
Compenser le surcoût à l'achat par un bonus-malus
Après avoir comparé 7.395 réfrigérateurs et sèche-linge, les deux équipements les plus consommateurs dans l'habitat, l'UFC-Que Choisir constate que les appareils les mieux classés (classe A++) sont assez rares en magasin et surtout plus chers en moyenne que ceux classés A+ (+33% pour les réfrigérateurs), eux-mêmes plus chers que ceux classé A (+17%). Les écarts sont encore plus significatifs pour les sèche-linge : + 55% entre la classe B et la classe C et +50% entre la classe A et la classe B. L'association remarque surtout qu'au prix actuel de l'électricité, ce surcoût n'est pas compensé par les économies réalisées sur la facture. Un sèche-linge de classe A coûte en moyenne 532 euros de plus qu'un classe C alors qu'il ne permet d'économiser que 290 euros sur 10 ans, explique Caroline Keller, chargé d'étude énergie et logement à l'UFC-Que Choisir.
Pour compenser ces surcoûts, l'association propose la mise en place d'un bonus-malus à l'image de celui existant pour les voitures. Ce système présente plusieurs avantages, explique Alain Bazot, Président d'UFC-Que Choisir. Il récompense les consommateurs qui ont un comportement vertueux et s'autofinance, explique-t-il. Concrètement, l'UFC-Que choisir propose un bonus de 25€ pour les réfrigérateurs A+ et 100€ pour les A++ qui sera compensé par un malus de 40€ sur la classe A. Avec ce bonus, changer de classe énergétique devient un investissement ''rentable'', souligne Alain Bazot. Déjà mis en place en Italie, un système similaire a permis de faire passer la part de marché des réfrigérateurs A+/A++ de 30% en 2007 à 46% en 2008. En France, la part de marché de ces mêmes produits n'était que de 26% en 2008 dont 1% seulement pour les A++.
Envisagée dans le cadre du Grenelle de l'environnement, l'extension du bonus-malus à d'autres produits de consommation a été évoquée plusieurs fois par le ministère de l'écologie avant d'être reportée au profit d'une fiscalité générale via la contribution climat-énergie. ce dispositif ayant été lui aussi abandonné, l'UFC-Que Choisir veut le remettre sur le devant de la scène.
Mettre à jour l'étiquette énergie
L'enquête d'UFC-Que Choisir démontre également que l'échelle de l'étiquetage énergétique est obsolète. Sur l'échelle de A à G, les appareils des classes les plus mauvaises ont disparu des rayons mais ces classes apparaissent toujours bel et bien sur l'étiquette. Résultat : quand le consommateur choisit un réfrigérateur de classe A pensant faire un geste écologique, il ignore acheter en réalité le plus énergivore !, explique Caroline Keller. L'association demande par conséquent la suppression des classes A+ et A++ et une réévaluation à la hausse des exigences de chaque classe.
Mais ce souhait ne sera pas être exhaussé. Le Parlement européen et les Etats membres se sont mis d'accord sur un nouvel étiquetage qui au contraire officialise les sous-classe A+ et A++ et créé une nouvelle sous-classe A+++. C'est extrêmement préjudiciable que les classes A+ et A++ ne soient pas supprimées, la classe A n'a plus beaucoup de sens, estime Alain Bazot. La commission européenne est restée au milieu du gué en ne donnant pas aux consommateurs les moyens de s'informer, regrette le Président de l'UFC-Que Choisir. Surtout que les équipements les moins performants sont appelés à disparaître par la mise en œuvre de la directive éco-conception : pour certains produits les classes C et D ont déjà disparu du marché, la classe B devrait disparaître au 1er juillet et la classe A en 2014, ajoute Caroline Keller.
La nouvelle directive prévoit toutefois que cet étiquetage soit apposé sur les produits à usage commercial et industriel consommateurs d'énergie tels que les entrepôts frigorifiques, les chambres froides, les coffres d'étalage réfrigérés, les distributeurs automatiques et les moteurs industriels. L'obligation d'étiquetage énergétique s'appliquera aussi aux produits qui ne consomment pas d'énergie mais qui ont un impact direct ou indirect sur l'économie d'énergie comme les vitres et les châssis de fenêtres ou les portes externes.
Toute publicité mentionnant la consommation d'énergie ou le prix d'un modèle spécifique d'un appareil électroménager devra en outre indiquer la classe énergétique du produit.