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Protection de l'océan : des promesses pour relancer l'action internationale

Le sommet One Ocean Summit s'est achevé vendredi 11 février. Les pays présents, l'Union européenne, mais également des parties prenantes ont pris des engagements pour protéger l'océan. Ceci en prévision des prochains rendez-vous sur le sujet.

Eau  |    |  D. Laperche
Protection de l'océan : des promesses pour relancer l'action internationale

« Le rendez-vous de Brest restera dans l'histoire pour le meilleur, mais peut-être aussi pour le pire, mesdames et messieurs à vous de jouer maintenant », a lancé Erik Orsenna, membre de l'Académie française lors de la clôture des échanges du One Ocean Summit.

La France veut faire de cet événement une boussole pour orienter et « relever le niveau d'ambition de la communauté internationale sur les sujets maritimes ». Il a rassemblé dans cet objectif une quarantaine (1) de pays, la présidente de la Commission européenne et le président du Conseil. Et se place en amont d'une série de rencontres qui aborderont des enjeux forts pour l'océan. « L'année 2022 sera décisive, a pointé Emmanuel Macron. Nous devons prendre des engagements clairs et fermes. J'essayerai de le faire pour ce qui concerne la France. Ces engagements pris doivent structurer les prochains mois. »

Vers un accord contraignant sur la pollution plastique ?

Le premier rendez-vous de ce calendrier mettra sur le devant de la scène la pollution plastique. Il se tiendra fin février, à Nairobi, à l'occasion de l'Assemblée des Nations unies pour l'environnement. En jeu :  la conclusion d'un accord international contraignant pour interdire les plastiques à usage unique. Pour commencer à insuffler une dynamique sur le sujet, plusieurs engagements ont été pris à Brest. Ainsi un certain nombre d'États et d'entreprises ont rejoint « l'engagement mondial pour une nouvelle économie des plastiques  (2) », porté par la Fondation Ellen-MacArthur.

Autre pas effectué pour préparer l'accord de Nairobi : la mobilisation de la France et de l'Inde dans une initiative à visée multilatérale sur l'élimination de la pollution due au plastique à usage unique. D'un point de vue financier, l'initiative mondiale Clean Oceans (3) – qui soutient les projets pour réduire la pollution plastique marine – voit son financement doubler. Les institutions bancaires (4) à l'origine de sa création ont annoncé qu'elles mettraient sur la table 4 milliards d'euros de financements d'ici à la fin de 2025, au lieu des 2 milliards prévus d'ici à 2023.

Pour ce qui concerne plus particulièrement la France, Emmanuel Macron a indiqué que le gouvernement a identifié cinquante décharges littorales considérées comme prioritaires, à traiter dans la décennie qui vient. Ces sites présentent, en effet, un risque de rejet de déchets vers la mer, notamment en plastique. Et l'augmentation de l'érosion et des inondations liées au changement climatique pourraient aggraver le phénomène. Les trois déchèteries les plus critiques - celles de Dollemard, en Seine-Maritime, de Fouras, en Charente-Maritime, et de l'anse Charpentier, en Martinique - devraient être prises en charge cette année.

Reprise des négociations pour un accord sur la haute mer en mars

Autre repère important pour l'avenir des océans : la quatrième session de la conférence intergouvernementale sur un instrument international juridiquement contraignant sur le droit de la mer se tiendra en mars à New York. Cet accord dit BBNJ (5) visera la protection de la biodiversité marine dans les zones situées au-delà des juridictions nationales. Dans la perspective de ces négociations, les 27 États membres de l'Union européenne et 16 pays tiers ont lancé la Coalition de la haute ambition pour un traité de la haute mer. « L'expérience montre que lorsqu'il y a une coalition d'actions avec des États significatifs qui s'engagent à la veille d'une négociation comme celle qui sera engagée en mars, cela fait la différence et cela permet de faire la bascule et d'obtenir l'ambition que nous souhaitons porter », estime l'Elysée.

Le One Ocean Summit garde également dans sa ligne de mire la conférence des Nations unies sur les océans de Lisbonne, prévue pour fin juin 2022. Celle-ci va notamment se pencher sur les innovations envisageables pour protéger les écosystèmes maritimes.

