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Biodéchets : la généralisation de la collecte sélective coûterait de 7 à 22 euros par habitant et par an

Une étude, commandée par les gestionnaires de déchets, estime le surcoût lié à la mise en œuvre de la collecte séparée des biodéchets ménagers. La remise à plat de la collecte des déchets existante est un point clé de réduction de ce surcoût.

Déchets  |    |  P. Collet
Biodéchets : la généralisation de la collecte sélective coûterait de 7 à 22 euros par habitant et par an

Le déploiement de la collecte sélective des biodéchets devrait coûter entre 7 et 22 euros par habitant et par an (€/hab/an), estime une étude (1) présentée, ce mardi 13 décembre, par les acteurs du tri et du recyclage des déchets. Commandée par la Confédération des métiers de l'environnement (CME) dans le cadre du Comité stratégique de filière (CSF), cette analyse passe en revue huit scénarios de collecte et trois scénarios de valorisation. Les organisations professionnelles des gestionnaires de déchets souhaitaient mieux évaluer les nouveaux coûts liés à cette collecte, ainsi que les potentiels gains financiers associés à l'optimisation de la gestion des ordures ménagères qui peut accompagner son déploiement. Pour rappel, la loi Antigaspillage pour une économie circulaire (Agec) prévoit la généralisation de la collecte séparée des biodéchets à partir de 2024.

Des scénarios variés

Concrètement, Sage Industry, qui a réalisé l'étude, s'est d'abord appuyé sur des retours d'expérience, et en particulier sur celui dressé par l'Agence de la transition écologique (Ademe) à partir de 101 collectivités qui ont déjà mis en œuvre le tri des biodéchets. Quarante-six d'entre elles, qui proposent cette collecte à au moins la moitié de leur population, ont été retenues.

Surtout, huit scénarios ont été imaginés, cinq pour les territoires ruraux et trois pour les zones urbaines. Ils prennent en compte la taille de la population (20 000 et 40 000 pour le rural et 200 000 pour l'urbain), le taux de couverture de la population (25 %, 75 % ou 100 %), la fréquence et le mode de collecte [porte-à-porte (PAP), points d'apport volontaire (PAV) ou mixte], l'optimisation, ou non, de la collecte des ordures ménagères résiduelles (OMR) ou encore la gestion de proximité des biodéchets (compostage individuel ou en pieds d'immeuble).

Pour l'essentiel, ces scénarios tablent sur une solution de tri couvrant 75 %, ou plus, de la population, avec un ratio global collecte de biodéchets de 43 kg par habitant et par an (kg/hab/an) réparti entre collecte et gestion de proximité (le gisement moyen français est de l'ordre de 100 kg/hab/an). Cette modélisation tient aussi compte de l'augmentation de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) applicable à l'incinération et à l'enfouissement et de diverses données économiques [comme un prix de vente de l'électricité produite à partir du biogaz à 150 euros le mégawattheure (€/MWh) et un prix de vente du biométhane à 110 €/MWh].

Trois scénarios de traitement ont été associés et déclinés en fonction des volumes de biodéchets traités [3 000 tonnes par an (t/an), 10 000 t/an et 15 000 t/an]. Les deux premiers sont basés sur l'emploi d'installations existantes : utilisation d'une plateforme de compostage de déchets verts et prétraitement avant envoi en méthanisation. Le troisième envisage la création d'une plateforme de méthanisation. À noter que trois options n'ont pas été envisagées : une stratégie visant une réduction maximale du gisement, la mise œuvre d'une plateforme de méthanisation existante, ainsi que la création d'une plateforme de compostage.

Le coût brut peut atteindre 29 €/hab/an

Que nous apprennent ces scénarios ? D'abord, que les coûts de gestion varient entre 7 et 22 €/hab/an. Plus précisément, le coût brut peut atteindre jusqu'à 29 €/hab/an, mais la collecte des biodéchets permet de réaliser des économies sur d'autres postes de gestion des déchets qui limitent le surcoût effectif. Une option génère même aucun surcoût, mais elle ne couvre que 25 % de la population d'une collectivité rurale, ce qui ne répond pas à l'obligation instaurée par la loi Agec. C'est aussi le système le moins performant, avec 8 kg/hab/an de biodéchets collectés et 13 kg/hab/an en gestion de proximité.

