Après le « débat EOS », en janvier dernier, une nouvelle consultation pour un projet éolien en mer s'est terminée sans réponse à donner aux attentes de l'État. Le débat public « Éoliennes en mer de Nouvelle-Aquitaine » concernant le projet d'installation d'un parc au large de l'île d'Oléron (Charente-Maritime) s'est conclu sans recommander de zones d'implantation préférentielles. « Aucun consentement, même sous de sévères conditions touchant l'environnement et la pêche, n'est envisageable dans la zone d'étude initiale de 300 kilomètres carrés, voire dans la zone élargie, et inenvisageable dans la zone du parc naturel marin (de l'estuaire de la Gironde et de la mer des Pertuis) », rapporte la commission particulière du débat (1) .
Évoqué une première fois en novembre 2016, avant d'être décidé pour de bon en décembre 2020, le projet vise, pour rappel, à construire un parc d'au moins 35 à 70 éoliennes posées, de 260 mètres de haut, entre 10 et 30 kilomètres au sud-ouest de l'île. La puissance de ce premier site, qui devrait occuper une superficie d'environ 120 km2, oscillerait entre 500 mégawatts (MW) et un gigawatt (GW), une fois mis en service d'ici à 2030. L'État envisage, en outre, d'installer un second parc, d'une capacité de 1 GW, à proximité. La consultation publique, mise en place par la Commission nationale du débat public (CNDP), le 30 septembre 2021, avait ainsi pour but, d'une part, d'identifier une zone préférentielle d'implantation du premier parc, au sein d'une zone d'étude proposée de 300 km2, élargie ensuite à 743 km2, et, d'autre part, de juger la pertinence d'un second parc.
La protection de l'environnement avant tout
« Il apparaît inconcevable que la zone d'étude pour l'implantation d'éoliennes se situe au moins au-dessous d'une trentaine de kilomètres du littoral d'Oléron, notamment au regard de l'extrême richesse des biotopes en zone littorale (comprenant notamment le puffin des Baléares, espèce en danger critique d'extinction), et du paysage », ajoute la commission particulière du débat dans son rapport. Un sentiment partagé par Dominique Chevillon, vice-président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) : « il est complètement incohérent de vouloir, d'un côté, protéger cette zone pour sa richesse écologique et, de l'autre, y construire de telles infrastructures. »
Vers une implantation encore plus au large ?
Pour accompagner ces recommandations, la majorité des habitants de l'île d'Oléron et de l'île de Ré (située au nord de cette dernière) sont favorables à un scénario alternatif : installer des éoliennes flottantes « très au large », c'est-à-dire à plus de 50 km du littoral. Cette option a cependant des inconvénients. Les coûts des technologies et du raccordement seront assurément plus élevés pour un parc flottant que les trois milliards d'euros budgétés pour le projet en l'état. La maîtrise d'ouvrage (3) , comprenant les ministères de la Transition écologique et de la Mer, a désormais jusqu'au 28 juillet 2022 pour rendre sa décision et enclencher, ou non, la procédure d'appel d'offres proprement dite. Si tel est le cas, le projet devrait être attribué avant la fin de l'année.