Une note de France Stratégie dépeint les renouvelables comme un facteur d'aggravation des déséquilibres qui affectent le système électrique depuis le début de la crise du Covid-19. Concrètement, l'institution, placée auprès du Premier ministre, anticipe surtout un renchérissement important du soutien public apporté au photovoltaïque et à l'éolien.
En creux, la note plaide pour un recours aux moyens pilotables, et au nucléaire en particulier, plutôt qu'à l'éolien et au photovoltaïque. Une fois la crise passée, les auteurs proposent que les pouvoirs soutiennent « des grands pans de l'économie et du secteur industriel (…) afin de maintenir le tissu productif ». Et dans ce cadre, le parc nucléaire d'EDF est présenté comme « un atout sur lequel s'appuyer pour relancer l'économie ».
Déséquilibre du compte d'affection Transition énergétique
Le premier impact du coronavirus sur le secteur électrique est une chute et une forte volatilité des prix de marché. Sur les quinze premiers jours de confinement, la consommation quotidienne d'électricité a chuté de 15 % à 20 % en moyenne par rapport à un mois de mars classique. Parallèlement, la pointe matinale de consommation a été effacée. Il s'agit là de l'effet direct « d'une cessation instantanée d'une grande partie de l'activité ». Et les auteurs d'avertir : « le marché anticipe une crise assez longue », si l'on en croit les cours des contrats à terme pour 2021 et 2022.
Cette situation « va entraîner un déséquilibre du compte d'affectation spécial Transition énergétique rattaché au budget de l'État et alimenté par la taxe intérieure sur la consommation de produits énergétiques (TICPE) », anticipe France Stratégie. Et d'attirer l'attention sur la baisse de recette de la TICPE du fait de la réduction de la consommation de carburant associée au confinement. Cette « perte » de TICPE serait de 1,5 milliard d'euros (sur un total de près de 40 milliards d'euros attendus en 2020). Quant au soutien aux renouvelables électriques, il était estimé 5,2 milliards d'euros pour l'année en cours.
Les renouvelables réduisent les marges du système électrique
En conséquence, le cours des quotas CO2 a chuté de 25 à 15 euros. Il est ensuite remonté à 20 euros, lorsque EDF a annoncé une réduction de sa production nucléaire à 300 térawattheures (TWh) en 2020, soit une baisse de 20 à 30 % par rapport aux cinq dernières années.
En effet, pour répondre à la baisse de demande, les producteurs ont diminué le recours aux moyens pilotables, ce qui a mécaniquement fait progresser la part des renouvelables. D'autant que mars et début avril « ont été particulièrement ventés et ensoleillés ». Parallèlement, la baisse de la production industrielle prive le système électrique de moyens d'ajustement de la demande à l'offre. France Stratégie explique que cette situation « [a généré] des épisodes de prix négatifs particulièrement longs », notamment le 13 avril, lundi de Pâques.
Dans ce contexte, l'institution estime que « la sécurité d'approvisionnement à très court terme s'en trouve fragilisée ». La note n'évoque pas d'éléments concrets pour étayer cette remarque. Elle cite plutôt deux événements récents, mais non liés à la crise sanitaire : le black-out du 9 août 2019, qui a affecté 1,15 million de consommateurs en Grande-Bretagne ; et les situations de « quasi-black-out » apparue en Allemagne en juin 2019. En creux, elle craint que l'équilibre offre/demande soit difficile à assurer cet hiver.