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Martinique : un potentiel en ENR limité, la maîtrise d'énergie est une priorité

Du fait de son potentiel en énergies renouvelables limité, le territoire devrait rester très dépendant des énergies fossiles. La maîtrise de l'énergie semble donc être une nécessité alors que la population continue de croître.

Energie  |    |  S. Fabrégat
   
Martinique : un potentiel en ENR limité, la maîtrise d'énergie est une priorité
Saint-Pierre en Martinique sur fond de Montagne pelée
© JYF
   
La Martinique a une superficie de 1.128 km² et sa population s'élevait à 400.000 habitants en 2006, avec une densité très forte (l'une des plus élevée au monde) : 354 habitants au km². Contrairement à l'île voisine de la Guadeloupe, ce territoire reste encore plus que jamais tributaire des énergies fossiles, d'autant que sa facture énergétique ne cesse de croître. La Martinique est fortement dépendante des importations d'hydrocarbures et son potentiel en énergies renouvelables est limité. Par conséquent, la maîtrise des consommations d'électricité constitue un enjeu majeur à l'échelle de la région.

Une consommation d'électricité en hausse

Si la Martinique a une consommation d'énergie finale de 1,25 tonne équivalent pétrole (Tep) par habitant et par an, inférieure à la moyenne métropolitaine, la structure du parc de production d'électricité rend cette consommation très émettrice de gaz à effet de serre. Comme la production est à 97 % d'origine fossile, le contenu en CO2 d'un kWh électrique est donc dix fois plus important qu'en métropole ! Ainsi, le niveau des émissions de gaz à effet de serre par habitant (5.3 tCO2/hab annuellement tous secteurs confondus) se rapproche de la moyenne française.
Malgré une légère diminution de la consommation d'énergie finale (512.628 Tep en 2007 contre 519.526 en 2005), notamment issue de produits pétroliers (367.225 Tep en 2007 contre 376.717 en 2005), la consommation d'électricité augmente (118.454 Tep en 2007 contre 113.677 Tep en 2005), fortement poussée par le secteur du bâtiment.
Si le secteur des transports reste le principal consommateur d'énergie (51 %), la part de la consommation d'énergie dans le secteur de l'habitat et dans le secteur tertiaire augmente (respectivement de 3.7% et 5.5% entre 1999 et 2005). Augmentation du nombre de logements et des surfaces tertiaires, augmentation des usages (climatisation, eau chaude électrique…) sont à l'origine de cette hausse de la demande. La hausse de la consommation électrique est également caractérisée par une hausse nette des phénomènes de pointe.

Une production dominée par les énergies fossiles

La Martinique dispose d'un parc productif vieillissant, dont le déclassement progressif prévu à 2012 nécessitera un renouvellement et une hausse de la capacité de production. La production d'électricité repose aujourd'hui principalement sur des centrales thermiques et des turbines à combustion (pour les périodes de pointe). Les ENR contribuent à seulement 2 % de la production d'électricité, et encore essentiellement grâce à l'usine d'incinération des ordures ménagères. Le développement de l'éolien est récent et encore limité.
En 2007, les énergies renouvelables ont permis de produire 18.158 Tep contre 16.992 en 2005. La production d'énergie d'origine hydraulique était de 5 Tep, la production d'origine éolienne était de 125 Tep (contre 86 en 2005), le solaire photovoltaïque produisait 931 Tep (contre 710 en 2005), le solaire thermique 2.088 Tep (contre 2.197 en 2005), les autres énergies renouvelables (bagasse, UIOM) ont produit 18.158 Tep (contre 16.992 en 2005).

Un potentiel en énergies renouvelables contrasté

Si le potentiel éolien semble a priori important, il est limité par une densité de puissance plus faible qu'en métropole (40 % de moins environ). De plus, la densité de l'habitat sur la côte est très importante, ce qui réduit notablement la zone de prospection, les terrains sont très morcelés (beaucoup de parcelles pour une zone) et les meilleurs espaces (gisement supérieur à 7,5 m/s, très proche de la côte, sans habitat, superficie importante) sont à forte protection environnementale imposée par le Schéma d'aménagement régional. Le potentiel éolien martiniquais est donc limité à une zone située sur les hauteurs de Basse-Pointe pour une trentaine de MW.

La Martinique bénéficie par contre d'un gisement solaire important (moyenne de 5kWh/m²/jour) et relativement constant dans l'année. Ce potentiel permettrait d'électrifier des habitations par énergie solaire de manière autonome toute l'année mais aussi d'obtenir une production annuelle d'électricité solaire sur le réseau importante, sans grandes variations. Par contre, la demande d'eau chaude n'est pas générale (température ambiante de l'eau du robinet à 25°C), le développement de chauffe-eau solaire semble limité.

Des forages réalisés pour évaluer le potentiel géothermique du territoire ont révélé seulement 2 zones présentant des indices élevés de présence de sources à haute température, soit plus de 200°C et a priori exploitables. Mais ce potentiel géothermique reste à confirmer.

Enfin, la faible quantité de bagasse sur l'île semble limiter la production électrique à partir de biomasse.

