Le rythme actuel de développement des énergies renouvelables en France est insuffisant pour atteindre l'objectif officiel de 23% de la consommation finale brute d'énergie en 2020. "Alors que la part des énergies renouvelables dans la consommation finale brute d'énergie a progressé de 5,7 points en dix ans, elle devra progresser de 8,1 points supplémentaires durant les cinq prochaines années". En 2015, les renouvelables n'ont représenté que 14,9% de la consommation finale brute. "Les efforts restant à réaliser pour atteindre les objectifs de la fin de la décennie s'avèrent ainsi très importants. D'après le plan national d'action en faveur des énergies renouvelables, plus de 13 millions de tonnes équivalent pétrole supplémentaires de consommation annuelle d'énergies renouvelables seraient nécessaires d'ici 2020, alors que celle-ci n'a progressé que de 7,3 millions sur les dix dernières années".
Telle est la principale conclusion d'une note de la direction générale de l'énergie et du climat du ministère de l'Environnement qui dresse le bilan des énergies renouvelables en France en 2015.
Retard important dans l'éolien
Dans le cadre de la directive de 2009 relative à la promotion de l'utilisation de l'énergie produite à partir de sources renouvelables, la France est tenue d'atteindre une part de 23% de sa consommation finale brute d'énergie, dont au moins 10% pour le secteur des transports. Ces dix dernières années, la consommation finale brute d'énergies renouvelables a augmenté de 7,3 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep), soit une progression de 48%. Par ailleurs, la France a bénéficié d'une baisse globale de la consommation finale énergétique de 13,6 Mtep depuis 2005, soit un recul de 8%. Celle-ci est notamment liée à des conditions climatiques plus clémentes sur la période. Grâce à ces deux facteurs, la part des renouvelables dans l'ensemble de la consommation finale brute est passée de 9,5 à 14,9% entre 2005 et 2015. Toutefois, cela reste insuffisant puisque l'objectif intermédiaire fixé dans le plan national d'action en faveur des énergies renouvelables (PNA EnR) de 2010 était de 17%.
Exprimée en volume, la consommation d'énergies renouvelables aurait dû atteindre 27,4 Mtep. Elle n'est que de 22,7 Mtep, soit un retard de 17% par rapport à l'objectif fixé en 2010. Les transports offre un meilleur bilan : la part des renouvelables est passée de 2 à 8,5% dans ce secteur en dix ans, pour un objectif fixé à 7,7% en 2010.
Le retard concerne tout d'abord l'électricité renouvelable qui ne réalise que 87% de son objectif, et affiche un déficit de 1,2 Mtep. L'éolien, et dans une moindre mesure, la production d'électricité à partir de biomasse solide et de déchets, accusent le retard le plus important (0,9 Mtep). La hausse de production éolienne n'est que de 1,6 Mtep (soit 65% de l'objectif). Le ministère justifie ces mauvais résultats par le report de la mise en service des premiers parcs français offshore. Alors que le PNA EnR prévoyait une mise en production en 2012, les futures éoliennes en mer ne devraient pas produire leurs premiers électrons "avant la fin de la décennie". A l'opposé, avec une production de 0,7 Mtep, le photovoltaïque dépasse en 2015 son objectif pour 2020. Du côté des filières émergentes, la production d'électricité à partir de biogaz se développe comme prévu, alors que la géothermie et les énergies marines sont très nettement en retard. Parallèlement, l'hydraulique accuse une "baisse tendancielle" concrétisée par un recul de la production de 8% sur la décennie écoulée.
Chaleur et froid renouvelables pénalisés par le climat ?
Autre secteur en difficulté : la chaleur et le froid renouvelables. "Environ 76% de l'objectif prévu par le PNA EnR pour le chauffage et le refroidissement est atteint en 2015, soit un retard de 3,6 Mtep", constate la DGEC. Toutefois, ces résultats sont à relativiser, puisqu'ils s'expliquent en partie par les conditions climatiques qui ne sont pas prises en compte pour mesurer le respect de l'objectif européen. En effet, 2015 a été la troisième année la plus chaude en France, derrière 2011 et 2014, "ce qui a eu un impact notable sur le niveau de la consommation de biomasse solide pour le chauffage". Après correction des aléas climatiques, le secteur affiche toujours un retard "important", explique la note sans donner d'informations chiffrées. La consommation de bois des ménages atteint 90% du niveau attendu pour 2015, l'usage de biomasse solide par les réseaux de chaleur progresse et l'objectif 2020 pour les pompes à chaleur est déjà atteint. En revanche, le solaire thermique, la géothermie ou la valorisation thermique du biogaz "accusent un retard important sur la trajectoire prévue". Seules les pompes à chaleurs progressent correctement, puisque l'objectif 2020 est déjà atteint.
Enfin, reste le secteur des carburants qui, sans surprise, progresse conformément à la feuille de route fixée en 2010. "L'avance observée pour le biodiesel (108% du niveau attendu en 2015) compensant l'écart à la trajectoire constaté pour le bioéthanol (79%)", explique le ministère de l'Environnement.