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Éoliennes offshore : un virage à prendre d'urgence pour une filière française encore en devenir

MAJ le 24/02/2022

L'éolien offshore a le vent en poupe. Mais pour que ce marché profite à la filière française, plus vertueuse sur le plan environnemental, cette dernière doit investir et mieux se structurer. Elle a besoin pour cela de conditions plus favorables.

Energie  |    |  N. Gorbatko
Éoliennes offshore : un virage à prendre d'urgence pour une filière française encore en devenir

Afin de rattraper le retard de la France dans le domaine des énergies renouvelables, le président de la République a choisi, notamment, de doper l'éolien en mer, via l'installation d'une cinquantaine de parcs d'ici à 2050. De quoi atteindre une capacité installée de 40 GW, avec un rythme de développement moyen annuel d'au moins 2 GW. Un objectif réaliste au regard du potentiel métropolitain de quelque 12 000 km2 de façades maritimes, estiment France Énergie éolienne (FEE) et le Syndicat des énergies renouvelables (SER), coauteurs d'un travail d'analyse sur ce sujet.

Mais rien n'assure que ce but sera atteint en s'appuyant sur les ressources nationales. Car si le pays possède bien des pôles industriels – fabrication de pales à Cherbourg et au Havre ou de sous-stations électriques à Saint-Nazaire, par exemple –, ainsi que d'une multitude de PME et d'ETI spécialisées, le recours à la filière locale n'est pas à la hauteur en ce qui concerne les navires, les travaux et services sur ces parcs ou leur écosystème : cabinets d'études, entreprises de construction, de montage, de remorquage, d'ancrage, de maintenance, de surveillance, d'assurance...

Un retard à l'allumage qui pénalise le secteur

“ Si les services qui construisent, implantent et entretiennent les fermes éoliennes ou hydroliennes sont des acteurs du cru, les retombées économiques seront plus fortes et les projets plus attractifs  ” Frédéric Moncany de Saint-Aignan
Une fragilité de la filière française que Frédéric Moncany de Saint-Aignan explique notamment, dans un rapport remis, mi-février, à la ministre de la Mer Annick Girardin, par le retard déjà pris dans le développement de ses premiers parcs. La situation a ainsi permis aux acteurs étrangers – Allemands, Danois, Néerlandais et Britanniques – de s'installer dans une position dominante, grâce à leurs flottes spécialement armées pour l'éolien en mer et à leur expérience acquise en mer du Nord.

Or, les investissements à engager sont massifs et difficiles à amortir dans ce secteur. La filière française ne pourra donc tirer son épingle du jeu qu'en devenant compétitive, par des économies d'échelle, et par conséquent en développant très vite, à son tour, ses activités. Le nouveau programme éolien offshore français pourrait lui permettre d'entrer, enfin, dans ce cercle vertueux. « Les capacités sont là, estime Frédéric Moncany de Saint-Aignan. Mais le virage qui s'amorce est à prendre rapidement pour mener une politique énergétique et industrielle cohérente. »

Des mesures de soutien attendues

Afin d'offrir aux entreprises spécialisées, aux constructeurs et aux armateurs français de meilleures conditions pour répondre aux appels d'offres, ce dernier préconise trois leviers, à activer en une année. D'abord, assurer une meilleure visibilité de la stratégie et de la planification prévue dans le domaine des EMR à l'ensemble de l'écosystème, afin que chacun puisse investir en conséquence et au bon moment. « Un armateur n'a pas le temps de s'équiper dans un délai de six mois entre le lancement de l'appel d'offres et l'ouverture d'un chantier », souligne Frédéric Moncany de Saint-Aignan. Sa proposition est d'ailleurs en ligne avec celle des syndicats SER et FEE. Ensuite, développer une cartographie précise du tissu des entreprises locales et de leurs spécialités, tout en favorisant les échanges entre elles, afin que les donneurs d'ordres aient une bonne connaissance de l'offre locale.

Enfin, proposer des aides aux plus petites entreprises pour leur permettre de répondre à des appels d'offres complexes et volumineux, mais surtout travailler sur le contenu des cahiers des charges afin de valoriser un contenu local, environnemental et social de qualité, en imposant notamment le recours à un pourcentage de PME et des critères sur le contenu carbone, les émissions de particules ou le caractère renouvelable du carburant.« Pour le moment, le critère dominant des appels d'offres reste le coût. Quand l'État met la pression sur les prix du MWh, nos interlocuteurs se retrouvent avec des budgets contraints et peuvent être tentés d'aller vers les moins-disant. Or, le respect de la sécurité, des délais et de l'environnement a de la valeur donc un coût », observe Matthieu Blandin, directeur de la branche énergies marines renouvelables (EMR) de Valorem et vice-président du cluster ligérien Neopolia.

Des impacts positifs sur l'environnement et sur l'acceptabilité

Avec d'autres clusters, comme Aquitaine Blue Energie ou Bretagne Ocean Power, par exemple, Neopolia propose, précisément, aux grands acteurs de l'énergie et à leurs fournisseurs d'adhérer à une charte d'engagement en faveur d'une offre respectueuse de la sous-traitance locale, intégrant notamment les impacts économiques, sociaux et environnementaux. Les six candidats à l'appel d'offres Normandie et les neuf candidats à celui de Bretagne Sud l'ont signée en septembre dernier. « Quand la nature des appels d'offres permet aux entreprises locales de se positionner, tout le monde y gagne », assure Matthieu Blandin. Premier impact positif d'une activité plus franco-française : en économisant l'empreinte carbone des déplacements internationaux et en respectant souvent un cahier des charges plus strict, elle affiche un bilan environnemental plus vertueux ; en attendant de nouveaux progrès en termes de carburants.

Mais cette démarche favorise aussi l'acceptabilité des projets. « Si les services qui construisent, implantent et entretiennent les fermes éoliennes ou hydroliennes sont des acteurs du cru, les retombées économiques seront plus fortes et les projets plus attractifs », explique Frédéric Moncany de Saint-Aignan. Selon ce dernier, la direction des Affaires maritimes s'est déjà saisie d'un certain nombre de ces sujets. Il encourage les armateurs, les énergéticiens et les clusters régionaux à faire de même, en élaborant peut-être, eux aussi, une charte de bonnes pratiques. Bientôt, les mêmes questions se poseront pour l'éolien flottant, les hydroliennes et autres futurs houlomoteurs. Mieux vaut s'y préparer : « Cette fois, pour cette nouvelle étape, tous les pays sont au même point sur la ligne de départ… »

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