La maîtrise de l'énergie : une priorité

Selon des études prospectives, la population atteindra 432.000 habitants en 2020 avec une parcellisation plus forte des foyers (2,25 personnes par ménage contre 2,7 en 2005). Le taux d'équipement des ménages devrait augmenter : +42 % pour la climatisation contre 19 % en 2005 et +73 % pour l'eau chaude sanitaire contre 50 %.
Le projet de Plan climat énergie de la Martinique a établi deux scénarios de consommations, l'un tendanciel, l'autre volontariste. Le premier évalue la consommation d'énergie à 7.300 GWh en 2025 (+26 % par rapport à 2005), le second à 5.400 GWh (-9 % en vingt ans). Les consommations d'électricité seraient respectivement de 2.300 GWh en 2025 (+75 %) et 1.470 GWh (+13 %).
EDF, qui assure une mission de service public mais est aussi le principal producteur de la région, a établi un scénario ''maîtrise de l'énergie renforcé'', basé sur une économie d'énergies de 15 % en 2020 dans le résidentiel comme dans le secteur productif. En puissance, cela permettrait d'éviter une quarantaine de mégawatts à la pointe.
Dans le résidentiel, il s'agirait d'opter pour des équipements performants (classe A, A+, A++ pour l'électroménager, lampes basse consommation, remplacement des chauffe eau électriques par des installations solaires…). L'équipement en climatisation doit être freiné par la rénovation des logements (isolation) ou des constructions performantes.
Dans le tertiaire et l'industrie, il s'agirait d'accroître l'efficacité des équipements (luminaires, détecteurs de présence, gestionnaires d'intermittence, climatisation…), de promouvoir l'isolation, les solutions centralisées performantes et les contrats de maintenance, et l'efficacité du froid (+15 %) grâce aux systèmes de limitation des pertes (rideaux, isolation, dégivrage performant). Enfin, l'électricité doit être utilisée de manière rationnelle en limitant ses usages thermiques dans l'industrie.

Réactions6 réactions à cet article

Maitrise de l'énergie

En France aussi la maitrise de l'énergie est et sera de plus en plus indispensable. Maitrise de l'énergie ce n'est pas seulement acheter des appareils plus performants c'est aussi et surtout aller vers un changement de type de consommation, une sobriété heureuse

jean-marie | 05 février 2010 à 12h32 Signaler un contenu inapproprié
ECS Solaire: potentiel faible, pour qui?

La production ECS par du solaire thermique représente un potentiel à ne pas négliger, et contrairement à ce que vous semblez avancer cette technologie est d'autant plus intéressante à déployer que l'eau froide est à 25°C : à consommation constante, une installation autonome nécessite beaucoup moins de surface de panneaux que dans des zones ou l'eau froide est à 4°C... et cela participe évidemment à réduire la demande globale en électricité ou en fuel.
bien sûr ça n'intéresse pas tellement les financiers qui cherchent du rendement uniquement sur l'obligation de rachat de l'électricité d'origine photovoltaïque...la question de l'objectif de la maîtrise de la demande est pour eux une donnée annexe et pas leur problème central

sylvain | 11 février 2010 à 09h03 Signaler un contenu inapproprié
"son potentiel en énergies renouvelables limité"..

je ne comprends pas un truc...
Que je sache, il s'agit au contraire d'un des départements de France ayant un des meilleurs potentiels en énergie renouvelable...

la géothermie (la plus grosse centrale de France est en Guadeloupe 971 à bouillante et en projet à "Madinina" 972), l'éolien grâce aux Alizées, le solaire grâce à sa latitude, la biomasse (avec par exemple la bagasse : restes de canne à sucre après extraction du jus) et même la force marine (privilège îlien) sans compter les cours d'eau...

Du coup, je reste un peu perplexe par l'intro de cet article.

Qu'il soit mal exploité, pas assez sollicité et qu'il y ai du boulot dans le domaine : OUI.

Mais que l'on dise "son potentiel en énergies renouvelables limité": non... ou alors je n'ai rien compris ?

Anonyme | 11 février 2010 à 15h28 Signaler un contenu inapproprié
Re:

Il ne faut pas confondre Guadeloupe et Martinique... Si la première a un fort potentiel en énergies renouvelables, la seconde est limitée, que ce soit pour l'éolien, la géothermie, l'hydraulique ou la bagasse. Ces deux territoires sont très différents et n'ont pas à faire face aux mêmes problématiques.

Sophie Fabrégat | 11 février 2010 à 15h57 Signaler un contenu inapproprié
Re:Re:

Merci de votre réponse.
Néanmoins, je ne pense pas confondre Guadeloupe et Martinique.
Un potentiel est une chose. Son exploitation en est une autre.
Que l'exploitation soit mal faite ou peu exploitable pour des raisons humaines semble indéniable... le potentiel naturel important et non "limité" me semble tout aussi indéniable.
Je ne critique pas le contenu de l'article... je critique l'accroche qui ne reflète ni la réalité ni le reste de l'article.

Anonyme | 11 février 2010 à 16h07 Signaler un contenu inapproprié
Martinique

Totalement d'accord avec votre article. Ne pas négliger l'aspect "pompage thermique" qui permettrait de capter l'énergie par différentiel de Temperature, comme prévu sur l'Ile de la Réunion, et qui serait bien moins coûteuse en Martinique , vu le relief sous marin. Tout ceci pour compenser parteiellemnt l'exéguité du territoire.

JCBAMS | 12 février 2010 à 11h54 Signaler un contenu inapproprié

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