer de modes de vie et sans recours à un ensemble de techniques de séquestration allant de la reforestation au recours massif aux puits de carbone.

Pas de pic d'émissions en vue

Les conclusions de l'Emission Gap Report, élaboré par une équipe internationale de scientifiques, corroborent les conclusions du Giec. Premier constat : les engagements exprimés dans les contributions nationales (plans climat nationaux élaborés selon les recommandations de l'Accord de Paris, ndlr) sont en inadéquation avec la résorption des surplus d'émissions d'ici à 2030.

Deuxième constat : les émissions globales de gaz à effet de serre (GES) ne montrent aucun signe de pic. Reparties à la hausse depuis 2017, elles atteignent le record de 49,2 gigatonnes de CO2 équivalent (GtCO2e), 53,5 GtCO2e changement d'affectation des terres inclus, soit une hausse de 0,7 GtCO2e entre 2016 et 2017. Or pour stabiliser la hausse des températures à +1,5°C, il faudrait qu'en 2030 les émissions de GES aient diminué de 55 % par rapport à leur niveau de 2017, souligne l'étude de l'Onu Environnement. Et de 25 % pour atteindre une stabilisation à +2°C. Les auteurs notent le lien de cette hausse avec celle du PIB, et soulignent que les pays doivent concevoir des contributions nationales plus exigeantes.

Malgré l'Accord de Paris, 13 gigatonnes de trop

Troisième constat : le décalage d'émissions est d'autant plus sensible que les trajectoires varient d'ambition. Pour stabiliser la température à +2°C (66 % de chances), le plafond à ne pas dépasser en 2030 est de 40GtCO2e. Et pour réaliser une stabilisation de la température à +1,5°C, c'est à 24 GtCO2e qu'il faudrait plafonner les émissions d'ici à 2030, souligne l'étude des Nations unies pour l'environnement. Une estimation supérieure à celle de 2017 en raison d'un plus grand nombre de scénarios minimisant le recours à la séquestration du carbone. Ainsi, depuis 2017, l'éventail de scénarios examiné par les auteurs est passé de 16 à 85. Cette diversification des trajectoires est liée à la simulation de plusieurs objectifs de températures, +1,5°C, +1,8°C ou +2°C, et au caractère conditionnel ou inconditionnel des contributions nationales.

En cas de poursuite des politiques actuelles, il restera un surplus de 18 gigatonnes dans l'atmosphère en 2030 par rapport au seuil nécessaire pour la stabilisation de la température à +2°C. Ce chiffre passe à 35 gigatonnes de trop si l'objectif est de stabiliser la température à 1,5°C. En cas d'application généralisée et coordonnée des contributions nationales telles que prescrites par l'Accord de Paris, il restera encore un surplus de 13 gigatonnes en 2030 par rapport à l'objectif de +2°C.

En termes de hausse de température, et malgré la mise en oeuvre de politiques climatiques coordonnées à l'échelle internationale, ces écarts se traduiront au minimum par une hausse de 3,2°C d'ici à 2100 par rapport à l'époque pré-industrielle et cette hausse se poursuivra au-delà.

Des leviers possibles

Mais tout n'est pas perdu. L'Emission Gap Report estime qu'il est existe un potentiel substantiel de réduction des émissions par la généralisation du recours à trois leviers principaux : les énergies éoliennes et solaires, l'efficacité énergétique des véhicules et des appareils, le reforestation et l'arrêt de la déforestation. L'Onu Environnement formule une série de recommandations pour enjoindre l'ensemble de la communauté internationale à renforcer ces politiques d'atténuation des émissions de GES. Ces mesures pourraient être financées sur la base de 100$ la tonne de CO2e.

Si les émissions de GES continuent sur leur lancée, la moitié de la population mondiale sera soumise à trois dangers climatiques simultanés à la fin du siècle, dont les effets combinés peuvent mettre en danger la vie humaine. C'est une des conclusions d'une étude sur les risques cumulés du changement climatique, publiée dans la revue Nature Climate Change le 19 novembre, conduite par une équipe de chercheurs majoritairement issus de l'université d'Hawai (Etats-Unis) réalisée sur la base d'une compilation de 3.300 contributions scientifiques parues depuis 1980. Si en revanche des actions décisives sont mises en oeuvre pour rester sous le seuil des 2°C, les citoyens ne subiraient qu'un seul aléa. Désormais, chaque gigatonne compte.

1. Consulter le rapport
https://www.unenvironment.org/fr/resources/rapport-2018-sur-lecart-entre-les-besoins-et-les-perspectives-en-matiere-de-reduction-des

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