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Transition énergétique : 22 milliards d'euros investis en France en 2011, selon la CDC Climat

Une étude de la CDC évalue à 22 milliards les investissements français en faveur du climat dans une analyse des principaux flux financiers en jeu. Cette situation satisfait Bercy qui ne semble pas prêt à accroître l'effort public.

Gouvernance  |    |  P. Collet

Les investissements dans les équipements et infrastructures en faveur du climat s'élevaient à plus de 22 milliards en 2011, dont plus de 9 milliards d'euros pour les énergies renouvelables, plus de 8 milliards d'euros pour l'efficacité énergétique et entre 2 et 4 milliards d'euros pour les infrastructures de transport durable. A titre de comparaison, les investissements verts allemands s'élevaient à 33 milliards en 2011, un écart qui s'explique en grande partie par le retard français en matière de renouvelables. Telles sont les principales conclusions de la Caisse des dépôts et consignation Climat (CDC Climat) qui publie, ce mardi 21 octobre, son étude "Panorama des financements climatiques en France (1) ", dont l'objectif est de donner les ordres de grandeur et de pointer les principaux flux.

Ce document, basé sur une méthodologie développée par Climate Policy Initiative (CPI), prend en compte les flux de financement et d'investissement qui ont contribué, directement ou indirectement, à la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) en France. Le premier secteur bénéficiant des ces flux financiers est celui du bâtiment qui a attiré 10 milliards d'euros, soit 6,7 milliards pour l'efficacité énergétique et 3,3 milliards pour les renouvelables. Suit le secteur des transports avec 7 milliards d'euros, dont 4 milliards investis pour le rail et 2,6 milliards pour les transports urbains. Le podium est complété par le secteur de l'énergie qui a investi 4,4 milliards d'euros, dont 4 milliards pour la production et 400 millions pour les réseaux.

A noter que certains mécanismes de soutien aux investissements verts n'ont pas été comptabilisés, à l'image de la contribution au service public de l'électricité (CSPE) qui finance notamment l'obligation d'achat de l'électricité produite à partir des renouvelables. De même, les investissements dans le nucléaire, de l'ordre de 900 millions d'euros, sont inclus dans l'étude. Un choix paradoxal, puisque Marie Gérard, vice-présidente développement durable de GDF Suez, a bien insisté sur le fait que l'entreprise avait exclu le nucléaire lors de son émission d'obligations vertes en mai 2014 pour 2,7 milliards d'euros. Cette exclusion était indispensable, non seulement pour respecter les critères d'investissement socialement responsable, mais aussi (et surtout) pour convaincre certains acteurs financiers classiques qui se détournent des entreprises présentes dans ce domaine.

Le privé, premier investisseur

Le panorama proposé par la CDC climat distingue les acteurs publics et privés. Il apparaît que "le rôle des financements publics (Etat, collectivités territoriales, agences, etc.) est important mais minoritaire". Concrètement, le secteur public a investi plus de 5 milliards d'euros, sous forme d'aides à l'investissement (subventions, prises de participation, etc.), dont plus de la moitié pour le seul secteur du transport.

Ainsi, en 2011, les personnes publiques ont investi 4,9 milliards d'euros, dont 3 milliards alloués aux ministères et aux agences gouvernementales, le solde étant investi par les agences et collectivités locales. Les acteurs publics nationaux privilégient les investissements sous forme de subventions, alors que les acteurs publics locaux soutiennent les investissements pour la transition énergétique par le biais d'apport en capital dans les entreprises du secteur. Le budget de l'Union européenne a contribué à hauteur d'environ 200 millions d'euros, répartis entre les acteurs publics ou versés directement aux acteurs sous forme de subventions.

Du côté des investissements privés, les entreprises ont financé pour 11,1 milliards d'euros et les ménages pour 5,9 milliards. Les flux privés sont plus complexes que les précédents, mais, dans les grandes lignes, les marchés de capitaux et l'investissement par le bilan (que ce soit en capital ou en dette) sont privilégiés. L'investissement des ménages est principalement réalisé sur les marchés de capitaux, sous forme directe en investissement en capital et, dans une moindre mesure, par le biais des agences publiques. Ils se concentrent dans le secteur du bâtiment à la fois pour la rénovation des logements et l'installation d'énergies renouvelables.

Bercy satisfait de la situation

De tels investissements sont ils à la hauteur des enjeux ? Pas nécessairement, selon la CDC Climat, qui explique que les chiffres de l'étude sont à rapprocher "des besoins de financements annuels évalués, sur un périmètre plus large, à environ 50 milliards d'euros lors du débat national sur la transition énergétique de 2013". Parmi les investissements non pris en compte par l'étude de la CDC, mais intégrés dans l'évaluation du débat national sur la transition énergétique, figurent par exemple ceux dédiés aux centrales à gaz.

Cependant, cette vision n'est pas forcément partagée par les acteurs réunis à l'occasion de la présentation de l'étude. Selon Emmanuel Massé, de la Direction générale du Trésor, l'effort consenti en France est à la hauteur de l'enjeu. En effet, l'investissement en France est de l'ordre de 470 milliards d'euros et, selon l'économiste Nicolas Stern, les pays industrialisés devraient consacrer 5% de cette somme aux investissements en faveur du climat, soit 23 à 24 milliards d'euros. Bercy semble d'autant plus satisfait par le niveau actuel que l'étude ne prend pas en compte les investissements de R&D. "A-t-on besoin de gros investissements ? Ce n'est pas certain", résume le représentant du ministère des Finances, en soulignant qu'actuellement la France connaît une surcapacité dans la production énergétique alors que la demande baisse. On comprend bien que le financement de la transition énergétique ne figure pas en tête des priorités de Bercy, pour qui "le vrai problème est surtout de bien orienter les liquidités disponibles"

Justement, côté financement privé, représentants de la CDC, du Crédit Agricole et d'AXA gestion d'actifs confirment qu'actuellement les liquidités abondent. Reste cependant à les allouer aux secteurs associés à la transition énergétique. En l'occurrence, selon les représentants des banques, le principal frein est lié à l'indispensable stabilité du cadre réglementaire. "On peut s'interroger sur la pérennité du soutien des pouvoirs publics", estime Charles Dupont, d'AXA gestion d'actifs, soulignant que cela est d'autant plus important qu'il s'agit d'investissements de long terme.

1. Consulter le document.
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-23054-Etude-financements-climatiques-France-CDC-Climat.pdf

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