L'éolien et les renouvelables sont favorables au pouvoir d'achat des Français, martèle France Énergie éolienne (FEE). Chiffres à l'appui, la fédération professionnelle explique qu'en 2021 et 2022 les renouvelables électriques contribueront à hauteur de 14,4 milliards d'euros (Md€) au budget de l'État. Une contribution que les pouvoirs publics ont déjà en partie employée pour, justement, préserver le pouvoir d'achat en limitant à 4 % la hausse des tarifs de l'électricité. « Il faut rendre à César ce qui appartient à César : c'est grâce aux énergies renouvelables qu'on a réduit la facture des Français », explique Jean-Yves Grandidier, président-fondateur de Valorem, à l'occasion d'une conférence de presse organisée, ce mardi 12 avril, par FEE.
Un dispositif à front renversé
Traditionnellement, les renouvelables bénéficient d'un soutien financier public afin de compenser leur surcoût par rapport aux prix de vente de l'électricité sur le marché. Aujourd'hui, cette situation est totalement remise en cause puisque, avec l'envolée des prix sur le marché, les producteurs deviennent des contributeurs au budget de l'État.
C'est le cas avec les tarifs d'achat, qui constituent l'essentiel des soutiens aux renouvelables : lorsque les prix de marché dépassent le niveau du tarif d'achat, les opérateurs qui assurent l'obligation d'achat (EDF et les entreprises locales de distribution) reversent le surplus à l'État. Le mécanisme est similaire avec le complément de rémunération, à la différence près que c'est le producteur qui vend directement l'électricité sur le marché et reverse le surplus à l'État.
Bien sûr, les deux dispositifs ont été pensés comme un soutien aux renouvelables. Actuellement, l'essentiel des contrats sont des tarifs d'achat à un coût moyen de l'ordre de 90 euros le mégawattheure (€/MWh). Le solde est constitué par des compléments de rémunération attribués par appels d'offres à un coût compris entre 60 et 65 €/MWh. Ils constituent bien un soutien public dans un contexte de prix de marché plus bas : en 2018, les prix de l'électricité étaient en moyenne de 50 €/MWh.
Mais, aujourd'hui, la situation est radicalement différente. En 2021, les prix de marché se sont envolés à 109 €/MWh, en moyenne. Ceux enregistrés depuis le début de l'année sont de l'ordre de 231 €/MWh. Avec de tels niveaux, le soutien public s'est transformé en recettes pour l'État.
Un écart de 14,4 milliards
L'année 2022 s'annonce encore meilleure : l'État avait anticipé une facture de 3 Md€ pour le soutien au solaire et de 1,4 Md€ pour l'éolien. Finalement, les deux devraient être nuls. La facture « renouvelables électriques » devrait être proche de zéro, ce qui permet une économie de 5,1 Md€. Mieux : l'éolien devrait même contribuer à hauteur de 3,7 Md€ supplémentaires au budget de l'État.
Au total, sur les deux années, les finances publiques devraient bénéficier de 14,4 Md€ non anticipés, composés pour 8,4 Mds€ de dépenses budgétées mais non réalisées et de 6 Md€ de revenus supplémentaires. D'ailleurs, l'État a déjà puisé environ 8 Md€ dans cette manne pour limiter à 4 % la hausse du prix de l'électricité. Il a pu réduire à zéro la CSPE en faisant financer par les renouvelables les autres postes de la contribution, et notamment les dispositifs de solidarité avec les zones non interconnectées (ZNI), qui pèsent pour 2,1 Md€ par an, plutôt que par les consommateurs, comme c'est normalement le cas.
Simplifier les procédures pour accélérer le rythme
Et à plus long terme ? La FEE explique que la Commission de régulation de l'énergie (CRE) table actuellement sur des prix moyens de l'ordre de 200 €/MWh jusqu'en 2024 et de 90 €/MWh de 2025 à 2035. Sur ces bases, si les installations prévues par la Programmation pluriannuelle de l'énergie sont respectées, l'éolien pourrait rapporter 18 Md€ à l'État. Un argument que la fédération espère faire entendre pour rattraper le retard pris (au rythme actuel de raccordement, 600 MW manquent à l'appel chaque année). Et d'illustrer le propos : en 2022, chaque éolienne de 3,5 MW devrait rapporter 1,1 million à l'État, selon la FEE.
Pour accélérer le rythme, la FEE revient sur un de ses chevaux de bataille : la simplification des procédures et la réduction des délais de mise en service des parcs. Actuellement, 700 mégawatts de projets sont en attente et pourraient être installés dès l'hiver prochain. Au-delà, quelque 10 gigawatts (GW) de projets d'éolien à terre sont officiellement dans les cartons. La fédération a lancé auprès de ses adhérents un recensement des projets, qui pourraient aboutir d'ici douze à dix-huit mois, si les procédures étaient simplifiées. À plus long terme, le message est tout aussi clair : l'objectif fixé par Emmanuel Macron, à Belfort, du doublement du parc en trente ans pour le porter à 40 GW d'éolien terrestre, peut être atteint bien plus vite, à l'horizon 2030.