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Actu-Environnement

Pesticides : une enquête alerte sur l'exposition des salariés viticoles

Si le panel suivi est trop faible pour pouvoir en tirer des conclusions applicables à l'ensemble de la population, l'enquête réalisée par Générations futures met en lumière l'exposition multiple aux pesticides des travailleurs viticoles, peu étudiée.

L'association Générations futures a présenté ce mardi 19 février une enquête sur l'exposition aux pesticides des salariés viticoles (1) et des riverains d'une commune du vignoble bordelais, Listrac-Médoc.
A l'origine de cette enquête, Marie-Lys Bibeyran, salariée agricole dont le frère, salarié viticole également, est décédé en 2009 des suites d'un cancer, et qui a entamé des démarches pour faire reconnaître post mortem comme maladie professionnelle le cancer de son frère. "C'est une démarche très longue et très complexe. J'ai eu de grandes difficultés à obtenir la liste des substances auxquelles il a été exposé et j'ai subi de nombreuses pressions", explique Marie-Lys Bibeyran, qui espère que cette étude entraînera une prise de conscience tant chez les travailleurs qu'au niveau des pouvoirs publics.

Un début de prise de conscience ?

"La filière viticole bio est l'une des filières végétales bio les plus dynamiques en France", note l'Agence bio sur son site Internet. Entre 2008 et 2011, les surfaces du vignoble bio français ont presque triplé, atteignant 61.055 ha, répartis sur 4.692 exploitations.
"Au total, les surfaces certifiées bio et en conversion représentaient, fin 2011, 7,4% du vignoble national".
La démarche Haute valeur environnementale (HVE) a également séduit les viticulteurs, qui étaient parmi les premiers à vouloir obtenir cette reconnaissance officielle.
Ces tendances révèlent-elles une prise de conscience de l'impact des nombreux traitements infligés à la vigne conventionnelle ? Pas totalement, répondent les observateurs. La reconnaissance, par l'Union européenne en février 2012, de la mention "vin bio", a sans doute eu un impact sur les conversions. Idem pour la démarche HVE. Ces mentions constituent un formidable atout marketing, notamment pour l'exportation.

L'enquête (2) , qui porte sur un échantillon réduit de 25 personnes, "n'a pas une vocation scientifique", explique François Veillerette, porte-parole de Générations futures. Elle tend à alerter sur la situation d'une population peu étudiée : les salariés viticoles qui ne manipulent pas les substances et qui n'ont donc aucune protection pour réaliser leur travail. "Il y a bien des délais de réentrée, de 12h à 48h, pendant lesquels on ne peut pas intervenir sur les vignes traitées. Mais ces délais ne sont pas toujours respectés, tout comme l'interdiction d'épandage lorsqu'il y a du vent, et ils ne sont pas suffisants", souligne la salarié agricole. Pourtant, ces salariés viticoles sont exposés indirectement à plus de dix traitements annuels (4769), avec un traitement herbicide au printemps et à l'automne et un traitement tous les quinze jours en moyennes de pesticides entre le 15 avril et la pré-vendange. Sans compter les traitements spécifiques, pour lutter contre les agressions occasionnelles.
Pour le porte-parole de Générations futures, "les résultats de notre enquête sont tellement nets qu'il y a tout lieu de croire qu'une étude scientifique sur un échantillon plus large parviendrait aux mêmes conclusions".

Plus exposés en nombre de molécules et en quantité

L'enquête a consisté à rechercher les traces de 35 pesticides d'usage courant en viticulture dans les cheveux de 25 personnes du médoc bordelais (15 salariés viticoles, 10 non salariés riverains des vignes et 5 témoins vivant loin des vignes). Pourquoi les cheveux ? "Ils enregistrent les expositions sur plusieurs mois", explique Vincent Peynet, directeur du laboratoire Kudzu Science, qui a mené les analyses. En effet, les vaisseaux sanguins qui irriguent la racine des cheveux véhiculent les substances auxquelles l'organisme est exposé. Ces molécules sont fixées dans le cheveu et bénéficient d'une bonne stabilité dans le temps. En poussant en moyenne d'un centimètre par mois, le cheveu permet donc de reconstituer l'historique d'une exposition. Ils sont lavés avant d'être analysés, afin d'éviter toute contamination extérieure.

“ Ces substances peuvent être dangereuses même à faible dose, et l'effet cocktail peut en décupler les impacts. ” François Veillerette

L'étude révèle que l'on retrouve onze fois plus de résidus de pesticides chez les salariés viticoles que chez les non professionnels habitant loin des vignes, et cinq fois plus de résidus chez les riverains des vignes que chez ceux qui habitent loin de ces cultures. Les salariés viticoles sont plus exposés en termes de nombre de molécules retrouvées mais aussi de quantités mesurées. Or, 45% des molécules retrouvées sont classées cancérigènes possibles en Europe ou aux Etats-Unis et 36% sont suspectées d'être des perturbateurs endocriniens.

Ainsi dans la population suivie, sur 35 substances recherchées, treize n'ont jamais été détectées, ce qui signifie qu'en revanche, 62,9% des molécules ont été détectées au moins une fois. De même, 31,25% ont pu être quantifiées, c'est-à-dire que leur présence était supérieure à la limite de quantification possible avec la méthode d'analyse utilisée.

