La construction d'éoliennes terrestres a-t-elle des effets négatifs sur l'immobilier, comme l'assurent les opposants à cette source d'énergie ? Très peu, en réalité, constate une étude de l'Agence de la transition écologique (Ademe), présentée ce mercredi 1er juin, dans le cadre des Assises européennes de la transition énergétique, à Genève. Pour les maisons individuelles situées à moins de 5 km des turbines, ce rapport ne détecte qu'une légère baisse de prix, de 1,5 % au mètre carré, en moyenne. « Un impact comparable à celui des autres infrastructures industrielles, comme les pylônes électriques ou les antennes relais, précise Bénédicte Genthon, directrice adjointe de l'Ademe, chargée de la bioéconomie et des énergies renouvelables. Sachant que les marges d'erreur des estimations immobilières peuvent varier de plus ou moins 20 % sur les marchés peu actifs, en milieu rural. Là où se construisent les éoliennes. »
Au-delà de ces 5 km, les changements sont minimes. Les 10 km passés, ils disparaissent entièrement. Si, d'après les spécialistes, un risque peut perdurer pour les biens « d'exception », château, manoir, demeure de luxe, situation ou bâti remarquable, il se révèle très faible sur le parc immobilier en général et ne concerne que 10 % des maisons vendues durant la période 2015 à 2020. Les trois facteurs qui influencent les prix restent essentiellement le caractère plus ou moins rural de la commune, le niveau de vie de ses habitants et la proximité d'un site touristique. « À titre de comparaison, les transactions de maisons dont le prix est supérieur à 700 000 euros représentent 1 % des transactions de maisons en France métropolitaine entre 2015 et 2020 », précise le rapport. Les biens situés à proximité des éoliennes restent par ailleurs des « actifs liquides » : ils continuent à se vendre avec un taux de rotation similaire à celui d'avant la construction des parcs.
Des investigations poussées
L'impact sur les habitations « premiums » ou de « caractère » n'a toutefois pas été étudié en détail. Voué à être approfondi, afin de calculer les impacts à des seuils plus bas que 5 km, par exemple, ce rapport devrait toutefois permettre d'objectiver ce débat récurrent, espère l'Ademe, au moment où une accélération s'impose en matière d'énergies renouvelables. « Il reconnaît scientifiquement qu'une éolienne doit être considérée comme une infrastructure classique sur le territoire français, au même titre que les pylônes électriques ou les antennes téléphoniques, souligne Michel Gioria, délégué général de France Énergie éolienne. Lorsque l'on sait qu'il y a 250 000 pylônes haute et très haute tension répartis sur tout le territoire, cela permet de relativiser la présence des 8 800 éoliennes françaises. » Et de rassurer le nouveau gouvernement particulièrement frileux dans ce domaine.