La Commission européenne a profité du One Ocean Summit pour annoncer le lancement de sa mission pour restaurer les océans et les milieux aquatiques d'ici à 2030. Cette dernière sera dotée de 500 millions d'euros. « Notre programme océanique se concentrera sur les cinq mers européennes et testera des solutions correspondantes aux problèmes identifiés, a exposé Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. En Méditerranée, notre mission sera de prévenir et d'éliminer la pollution. En Baltique et mer du Nord, nous regarderons comment décarboner le transport maritime et électrifier les ports. »

Création d'un jumeau numérique de l'océan

Le One Ocean summit s'est également penché sur le besoin d'améliorer la connaissance des océans. La contribution de la Commission européenne à cette question repose sur un projet de simulation numérique des océans. L'outil devrait être opérationnel à l'horizon 2024.

L'Unesco s'est, quant à elle, engagée à ce qu'au moins 80 % des fonds marins soient cartographiés d'ici à 2030.

« Nous avons besoin de consolider le dialogue entre les scientifiques et les décideurs, a pointé Emmanuel Macron. Nous allons y travailler dans les prochains mois. On voit bien comme le Giec [Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat] a permis de progresser sur le climat. Il faudrait avoir le même degré de maturité pour les océans. »

Si le président français n'a pas abordé la question sensible de l'exploitation minière des hauts fonds marin, il est, en revanche, revenu sur l'exploration, argumentant que celle-ci devrait permettre l'amélioration des connaissances scientifiques.

Structuration d'un marché du carbone bleu

Autre rendez-vous à inscrire au calendrier pour l'océan : la COP 27, organisée, en novembre prochain, en Égypte. Objectif : remettre l'océan au cœur de l'agenda climatique, notamment pour ce qui concerne la restauration des puits de carbone de ce milieu.

Afin d'appuyer les projets de protection et de restauration d'écosystèmes comme les prés salés, les prairies sous-marines ou les mangroves, la Coalition internationale pour le carbone bleu a été lancée par la France et la Colombie. Selon l'Élysée, le marché est aujourd'hui sous-financé, mal structuré, sans standards communs, mais compte de nombreux acteurs privés intéressés pour compenser leurs émissions via des crédits carbone.

Normalement prévu à l'été 2022, la quinzième réunion de la Conférence des parties (COP 15) à la Convention sur la diversité biologique, en Chine, devrait, quant à elle, permettre de revenir sur la question de la création d'aires marines protégées. « Elle doit graver dans le marbre l'objectif de protection de 30 % des espaces maritimes », a souligné Emmanuel Macron.

Supprimer les subventions à la surpêche et la pêche illicite

Les questions liées à la surpêche et la pêche illicite devraient être approfondies à Genève, lors de la douzième conférence ministérielle de l'OMC. Initialement prévue en 2021, celle-ci a été finalement reportée en raison de l'épidémie de Covid. Pour l'instant, aucune nouvelle date n'a été fixée. « Nous devons aboutir à un accord pour supprimer les subventions à la surpêche et la pêche illicite, a projeté Emmanuel Macron. Cet accord pourrait être le premier sous l'égide de l'OMC avec pour objectif la protection de la biodiversité. »

Échouages de cétacés dans le golfe de Gascogne : une situation « insatisfaisante »

« Concernant les échouages de cétacés dans le golfe de Gascogne, la situation n'est pas satisfaisante aujourd'hui, a reconnu Emmanuel Macron. Les travaux de recherche scientifique devraient se poursuivre avec une nouvelle campagne d'observation. Le gouvernement devrait également accentuer le déploiement des répulsifs acoustiques de type "pingers". »

De la même manière, pour éviter que les tortures de mer se retrouvent dans les filets de pêche, une nouvelle génération de filets devrait être déployée : les Turtle Excluder Device (Ted), qui permettent aux tortues de s'échapper. La réglementation devrait évoluer en ce sens.

« Pour diminuer les collisions avec les cétacés, la France, l'Italie, l'Espagne et Monaco vont demander la création d'une zone maritime particulièrement vulnérable dans laquelle la vitesse de navigation sera réduite », a également indiqué Emmanuel Macron. Cette proposition sera soumise à l'OMI en décembre 2022.

