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Environnement et climat : des engagements lors du G7, mais pour plus tard

Réunis au Japon, les pays les plus riches du monde ont reconnu l'ampleur de la crise environnementale et climatique mondiale et décliné leurs engagements pour y remédier. Mais sans beaucoup de mesures concrètes.

Gouvernance  |    |  N. Gorbatko
Environnement et climat : des engagements lors du G7, mais pour plus tard

C'est à Sapporo, cinquième ville du Japon, que les ministres de l'Environnement, de l'Énergie et du Climat des sept pays les plus riches du monde se sont réunis, du vendredi 14 avril au dimanche 16 avril, pour discuter des grands enjeux écologiques de la planète. Un rendez-vous en guise de baromètre pour mesurer leur implication sur l'ensemble de ces sujets, à mi-parcours entre plusieurs étapes importantes telles que la COP 15 sur la biodiversité de décembre dernier à Montréal et la future COP 28 de cet automne, à Dubaï.

De fait, sous la forme d'un document fleuve d'une trentaine de pages balayant l'ensemble des préjudices subis par la planète, leur communiqué final révèle leur inquiétude face à cette « triple crise mondiale », matérialisée par le changement climatique, la perte de biodiversité et la pollution. Trois questions encore accentuées par la guerre en Ukraine, « qui se renforcent mutuellement et sont intrinsèquement liées », souligne-t-il. Appelant à « une action urgente et renforcée », cette publication retranscrit la longue liste des engagements des gouvernements pour maintenir ou accélérer leurs efforts, au cours de cette décennie « critique ». Un progrès, mais qui renvoie surtout les décisions concrètes aux nombreuses conférences et sommets internationaux à venir : sur l'aviation, l'eau, la biodiversité, les produits chimiques ou encore les océans.

Protection des écosystèmes

Forêts, terres, eau douce, océans… Les représentants des pays du G7 insistent largement sur la nécessité de protéger les écosystèmes, en travaillant notamment avec « les organisations internationales compétentes », comme celles liées à l'Organisation des Nations unies (ONU), et de respecter le cadre mondial pour la biodiversité (GBF), élaboré en décembre dernier à Montréal. Ils promettent ainsi de mettre rapidement à jour leur stratégie nationale en la matière, en l'alignant sur ce cadre, ou de fixer des objectifs nationaux cohérents avec ses objectifs : soit dès 2023, soit suffisamment en amont de la COP 16. Ils s'engagent à contribuer à la finalisation des mécanismes de planification et de suivi nécessaires, mais également à accompagner plus de 150 pays en développement dans cette démarche.

Ils se félicitent aussi des autres initiatives prises dans ce cadre, comme la mise en place d'un instrument international juridiquement contraignant à travers le nouveau Traité international pour la protection de la haute mer (BBNJ). Ils déclarent ainsi vouloir adopter, de toute urgence, des propositions de désignation d'aires marines protégées dans l'océan austral, l'Antarctique oriental et occidental, « sur la base des meilleures preuves scientifiques disponibles ». En tant que membres de l'Autorité internationale des fonds marins, ils ne donneront leur consentement à de futurs permis miniers en eau profonde que si l'absence de graves dommages pour ce milieu est garantie par des connaissances solides, certifient-ils. Une approche saluée par One Ocean, même si l'association estime le seuil de « grave dommage » trop élevé et si elle aurait préféré un véritable moratoire sur toute activité minière dans cet environnement.

Lutte contre la pollution

Parallèlement à leur valorisation de l'approche « One Health », appelée à se renforcer, et à leur volonté de lutter contre les écocides par la coopération internationale, les ministres placent aussi la prévention des multiples pollutions au cœur de leur message. À ce titre, ils reconnaissent notamment l'utilité de l'agroécologie. Ils se disent aussi favorables à une meilleure gestion des produits chimiques et de leurs risques : des rejets de perturbateurs endocriniens, notamment, de la persistance dans l'environnement de plomb ou encore, c'est une première, de substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS). Soucieux de la qualité de l'air, ils encouragent aussi le développement d'une coopération plus large en matière de transport aérien.

“ Un changement urgent et transformateur est nécessaire pour combler le déficit d'investissement ” G7

Mais c'est surtout la pollution due aux plastiques, notamment en mer, qui retient leur attention. Dans le but de « réduire à zéro la pollution plastique supplémentaire d'ici à 2040 », ils se disent déterminés à poursuivre et intensifier leurs actions « sur la base d'un cycle de vie complet », incitant l'ensemble des parties prenantes à contribuer à l'accord international juridiquement contraignant en cours d'élaboration. Examiné en juin prochain à Paris, « il devra être un instrument clef pour nous attaquer à l'une des plus grosses sources de pollution de notre temps, observe Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique. Nous aurons la responsabilité d'obtenir des avancées significatives sur son contenu et ses ambitions ».

Sobriété et circularité

Dans le respect des Objectifs de développement durable (ODD) de l'ONU, les représentants des pays riches soulignent par ailleurs leur volonté de promouvoir des modèles de production et de consommation économiquement et socialement plus responsables : moins polluants, générant moins de déchets, moins gourmands en ressources, circulaires, plus inclusifs. Une démarche qui concerne tous les secteurs, même les plus ignorés par la critique jusque-là, comme la mode, le tourisme ou l'agriculture.

