Quel regard portent les professionnels du secteur sur le pré-rapport de Monsieur Charpin et Monsieur Trink ? Jeudi dernier, le Syndicat des énergies renouvelables (SER) jugeait "urgent que le gouvernement fasse connaître ses propositions." Ce lundi, l'association Enerplan, qui regroupe des professionnels de l'ensemble de la filière solaire, présentait son point de vue : l'association juge difficile, voire impossible, l'arbitrage gouvernemental.
"À la première lecture, nous étions satisfait car le rapport reflète bien les discussions", explique Richard Loyen, délégué général d'Enerplan. L'association a notamment retrouvé noir sur blanc certaines propositions des professionnels du secteur, telles que l'objectif annuel porté à 700 MW, voire 1000, la formulation d'objectifs sous forme de charge CSPE, et non plus en puissance installée, et une possible différentiation des tarifs d'achat selon des zones géographiques.
Le rapport ne chiffre pas les propositions des professionnels
Cependant, une lecture plus approfondie soulève certaines critiques. En effet, "les débats sont bien rapportés mais les conclusions ne reprennent pas à leur compte les propositions formulées", regrette Richard Loyen, ajoutant qu'"il n'y a pas de trace du scénario proposé pas les professionnels sur la base des travaux d'Hepsul."
Pour l'association, "le pré-rapport ne donne [donc] pas au gouvernement les moyens de trancher." "S'agissant des éléments que nous jugeons positifs, le rapport ne se prononce pas, ne les chiffre pas et ne donne pas au gouvernement les moyens de prendre une décision politique", estime le délégué général de l'association qui regrette que "seul le scénario de la Direction générale de l'énergie et du climat (DGEC) est repris et chiffré dans le document."
De même le calendrier des jours à venir illustrerait la main mise des services de l'Etat sur la décision du gouvernement. En effet, Enerplan rapporte que le rapport final de Monsieur Charpin et Monsieur Trink sera remis aux ministres mardi 15 février ou mercredi 16, alors que la rédaction par le DGEC du projet d'arrêté instaurant le futur cadre tarifaire pourrait être achevée ce lundi. "Dans ces conditions il n'y a pas d'arbitrage possible", estime Richard Loyen.
Une dernière réunion tendue
Etant donnée l'absence de scénarios alternatifs chiffrés, la dernière réunion de la concertation photovoltaïque "a été agitée", rapporte Richard Loyen, délégué général d'Enerplan.
Enfin, bien que le décret instituant le moratoire ne concerne pas le marché des installations des logements particuliers, d'une puissance inférieure à 3 kilowatts crête (kWc), "le secteur résidentiel est atone car le moratoire change le regard porté sur le photovoltaïque." Pour les professionnels du secteur, le public associe maintenant le photovoltaïque à la hausse des tarifs électriques, renvoyant ainsi une image négative. La bataille politique de l'opinion a-t-elle été perdue par le secteur de l'énergie solaire ? Aujourd'hui "c'est possible", estime Richard Loyen qui juge néanmoins que les professionnels auront l'occasion de présenter une meilleure image du secteur à l'occasion de l'élection présidentielle de 2012.