Parmi les jalons du One ocean summit figure l'engagement de plusieurs pays européens dont l'Espagne, l'Italie, le Danemark, le Portugal à renforcer la surveillance de la pêche illégale à travers une action de coordination des marines d'État. Autre apport important sur cette question : six pays se sont engagés à ratifier avant la date butoir d'octobre 2022, l'Accord du Cap de l'Organisation maritime internationale. Atteignant ainsi le nombre nécessaire à son application. « L'Accord du Cap permet de fixer des normes de sécurité́ pour les navires, notamment les navires de pêche. C'est un enjeu social très important parce qu'il y a sur certains des navires qui pratiquent notamment la pêche illicite et la pêche illégale, des vrais problèmes d'esclavagisme moderne », explique l'Élysée.

Dans le cadre du One Ocean summit, deux pays supplémentaires – dont le Maroc - se sont engagés à mieux contrôler les activités de pêche au niveau des ports de débarquement, à travers l'accord relatif aux mesures de l'état du port de la FAO.

Décarboner le transport maritime

Autre enjeu de la douzième conférence ministérielle de l'OMC : décarboner (6) le transport maritime. Un certain nombre de premiers pas a été annoncé à Brest : l'engagement de 22 armateurs européens dans le label Green marine europe, (7) portée par la Fondation Surfrider Europe ainsi que la volonté du Cluster maritime français de développer des bateaux zéro émission.

Les quatre plus grands armateurs européens (8) , Maersk, MSC, CMA-CGM et Hapag lloyd, étaient également présents lors de l'événement. S'ils ont indiqué vouloir s'engager dans la décarbonation du secteur, ils ont dans le même temps appelé à la mise en place d'un marché du carbone mondial.

Pour limiter la pollution atmosphérique dans les villes portuaires, 35 acteurs, dont 18 grands ports européens  (9) et mondiaux, se sont engagés à accélérer la fourniture d'électricité́ aux navires en escale. L'objectif : le déploiement de branchements électriques à quai, notamment en faveur des navires de croisières et des porte-conteneurs, d'ici à 2028.

Reste désormais à voir si ces rendez-vous permettront réellement de s'acheminer vers une plus forte protection des océans.

1. 1) Allemagne, la Barbade, Canada, Chine, Chypre, Colombie, Comores, Congo, Corée du Sud, Costa- Rica, Côte d'Ivoire, Croatie, Égypte, Espagne, États-Unis, France, Gabon, Ghana, Grèce, Inde, Irlande, Islande, Italie, Japon, Madagascar, Malte, Maroc, Mexique, Monaco, Namibie, Norvège, Palaos, Panama, Papouasie-Nouvelle Guinée, Portugal, Royaume-Uni, Sénégal, Seychelles, Tanzanie, Tonga, Tunisie. 2. Se renseigner sur l'engagement mondial pour une nouvelle économie des plastiques
https://www.upmraflatac.com/fr/emballage-durable/partenariats/la-fondation-ellen-macarthur/#:~:text=UPM%20Raflatac%20a%20sign%C3%A9%20l,des%20gouvernements%20et%20des%20ONG
3. En savoir plus sur Clean Oceans
https://www.actu-environnement.com/dit-aujourdhui/773-63.html
4. L'Agence Française de Développement (AFD), la Banque européenne d'investissement (BEI) et la KfW, agissant au nom de la République fédérale d'Allemagne, se sont engagées à doubler l'objectif de l'initiative Clean Oceans, conjointement avec Cassa Depositi e Prestiti (CDP), l'institution italienne de promotion économique et de coopération au développement, et ICO, la banque espagnole de promotion économique. Ces institutions ont également accueilli un nouveau membre : la Banque européenne pour la reconstruction et le développement.5. Biodiversity Beyond National Jurisdiction6. « Si le transport maritime était un pays, il serait le plus 8e plus grand émetteur de gaz à effet de serre, a rappelé John Kerry, l'envoyé spécial pour le climat des États-Unis, en lors de son allocution. Ce secteur n'est pourtant pas couvert comme le secteur du transport aérien par l'Accord de Paris. 7. Ce label s'appuie sur 8 critères : le bruit sous-marin, les émissions atmosphériques polluantes, les émissions de gaz à effet de serre, les espèces aquatiques invasives, la gestion des matières résiduelles, les rejets huileux, et le recyclage des navires.

8. représentant 55% du transport mondial de conteneurs dans le monde9. Les ports de Brème, Hambourg, Anvers-Zeebrugge, North sea Ports, Ostende, Montréal, Busan, Copenhague, Osaka, Kobe, Yokohama, Tokyo, Amsterdam, Rotterdam, Göteborg, Malmö, Tanger, ainsi que la Banque Européenne d'Investissement

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