La France « est au rendez-vous du devoir de solidarité », notamment en matière de finance climat et y compris sur l'adaptation au changement climatique des pays du Sud, promet l'Élysée en ouverture de la 27e Conférence mondiale sur le climat (COP 27), à Charm el-Cheikh en Égypte. Six milliards d'euros seront ainsi mobilisés chaque année jusqu'en 2025, en faveur de l'action climatique dans les pays en développement, dont un tiers, soit deux milliards pour l'adaptation, annonce le président Emmanuel Macron, lors de son discours prononcé, ce lundi 7 novembre à la tribune de la COP 27. La France « tient sa juste part » de ses financements climat, assure-t-il. Le président appelle aussi à « aller au bout de la solidarité financière », avec les pays les plus pauvres. Et « débourser plus vite » sur le terrain les 100 milliards de dollars par an promis à ces pays pour les aider à lutter contre le changement climatique et s'y adapter. Il a rappelé les 82 milliards de dollars seulement engagés sur cette somme et a exprimé sa volonté de convaincre « les derniers pays riches qui n'ont pas pris tous leurs engagements ».
Les pays du Sud et insulaires mettent également la pression sur les pays riches pour mobiliser des financements supplémentaires (en plus des 100 milliards par an) pour traiter des « pertes et dommages » irréversibles liés au climat. Reconnaissant qu'il s'agit d'un « combat juste », Emmanuel Macron salue le lancement d'un « groupe des Sages de haut niveau » regroupant des organismes comme le FMI (1) , la Banque mondiale, l'OCDE (2) , qui feront des recommandations sur des « modes de financement innovants pour le climat » destinés aux pays pauvres ou à revenu intermédiaire. Les premières propositions sont attendues « au printemps prochain », a précisé le président de la République.
Au travers des partenariats pour une transition énergétique juste lancés l'an dernier à la COP 26, à Glasgow, le chef de l'État plaide aussi pour une sortie mondiale du charbon, « mais on doit aider les [pays] émergents à le faire au plus vite, estime-t-il. La France investira un milliard d'euros pour accompagner cette action » en Afrique du Sud, affirme Emmanuel Macron, qui cite aussi l'Indonésie, l'Inde et le Sénégal, parmi les pays avec lesquels la France et l'Europe collaboreront en ce sens. Le président français défend aussi la stratégie climatique de la France et de l'Europe de réduire de 55 % les émisions de gaz à effet de serre d'ici à 2030, en citant la nécessité de mettre en place une sobriété énergétique, mais aussi le « développement accéléré » des énergies renouvelable et du nucléaire.
Le discours d'Emmanuel Macron fait réagir notamment l'ONG Greenpeace France qui se montre critique. Pour Clément Sénéchal, chargé de campagne climat, « aucune mesure précise n'a été prononcée dans ce discours en Égypte concernant les émissions de CO2 françaises ou européennes, pourtant beaucoup trop élevées. Au lieu de cela, le président s'est encore une fois illustré en faisant la promotion du nucléaire, fausse solution face à la crise climatique. Pire, sur le sujet brûlant de ces négociations, Emmanuel Macron souhaite paralyser la COP 27 : au lieu d'un accord pour un mécanisme de financement pour les pertes et dommages dès cette année, le président se positionne pour un énième dialogue parallèle sur le sujet, dont les travaux seront rendus plus tard. Or désormais, nous n'avons plus le luxe de perdre du temps ». En revanche, Greenpeace salue l'annonce d'Emmanuel Macron de soutenir l'interdiction de toute exploitation des grands fonds marins.