Avec 227,5 millions de tonnes générées par an, les déchets du bâtiment et des travaux publics (BTP) pèsent dans la balance de la production française. Dans le même temps, ce gisement représente une source potentielle de matières premières. Sa valorisation laisse pourtant encore à désirer.
A l'initiative de EDF et SNCF réseau, l'association Orée a constitué un groupe de travail "métiers de la déconstruction" pour cibler et répondre aux problématiques rencontrées afin d'améliorer cette situation. Avec l'ensemble des acteurs de la chaîne de déconstruction, ils se sont penchés sur les diagnostics de chantiers et réglementaires, la traçabilité, des méthodes de contractualisation, les bonnes pratiques de déconstruction, des filières de recyclage par matériaux, etc.
Si le BTP est présenté comme un bloc, il regroupe en réalité une variété de situations. Selon les entreprises, issues du secteur des travaux publics (TP) ou du bâtiment, les enjeux ne seront pas les mêmes. De par leur taille, tout d'abord : le secteur des travaux publics comprend près de 7.500 entreprises pour 35 milliards d'euros tandis que le bâtiment représente environ 400.000 sociétés de plus petites tailles pour 126 milliards d'euros, selon l'Ademe.
"Les travaux publics sont déjà bons dans la valorisation - 63 % des déchets sont aujourd'hui réutilisés sur d'autres sites. Celle-ci n'est toutefois pas à forte valeur ajoutée, a pointé Sylvain Bordebeurre, chargé de mission à la Direction économie circulaire et déchets de l'Ademe. Dans le bâtiment, les maîtres d'oeuvre sont peu conscients de leurs responsabilités, les déchets du second oeuvre sont peu valorisés ".
Les clefs pour évoluer vers un modèle plus vertueux
Des échanges du groupe de travail "métiers de la déconstruction" est sorti : un document regroupant les retours d'expérience. " Ce guide fait un point d'enseignements et de préconisations. Il donne les clefs pour faire évoluer vers un modèle vertueux le chantier, avant, pendant et après la déconstruction", a indiqué Camille Saint Jean, chargée de mission économie circulaire de l'association Orée, lors de la présentation du document sur l'édition 2018 du salon Pollutec.
En amont des travaux, le guide met l'accent sur les approches qui s'appuient sur une analyse de cycle de vie, une écoconception ainsi que les diagnostics déchets. Il revient également sur les méthodes de contractualisation et l'identification des filières de traitement ainsi que les questions autour de l'assurance et la garantie décennale des matériaux réemployés.
Pendant le chantier, le document propose notamment des leviers pour des bonnes pratiques, une meilleure traçabilité des déchets, des conseils sur le choix d'indicateurs de performance ainsi que sur les plateformes de mise en relation. "Les déchets du BTP sont des pondéreux, il faut identifier des chantiers à proximité et ensuite disposer d'exutoires complémentaires pour trier et valoriser", a précisé Camille Saint Jean.