"Pour l'hiver 2013-2014, Réseau de transport d'électricité (RTE) prévoit un équilibre satisfaisant entre l'offre et la demande d'électricité en France continentale, même en cas de grand froid (8°C en dessous des normales), [mais] à moyen terme, la vigilance reste de rigueur à compter de 2016 et au delà". Voilà en substance le message délivré par RTE et Dominique Maillard, le président de son directoire, ce jeudi 7 novembre, à l'occasion de la présentation de son analyse des scénarios de l'équilibre entre l'offre et la demande pour l'hiver 2013-2014.
Un hiver sans inquiétude
Pour l'hiver à venir, RTE "n'a pas d'inquiétude particulière", explique Dominique Maillard. A conditions climatiques normales, l'équilibre électrique sera assuré sans recours aux importations et, en cas de froid intense ou de problème de production, les importations nécessaires restent compatibles avec les capacité du réseau et les marges disponibles chez nos voisins. Un optimisme justifié par une amélioration de la disponibilité des moyens de production, de l'ordre de 1.300 mégawatts (MW) par rapport à l'an dernier, une stabilité de la consommation, compte tenu des conditions économiques, et un potentiel d'effacement évalué à 2.000 MW pour la partie tarifaire et 700 MW pour le mécanisme d'ajustement.
Quant au "grand froid", un sujet de préoccupation illustré par les difficultés rencontrées en février 2012, l'analyse de RTE fait apparaître des capacités d'importation de l'ordre de 7.300 à 9.100 MW qui s'ajoutent au surplus destiné à l'export. Cette marge est à rapprocher de la thermosensibilité du système électrique qui, du fait du recours important au chauffage électrique, se traduit par une hausse de la consommation de 2.300 MW pour chaque degré de baisse des températures.
Comme les années précédentes, la Bretagne et la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA) restent des "péninsules électrique" dont l'approvisionnement est fragile. "C'est classique", a rappelé Dominique Maillard. Néanmoins, avec respectivement 45.000 et 10.000 inscrits, le dispositif Ecowatt porte ses fruits et permet d'effacer la partie de la consommation la plus critique.
RTE peu convainquant pour le moyen terme
Par contre, pour le moyen terme, RTE s'est montré plus inquiet. Le gestionnaire du réseau a repris le discours tenu en juillet lors de la présentation de son analyse à moyen terme de l'équilibre électrique. "A partir de 2016, on arrive à une marge zéro", a expliqué Dominique Maillard, justifiant ainsi un besoin d'investissement de l'ordre de 1,5 milliard d'euros par an sur les dix prochaines années pour éviter tout risque. Mi-novembre, l'opérateur devrait proposer un programme décennal de développement du réseau qui s'annonce ambitieux.
Cependant, RTE et son président peine à convaincre. Au cœur des doutes, figure l'hypothèse de croissance économique retenue par RTE. Celle-ci est de l'ordre de 1,5% à 2% par an pour les cinq prochaines années et se traduit par une hausse de la consommation électrique d'environ 2% par an. Le président de RTE a longuement été interrogé sur ce sujet, d'autant que ce jeudi le quotidien Les Echos publie un article selon lequel, "face à la faiblesse persistante de la demande d'électricité", RTE repousserait de 2016 à 2018 la date a laquelle il anticipe des tensions… Une information que Dominique Maillard a refusé de commenter.
Pourquoi retenir un scénario économique aussi optimiste quand les prévisions des spécialistes sont continuellement revues à la baisse ? "Parce qu'on l'a ainsi décidé", a finalement justifié le président de RTE, évoquant "un scénario plausible, mais pas nécessairement calé sur le consensus économique". Reste à savoir si ce discours convaincra la Commission de régulation de l'énergie (CRE) et le gouvernement lorsqu'il s'agira de valider les prochains tarifs d'utilisation des réseaux publics d'électricité (Turpe), dont une partie s'appuie sur les prévisions d'investissement des opérateurs de réseaux…