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Actu-Environnement

Emissions de CO2 : la France devra choisir entre le véhicule électrique et la voiture à 2 litres aux 100 km

Pour décarboner les transports, les pouvoirs publics devront impérativement réduire les normes européennes d'émission de CO2. Il faudra ensuite choisir entre le 100% électrique ou la voiture à 2 l/100km.

Transport  |    |  P. Collet

La réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) du transport est une condition incontournable pour atteindre les objectifs climatiques fixés par l'Accord de Paris. L'enjeu est d'autant plus important pour la France que les transports représentent 29% des émissions en 2015, soit 130 millions de tonnes de CO2 (MtCO2), dont près de 55% pour les véhicules particuliers (70 MtCO2). Surtout, les émissions de ce secteur ont augmenté de près de 10% depuis 1990.

Pour y parvenir, la France devra choisir entre deux scénarios : le développement de la voiture consommant 2 litres aux 100 km (l/100km) d'ici 2030 ou la généralisation des véhicules électriques d'ici 2040. Il revient aux pouvoirs publics français et européens d'"assumer un rôle majeur de stratèges et d'incitateurs", estime France Stratégie qui propose deux scénarios dans une note sur le véhicule propre (1) publiée fin 2016. L'institution rattachée au Premier ministre ne prend pas clairement position. Toutefois, la note dépeint les voitures électriques comme "une opportunité pour le monde de demain". Quant aux véhicules à 2 l/100km, ils "[enferment] les constructeurs européens dans une technologie ne répondant pas à l'objectif de long terme d'une société neutre en carbone".

Abaisser sensiblement la norme d'émission des voitures

"Deux mondes se profilent à l'horizon 2050 : un monde dominé par le véhicule électrique ou un monde dominé par un véhicule thermique peu émetteur", estime France Stratégie. Pour concrétiser l'un de ces deux "mondes", il est indispensable que l'Union européenne adopte une norme de consommation de 2 l/100km des véhicules neufs vendus à partir 2030. Cela correspondrait à fixer à 50 grammes de CO2 par km (gCO2/km) le niveau moyen d'émission des voitures vendues dans l'UE. La norme actuelle est de 95 gCO2/km pour 2021, soit environ 3,7 l/100km. La Commission devrait présenter au deuxième trimestre 2017 sa proposition sur les émissions des véhicules après 2020. Mais pour France Stratégie, l'adoption d'une norme aussi stricte paraît difficile : "Gageons (…) que la Commission européenne (…) sera soumise à un puissant lobbying de certains constructeurs en faveur d'une norme moins sévère", alerte-t-elle.

Si malgré tout, la généralisation des voitures 2 l/100km était adoptée par l'Europe, les constructeurs devraient alors produire des véhicules thermiques hybrides répondant à cette norme ou vendre un tiers de véhicules électriques pour deux tiers de véhicules thermiques à 3 litres aux 100 km.

Interdire les véhicules thermiques ?

Dans le premier scénario, le développement des véhicules thermiques consommant 2 l/100km "offre l'avantage de stimuler l'industrie automobile européenne, en lui ouvrant largement les marchés mondiaux", estime France Stratégie. Bien sûr, cela représente un défi technologique important. Amélioration du moteur, motorisation hybride, recours aux agrocarburants, modifications aérodynamiques, réduction du poids, ou encore amélioration des pneus et du rendement des systèmes auxiliaires sont autant de problèmes à résoudre. Ce scénario pose toutefois un problème de taille : "Les 30 millions de véhicules particuliers continueraient à produire des émissions de gaz à effet de serre (GES), même réduites de 70 MtCO2 à 30 MtCO2 en 2050". De plus, la réduction des émissions de GES combinée à celles des polluants atmosphériques entraînera une hausse des prix des véhicules thermiques. Enfin, il renvoie la généralisation des véhicules à zéro émission à un futur lointain : ils "ne se développeraient que très lentement, avec des ventes annuelles ne dépassant pas les 10% du marché français en 2040", prévient France Stratégie.

