Robots
Cookies

Préférences Cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site. Certains sont essentiels, d'autres nous aident à améliorer le service rendu.
En savoir plus  ›
Actu-Environnement

Quelles énergies pour le continent africain ?

Très dynamique avec une croissance de 10%, l'Afrique est un terrain d'investissement intéressant, notamment en matière d'énergie. En effet, Maghreb et Afrique du Sud mis à part, les besoins énergétiques croissent et les infrastructures manquent.

Energie  |    |  M. Favrot
   
Quelles énergies pour le continent africain ?
   

La consommation annuelle d'électricité de l'ensemble du continent africain ainsi que sa capacité de production reste extrêmement faible puisque sensiblement équivalente à un seul pays européen, la France ou l'Allemagne, selon Christine Heuraux, directrice du Pôle Accès à l'Energie et de la Prospective et des Relations Internationales chez EDF lors de la conférence Energie, croissance et développement durable, une équation africaine organisée par l'Institut Français des Relations Internationales (IFRI) en décembre dernier.

L'énergie en Afrique est l'une des clés pour lutter contre la pauvreté selon Seydou Keita, directeur adjoint de l'Agence Malienne pour le Développement de l'Energie Domestique et l'Electrification Rurale (AMADER). Un accès facilité permettrait d'améliorer le niveau de vie, notamment grâce à des progrès dans les domaines de la santé et l'éducation, d'accroître la productivité des petites et moyennes entreprises voire simplement de les développer. La stabilité politique serait également renforcée car les coupures (fréquentes) sont souvent à l'origine de tensions sociales. Dans un soucis environnemental une meilleure disponibilité limiterait les pressions sur les forêts, première source d'énergie. Le développement des réseaux éviterait de plus la consommation très importante aujourd'hui de piles, batteries et générateurs privés.

Quelle place pour les énergies renouvelables ?

La volonté de développer les énergies renouvelables en Afrique est louable, les initiatives ne manquent pas et les projets s'amoncellent. Mais selon Philippe Lorec, conseiller auprès du directeur général de l'Energie et du Climat, ministère de l'Ecologie, du Developpement durable, des Transports et du Logement, il n'y a pas besoin de 40 projets, mais de bons, de vrais projets avec un engagement des Etats. Un exemple concret ? Le secteur de la téléphonie mobile connaît un vrai "boom" notamment au Kenya. Malgré d'importantes ressources hydrauliques, les réseaux électriques ne sont pas assez développés et même si les générateurs au diesel sont très répandus, il reste délicat de recharger son téléphone ! La compagnie Safaricom a donc lancé le premier téléphone solaire au monde. Pour autant les obstacles persistent. Le solaire est trop coûteux et les fortes températures sont très contraignantes : au-delà d'un certain seuil, les panneaux ne fonctionnent plus.

De son côté, l'éolien est limité et ne saurait constituer une solution en soit. La géothermie pourrait se développer surtout dans l'est, mais elle nécessite des investissements importants. Côté énergie hydroélectrique, la Banque Africaine de Développement (BAD) et la Banque Mondiale, entre autres, financent le projet de rénovation du site de d'Inga en République Démocratique du Congo (RDC). Ces deux centrales situées sur le fleuve Congo en aval de Kinshasa, fonctionnent mal et les coupures sont fréquentes. L'efficacité renforcée du site permettra à la RDC d'exporter son énergie dans la région, vers la Zambie, le Congo, l'Angola et l'Afrique du Sud.