Les salariés viticoles sont exposés en moyenne à 6,6 substances, dont 1,93 ont pu être quantifiées. Quatre salariés agricoles sur quinze présentent une exposition à dix pesticides différents. "Or ces substances peuvent être dangereuses même à faible dose, et l'effet cocktail peut en décupler les impacts", souligne François Veillerette.

Chez les salariés viticoles exposés directement aux pulvérisations, moins de molécules ont été détectées (6,44) que chez les salariés non exposés (6,83), mais en plus grande quantités (respectivement 2,11 et 1,67).

Dans la population des non salariés, le nombre de molécules détectées passe à 1,80 en moyenne, dont 0,10 quantifiables. Les riverains des vignes sont plus exposés : 3 molécules détectées en moyenne (0,2 quantifiable) contre 0,6 molécule pour les non riverains (0 quantifiable).

Des produits spécifiques aux vignes chez les salariés

Les molécules les plus retrouvées chez les salariés agricoles sont trois fongicides : le boscalid, le fenhexamid et le tebuconazole, respectivement dans 100%, 93% et 73% des échantillons. Ces substances sont utilisées dans la vigne, mais aussi en arboriculture et dans d'autres cultures. Le boscalid et le fenhexamid étaient quantifiables dans 60% des échantillons des salariés viticoles. Ils font également partie des composés le plus retrouvés chez les non salariés viticoles, respectivement à 60% et 30%, mais dans des proportions non quantifiables.

En revanche, "les salariés sont exposés à des pesticides spécifiques, qui ne sont pas détectés dans la population des non-salariés viticoles", analyse l'étude. Quatre fongicides n'ont été détectés que chez les travailleurs agricoles : le cyprodinil, le fludioxinil, le mepanipyrim et le fluazinam. De même, quatre des huit pesticides les plus fréquents dans la population des salariés viticoles sont plus retrouvés chez les riverains des vignes.

1. Consulter le rapport de l'enquête
http://generationsfutures.mailerlite.fr/links/view/207701/67232978/1602557/e6t2z0w/n4z9/429082900/
2. Consulter les résultats de l'enquête
http://generationsfutures.mailerlite.fr/links/view/207701/67232978/1602556/f6t5g2v/n4z9/429082900/

Réactions5 réactions à cet article

LA VIE DES HOMMES ET LEURS DEVENIR SE SITUENT DE PLUS EN PLUS DANS LA CONNAISSANCE MAIS AUSSI DANS LA CONSCIENCE... NOS TEMPS MODERNES GARDENT EN EUX UN GOUT AMER DU MOYEN AGE MIEUX PRESENTÉ MAIS NON MOINS INSIDIEUX ... COMMENT POUVONS NOUS BOIRE JUSQU A PLUS SOIF CES BONS VINS SI L ON A PRIS CONSCIENCE QUE LES OUVRIERS DU CHATEAU DOIVENT PAYER PRECOCÉMENT DE LEUR VIE...

BERTRAND | 20 février 2013 à 10h46 Signaler un contenu inapproprié

Miiiaaaam ! Du bon vin aux pesticides !
Pour ce qui est de la santé des salariés : la réglementation du code du travail est très claire en terme d'équipement de protection individuels et collectifs (obligation de résultats pour l'employeur avec priorité aux protections collectives).
Pour ce qui est des riverains : il doit surement y avoir certains articles du code de l'environnement à appliquer (réellement) mais les pétitions à destination de l'exploitant et des élus, ça peut aussi marcher.

Lionel | 20 février 2013 à 10h50 Signaler un contenu inapproprié

NNNNOOOOOOOOOOOOOOOOOnnnn ! PPPPPPPPPPPPAS POSSIIIIIIIIIBLE !

ON NE LE SAVAIT PAS DU CÖTE DE L'ADMINISTRATION DE L agriculture, des DREAL, de l'ADMINISTRATION VETERINAIRE, des préfets et des ministres ? Je n'ose y croire, donc c'est autre chose : que fait la police, que fait la justice ? Et je vous laisse imaginer ce qu"on trouve dans le pinard...

Voilà qui pourrait être un sale truc pour tout ceux qui en ont croqué pour leur carrière, et qui n'ont pas fait le ménage quand ils étaient ministres ou directeurs de services ou représentant d'établissements publics, ou préfets, par exemple...

Théo courant ? Colombo, inspecteur spécialiste de la question bête... | 20 février 2013 à 17h27 Signaler un contenu inapproprié

Se tuer au travail... Se faire tuer au travail...

choucroutman | 21 février 2013 à 07h06 Signaler un contenu inapproprié

j'ai eu chaque année de 2008 à 2010 un essaim d'abeilles qui venait s'installer au début du printemps sur mon terrain. Tout allait bien sauf qu'à partir du premier traitement effectué par pulvérisation sur le vignoble distant d'environ 250m, certaines abeilles mourraient au pied de la ruche, d'autres tournaient à terre désorientées et mourraient dans la nuit

anec | 26 février 2013 à 19h22 Signaler un contenu inapproprié

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