Le deuxième scénario est qualifié de "plus radical". Le développement rapide des voitures électriques passent aussi, au-delà de la norme de consommation de 2 l/100km d'ici 2030, par l'interdiction de la vente des véhicules thermiques à l'horizon 2040 et de leur circulation en 2050. "L'hypothèse n'a rien de fantaisiste : la Norvège étudie déjà cette possibilité pour 2025 ; la Suède envisage de se passer des énergies fossiles dans les transports à l'horizon 2030 ; et Toyota a récemment annoncé son intention de bannir les carburants fossiles à partir de 2050", explique France Stratégie. L'ancien Centre d'analyse stratégique suggère d'annoncer la mesure rapidement, pour préparer les acteurs, d'interdire progressivement les véhicules thermiques en ville et de relever les taxes sur les carburants. Sans surprise, une telle approche présente des inconvénients : un coût élevé pour le contribuable si le prix des voitures électriques ne baisse pas, l'absence des constructeurs européens sur le marché mondial des voitures thermiques à 2 l/100km ou encore un investissement considérable dans le réseau de recharge et les smart grid. Mais un tel scénario 100% électrique "placerait (…) les constructeurs européens sur un marché porteur".

1. Télécharger la note de France Stratégie : Le véhicule propre au secours du climat
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-28201-france-strategie-vehicule-propre.pdf

Réactions3 réactions à cet article

Bonjour,
La 2ème hypothèse sera à mon avis souhaitable car "les lobbies" ont fait de ce monde une mer des déchets. Les gouv's si fragiles que les nôtres auront de moins en moins de popularités même s'ils s'en emploient à la tâche. Le pétrole sera , enfin!, bel et bien finis dans la tête des gens logiques et les pétromonarchies seront obligés à se recycler autant que les profiteurs de ce système. Une caisse électrique (ou autre, je pense à l'hydrogène vert bien sur) rentable on peut la faire mais dans un monde libre chose qui n'est pas assuré aujourd'hui dans nos "démocraties"...

Maes | 05 janvier 2017 à 11h57 Signaler un contenu inapproprié

Dans les deux cas, on se heurte de plein fouet au lobby des hydrocarbures (et leurs affidés constructeurs automobiles), qui dirige la planète depuis bientôt un siècle ! C'est dire la difficulté de la tâche. Et c'est la seule et unique raison pour laquelle de tels véhicules ne sont pas encore généralisés. Ne pas négliger le fait que l'alourdissement et la gadgétisation des bagnoles ne vise qu'à une chose, limiter la diminution de la consommation d'essence ! Maintenant, entre 2 litres d'essence et 100% électrique, il y a une autre différence : comment produit-on l'électricité ?! Si c'est avec du gaz ou du charbon, comme en Allemagne, alors le bilan CO2 est dégradé...

dmg | 05 janvier 2017 à 18h39 Signaler un contenu inapproprié

La voiture à 2l/100Km existe depuis 1988 : la Citroën AX très plebiscitée à sa sortie. Evidemment, elle n'offre pas le confort d'aujourd'hui. Si on commençait par réduire leurs dimensions dédiées au confort et le poids des gadgets, nos véhicules coûteraient moins cher en carburant et aux assurances qui paient les dégâts des stationnements dans des aménagements désormais inadaptés. Devra-t-on refaire bientôt tous les parkings aux frais du contribuable même de celui qui prend les transports en commun ? Pas d'accord. Ensuite, une fois encore, tout "stratégique" qu'elle soit, une agence gouvernementale imagine l'avenir de l'énergie avec un "tout-quelque chose" ou un "tout-quelque-chose d'autre" !? Quand les technocrates comprendront-ils qu'il ne faut pas mettre tous ses oeufs dans le même panier ? Il existe des bi-carburations permettant un avenir 'entre-deux' et rien n'empêche de faire cohabiter l'électrique et le carburant, sachant que si nous optons pour une voie, nous serons peut-être les seuls car les pays émergents imposeront la nature du parc auto du globe à cause de leurs coûts !De plus, les infrastructures de raffinage ne peuvent pas disparaître du jour au lendemain. En outre, les centrales nucléaires n'arrivent plus à fournir depuis cet hiver, preuve de la limite du tout électrique demain (explosion du nombre de KW/h) même avec regain d'énergies renouvelables ! Et puis, tant qu'à faire, mieux vaut démanteler des centrales nucléaires que des raffineries à budget égal

MémoTopic | 09 janvier 2017 à 09h38 Signaler un contenu inapproprié

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