Des ressources énergétiques fossiles importantes

De nombreux projets gaziers sont prévus et d'autres déjà mis en place en Afrique. Le gaz provenant de l'extraction du pétrole est majoritairement brûlé, mais plusieurs pays projettent de le récupérer à l'instar de la Mauritanie, du Cameroun, du Ghana ou encore du Nigeria. L'effervescence autour du gaz peut aussi être illustrée par le projet du West African Gas Pipeline, WAGP. "Ce gazoduc de 620 kilomètres relie Lagos, la capitale économique du Nigeria, au Bénin, au Togo et au Ghana. L'investissement global dans le gazoduc a été d'un milliard de dollars. Sa construction a été menée par un consortium de sociétés dont le chef de file est la société américaine Chevron-Texaco. Le WAGP devrait à terme transporter 30 millions de pieds cubes par jour. Ce gazoduc pourrait, selon les autorités ivoiriennes, faire l'objet d'une extension jusqu'à Abidjan", indique Benjamin Augé chercheur associé à l'IFRI spécialisé dans la gestion politique et économique des secteurs pétrolier, gazier et électrique dans les pays africains. Selon lui, la centrale électrique au gaz associée à un champ pétrolier construite en République Démocratique du Congo et en fonction depuis 2010, pourrait atteindre les 150 MW. D'autres projets gaziers sont en fonction en Côte d'Ivoire, en Tanzanie et au Mozambique.

Pour autant la biomasse reste la première source d'énergie en Afrique. Son principal avantage est son coût : elle est gratuite ! Son utilisation par la population est quotidienne et particulièrement associée à la cuisson. Mais cela pose des problèmes sanitaires, la pollution importante due aux fumées nocives est responsable de nombreux décès. Elle a également des conséquences sur l'environnement. La forêt n'est pas renouvelable indéfiniment et la déforestation est émettrice de CO2. De plus le rendement est très faible, environ 5% selon Alain Guinebault délégué général au Groupe Energies Renouvelables Environnement et Solidarité. Les aides publiques ne subventionnent pas les énergies issues de la biomasse. Pourtant un "mieux" a été testé au Cambodge avec la diffusion de foyers aux rendements améliorés. Cette initiative gagnerait donc a être mis en place en Afrique.

Enfin, l'un des grands paradoxes de l'Afrique concerne la quantité de ses ressources énergétiques par rapport à sa production d'énergie. Si les réserves en pétroles fournissent le reste du monde, l'Afrique ne le raffine que très peu. Contrainte d'acheter des produits raffinés, elle y perd économiquement, renforçant sa dépendance vis-à-vis des "pays du Nord".

Énergies fossiles : un choix pragmatique ?

Comme le souligne Hélène Sabatier Akonor, chargée de mission à la direction de l'Action internationale de l'ADEME, comment parler d'économie de consommation quand 560 millions d'Africains n'ont pas accès à l'électricité ? Si la population du continent représente 15% de la population mondiale, elle n'est responsable que de 3 à 4% des émissions de gaz à effet de serres mondiales. Avec sa croissance de 10%, l'Afrique a besoin d'énergie pour développer l'agriculture, l'industrie, la santé... Dans ce contexte, les centrales à énergies fossiles continuent de représenter la solution la plus rentable à court terme et présentent l'avantage d'être fonctionnelles très rapidement.

Aussi dans un premier temps, l'urgence de répondre aux besoins croissants pose la question suivante : les énergies fossiles ne constitueraient-elles pas le choix le plus pragmatique ? Comme souvent, il n'y a pas de solution unique pour régler la question de l'accès à l'énergie. Les solutions doivent être développées en fonction des différentes échelles avec des systèmes centralisés et décentralisés. C'est d'ailleurs dans ce dernier cas que l'utilisation des EnR paraît la plus adaptée. Mais la stabilité politique et l'engagement des Etats restent des conditions indispensables pour la mise en place d'infrastructures énergétiques car ces projets s'inscrivent dans le long terme.

Réactions1 réaction à cet article

l'afrique ne représente que 3% des GES ,si je lis bien cet article elle devrait en représenter au moins 15 à 20% en se développant sur notre modéle occidental notament en matiére d'utilisation des énérgies fossiles ,un développement à court terme donc puisqu'elle devrait être une des premiéres touchée par le réchauffement climatique,l'éléctricité pour tous oui mais à quel prix?

lionel | 17 janvier 2011 à 08h21 Signaler un contenu inapproprié

Réagissez ou posez une question

Les réactions aux articles sont réservées aux lecteurs :
- titulaires d'un abonnement (Abonnez-vous)
- inscrits à la newsletter (Inscrivez-vous)
1500 caractères maximum
Je veux retrouver mon mot de passe
Tous les champs sont obligatoires