L'option la moins onéreuse, avec un coût de 7 €/hab/an est la mise en place d'une collecte en PAV couvrant 100 % d'une population rurale de 20 000 habitants. Ce scénario prévoit un maintien du schéma préexistant de collecte des OMR. Il permet d'obtenir une collecte de 29 kg/hab/an, auxquels s'ajoutent 14 kg/hab/an en gestion de proximité. Des niveaux de collecte quasi identiques sont envisagés pour une collectivité rurale qui proposerait à l'ensemble de ses 40 000 habitants une collecte en PAP. Combinée au maintien du schéma de collecte préexistant, cette option est aussi la plus onéreuse, avec un coût de 22 €/hab/an.

Pour les collectivités urbaines, les coûts s'échelonnent de 9 à 13 €/hab/an, à chaque fois pour une population de 200 000 habitants couverte à 100 % par une collecte mixte PAP et PAV. En réalité, la seule variable qui explique l'écart de coût est la réduction de la fréquence de collecte des OMR (pour le scénario le moins coûteux), ou son maintien à l'identique. Là aussi, les 43 kg/hab/an sont atteignables, mais essentiellement grâce à la collecte (39 kg/hab/an).

Remise à plat du circuit de collecte

L'étude fait aussi un focus sur le coût de gestion des biodéchets. Le compostage, avec une vente du compost à 10 euros la tonne (€/t), représente un coût compris entre 1,60 et 3 €/hab/an. Le prétraitement des biodéchets, avec une vente des déchets hygiénisés à une unité de méthanisation (5 €/t), coûte de 1,40 à 1,80 €/hab/an. Enfin, le développement d'un méthaniseur spécial entraîne un coût de 3,30 à 6,50 €/hab/an.

Au-delà des chiffres, l'étude dresse quelques constats qui viennent appuyer les recommandations des professionnels de la gestion des déchets. La première, et la plus importante, est un quasi impératif : la mise en place de la collecte sélective des biodéchets doit être l'occasion d'une remise à plat du circuit de collecte de l'ensemble des flux de déchets ménagers du territoire. Cette optimisation assure une économie potentielle de 10 €/hab/an. En jeu : une réduction de la fréquence de collecte des OMR et une simplification du geste de tri. Sur ce second point, l'étude constate qu'une fréquence de collecte des biodéchets égale ou supérieure à celles des OMR et une harmonisation des modes de collecte facilitent le geste des citoyens et apportent de meilleurs résultats.

Bien sûr, l'étude pointe aussi l'importance de la prise en compte des particularités territoriales. C'est en particulier le cas des installations de traitement existantes. Il s'agit ici d'optimiser leur utilisation pour les porter à « saturation », lorsqu'elles sont sous-utilisées.

1. Télécharger la synthèse de l'étude
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-40821-synthese-etude-cme-biodechets.pdf

Réactions2 réactions à cet article

Bonjour, savez-vous quelles ont été les motivations à écarter les 3 scenarii de réduction maximale du gisement, mise en œuvre d'une plateforme de méthanisation existante, et création d'une plateforme de compostage ?

GL | 14 décembre 2022 à 11h00 Signaler un contenu inapproprié

On ne peut que se réjouir de la perspective d'une collecte séparée des biodéchets. Mais une fois de plus, la France a trainé des pieds sur ce sujet depuis des années ce qui fait qu'aujourd'hui nous sommes "à la ramasse" pour le gérer. En Allemagne (encore elle), les biodéchets sont gérés à part depuis "toujours" car l'Etat ne s'est pas défaussé sur les entreprises pour organiser le service.
En ville, les appartements étant exigus et n'étant pas conçus pour cela, il va se poser le problème de la poubelle supplémentaire : où la mettre ? Par ailleurs, réduire la fréquence de collecte des OMR de C2 à C1 risque de poser des problèmes aux copropriétés. Les "locaux poubelles" ne sont pas extensibles à l'infini. Dans la résidence ou j'habite il sont déjà pleins en C2. Je ne vois pas comment nous pourrions gérer l'augmentation du nombre de conteneur qui résulterait du passage en C1. Il faut aussi prendre en compte les nuisances, olfactives notamment, liées au stockage de déchets putrescibles pendant une semaine ! Quant à l'apport volontaire, il me semble illusoire d'y songer ou alors il est probable que le taux de collecte s'en trouve impacté négativement : cela prendra du temps avant que les usagers s'y résolvent.

JMLESU | 14 décembre 2022 à 18h41 Signaler un contenu inapproprié

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