A l'aune du raccordement du premier parc éolien en mer, au large de Saint-Nazaire l'an prochain, la Commission nationale du débat public (CNDP) a tiré le bilan des quatorze consultations ouvertes en la matière depuis 2010, auprès d'un total de 30 000 Français. Elle en a conclu une série d'enseignements (1) servant « d'éclairage des débats en cours sur le développement de l'éolien, en particulier de l'éolien en mer », mais surtout un constat : en onze ans, les inquiétudes du public à l'égard de l'éolien en mer restent les mêmes.
Paysage et biodiversité, les deux grandes inconnues
Parmi les interrogations et arguments énoncés en faveur ou, surtout, en contestation de l'éolien en mer en onze ans, deux sont revenus dans chaque débat. Le premier concerne l'inquiétude du public sur les impacts environnementaux et paysagers des projets éoliens. La CNDP note, en matière paysagère par exemple, que les simulations visuelles ou photomontages présentés par les responsables de projets sont presque systématiquement contestés et forcent la Commission à recourir à des expertises alternatives. Quant aux enjeux environnementaux, ils sont perçus par le public comme un « objectif secondaire face à la transition énergétique », compte tenu du fait que les critères environnementaux des cahiers des charges ne sont pas discriminants dans la sélection du porteur de projet. « Il est frappant de constater que depuis onze ans, le constat est identique : la France ne dispose pas de données environnementales, en particulier concernant l'impact sur la faune, ni d'éléments d'éclairages qui permettraient d'intégrer les enjeux environnementaux dans le débat », souligne la CNDP.
Pas de débat sans information ?
De ce constat, la CNDP retient aujourd'hui des enseignements vis-à-vis, surtout, de la participation du public et de l'information à sa disposition. Si la Commission salue la nouvelle exigence légale, prescrite par la loi Essoc depuis 2018, d'ouvrir le débat avant l'identification de la zone et la définition des caractéristiques du projet « lui redonnant tout son sens », elle recommande deux modifications de la procédure. D'une part, impliquer les parties prenantes au choix de la zone seulement après le débat : « À défaut, non seulement le public pourrait considérer que le débat est faussé puisque le choix de la zone a été discuté avant le débat, mais les parties prenantes pourraient s'opposer à l'éventuelle remise en question de leurs choix par le public », atteste la CNDP. Et d'autre part, débuter les démarches de présélection administrative des candidats également après le débat : « Même si cette démarche est purement administrative et n'engage pas les décisions futures, elle peut entraîner de nombreuses confusions et des questionnements chez le public. »
Comment améliorer l'acceptabilité de l'éolien, selon les Français ?
Les enseignements de la Commission nationale du débat public (CNDP) sur l'éolien en mer reflète l'opinion actuelle des Français sur l'éolien au sens large, selon les résultats d'un récent sondage Harris Interactive commandé par l'Agence de la transition écologique (Ademe). Sur les 2 708 personnes de plus de 18 ans interrogées, 25 % d'entre elles appellent à réduire l'impact des éoliennes sur la biodiversité, 24 % à mieux les intégrer dans le paysage et 19 % à renforcer la consultation et l'information du public en amont afin d'améliorer l'acceptabilité de l'éolien à leurs yeux.