Les risques climatiques et liés à la nature devraient influencer les décisions d'investissement, avancent aussi les ministres. À cette fin, ceux-ci s'engagent à renforcer leurs efforts « pour mettre en œuvre et promouvoir une combinaison de mesures politiques contraignantes et non contraignantes efficaces qui encouragent la durabilité et la résilience dans les chaînes de valeur ».

Pas de véritable frein aux énergies fossiles

Les ministres réitèrent surtout leur volonté d'œuvrer à la réduction des émissions de GES, par des actions « rapides et de grande envergure », dans tous les secteurs, afin d'atteindre les objectifs de l'Accord de Paris. « Y compris par le biais des législations, des politiques économiques, fiscales ou fondées sur le marché », insistent-ils. Ils appellent donc toutes les parties, et notamment les grandes économies, à aligner leurs trajectoires sans plus attendre, en mobilisant tous les leviers : décarbonation du secteur routier, maritime et aérien, tarification carbone, développement des produits et services zéro émission, économies d'énergie, changement des comportements de consommation, réduction de l'utilisation des énergies fossiles…

Sur ce dernier point, le G7 se prononce pour le déploiement des énergies décarbonées et adopte un objectif collectif sur l'éolien offshore (150 gigawatts d'ici à 2030) et sur le solaire photovoltaïque (plus d'un térawatt d'ici à 2030). Il souligne aussi le rôle des petits producteurs et des communautés énergétiques citoyennes. En revanche, il se garde de proposer une feuille de route claire pour une sortie des énergies fossiles, se contentant d'affirmer la nécessité d'arrêter la construction de nouvelles centrales au charbon. « Leur engagement à éliminer progressivement les combustibles fossiles est frivole et plein de lacunes », juge Harjeet Singh, responsable de la stratégie politique mondiale du Climate Action Network (CAN) International. Selon Masayoshi Iyoda, chef d'équipe du collectif d'ONG 350.org au Japon, son pays aurait « fortement » repoussé l'inclusion d'une date limite pour l'élimination progressive de la production d'électricité au charbon. Une trahison, estime Norly Mercado, directeur régional du collectif pour l'Asie. « Le Japon ne peut pas simplement financer des accords de transition énergétique, d'une part, et exporter une technologie obsolète de combustibles fossiles, de l'autre » souligne-t-il. La fin des investissements dans le gaz, eux aussi favorisés par le Japon, n'a pas non plus été soutenue par les États-Unis ni le Royaume-Uni.

Soutien à la technologie et financements

Si les participants au G7 valorisent les solutions fondées sur la nature, auxquelles ils souhaitent accorder plus de financements, notant au passage que « les innovations seules ne seront pas suffisantes pour atteindre nos objectifs climatiques et environnementaux », ils insistent cependant sur l'importance de la recherche et du développement des technologies liées à l'énergie et au climat, notamment la production d'hydrogène, les batteries, le captage et le stockage du carbone. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) estime que près de la moitié des réductions d'émissions nécessaires d'ici à 2050 proviendront de technologies qui n'ont pas encore été commercialisées à grande échelle, soulignent-ils.

Enfin, les ministres notent l'importance des ressources financières à mobiliser pour faire face à la crise écologique et la nécessité d'impliquer dans ce domaine le privé comme le secteur public, les États comme les instances internationales, sans exclure de ces aides les populations les plus en marge du système. « Un changement urgent et transformateur est nécessaire pour combler le déficit d'investissement », insistent-ils. Ils affirment ainsi vouloir contribuer au lancement du fonds créé en appui à la mise en œuvre du cadre mondial pour la biodiversité, sous l'égide du Fonds pour l'environnement mondial (FEM). Le Sommet pour un nouveau pacte mondial de financement organisé en juin prochain par la France, à Paris, devrait aussi participer à une meilleure orientation des flux et à un soutien plus important envers les pays vulnérables au changement climatique et à la dégradation de leur environnement.

Des appréciations hétérogènes

Préoccupés par « les incitations, y compris les subventions, nuisibles à la biodiversité », les ministres affirment par ailleurs l'intention de leur gouvernement d'intégrer le climat et l'environnement dans leurs politiques, leurs investissements, leurs opérations et leur gouvernance, invitant les institutions financières internationales à faire de même. Ils s'engagent aussi à publier leurs comptes environnementaux régulièrement. « Nous continuons à soutenir le programme de l'International Sustainability Standards Board pour développer une référence pour les normes de reporting sur la durabilité et ses futurs travaux », indiquent-ils.

Christophe Béchu et Agnès Pannier-Runacher saluent les « belles avancées » de ce G7, mais tous ne partagent pas complètement leur enthousiasme. « Il n'y a pas d'accord mesurable sur l'utilisation d'autres ressources énergétiques renouvelables durables, comme l'éolien terrestre, la géothermie. Et aucun objectif sur l'efficacité énergétique à l'échelle de l'économie », relève ainsi Stephan Singer, conseiller principal pour le CAN International. Pour Glen Klatovsky, P-DG du CAN Australie, la réunion reste « encore loin de ce qui est requis. (…) Il est temps d'aligner les ambitions et les actions des nations les plus riches avec les impératifs clairs décrits par la science. Nous avons besoin d'une transition rapide et juste où les nations les plus touchées par le changement climatique, dont la plupart sont de petits émetteurs, sont soutenues par les nations qui ont le plus profité de l'industrialisation ».

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