Les travaux de rénovation des logements et bureaux « passoires thermiques » et d'efficacité énergétique des usines permettraient de générer 113 milliards d'euros de gains d'ici à 2030 au profit des ménages et des entreprises, selon une étude d'Enalia.
Le 15 octobre, le groupe Enalia (ex-Enr'Cert), spécialiste de l'efficacité énergétique, a présenté devant la presse une nouvelle étude réalisée par le cabinet Citizing. Celle-ci estime les gains économiques, sociaux et environnementaux générés par les opérations de rénovation énergétique « les plus urgentes ». L'étude, commandée par Enalia, se concentre sur les logements et les bâtiments tertiaires « passoires thermiques » les plus énergivores (étiquette énergie F ou G), ainsi que le secteur industriel.
Résidentiel : de 600 à 1 400 euros économisés par an par ménage
Pour mener son étude sur le secteur résidentiel, Citizing s'est appuyé sur les diagnostics de performance énergétique (DPE) ainsi que « sur la surface moyenne d'un logement en France qui est de 80 m2 environ, et sur la base de données Phebus sur la précarité énergétique, qui met en parallèle les consommations énergétiques réelles et les consommations théoriques », a expliqué Julie de Brux, directrice du cabinet. L'étude s'est penchée sur les travaux de rénovation menés sur les 4,8 millions de logements passoires thermiques recensés en France, permettant de passer d'une étiquette énergie F ou G à une étiquette C. « 37 % de ces logements sont occupés par des ménages vivant en dessous du seuil de pauvreté », a souligné Mme de Brux. Ainsi, Citizing estime que parvenir à l'étiquette C, grâce à un bouquet de travaux, engendrerait une baisse des consommations de 48,7 térawattheures (TWh) par an au niveau national. Soit 4,2 milliards d'euros par an d'économies pour les ménages sur leurs factures. « C'est une économie de 600 à 1 400 euros par an, par ménage », précise Julie de Brux.
La baisse des émissions de gaz à effet de serre (GES) induites entraînerait aussi un coût évité de 1,5 Md€ par an. « Vivre dans un logement rénové, c'est réduire le risque de développer des maladies », ajoute l'étude. Le cabinet estime la baisse des dépenses de santé évitées pour la Sécurité sociale à 81 millions d'euros par an.
Tertiaire : l'impact du confort thermique sur les gains de productivité
La synthèse des gains annuels générés tous secteurs confondus (résidentiel, tertiaire et industriel) d'ici à 2030.
© Citizing et Enalia
L'étude a également analysé les travaux de rénovation énergétique les plus urgents menés dans les
bâtiments tertiaires en particulier les bureaux. Les travaux portent sur près de 100 millions de m2 de bâtiments classés F ou G pour atteindre l'étiquette B du DPE. Ces bâtiments représentent 10 % de la surface totale du secteur tertiaire en France. Après travaux, le cabinet chiffre la baisse des consommations à 27,1 TWh par an. Soit plus d' 1,9 milliards d'euros d'économies annuelles sur les factures énergétiques des entreprises. L'étude ajoute 850 millions d'euros de gains de productivité par an liés à une température optimale dans les bureaux. Et plus de 805 M€ d'émissions de GES évitées par an.
Industrie : trois types de travaux clés
Enfin, le cabinet a ciblé trois types de travaux réalisés sur le parc industriel : la récupération de chaleur fatale à basse température dans les process, l'amélioration du rendement des chaudières et l'installation d'un variateur de vitesse sur moteur. L'étude estime les gains des consommations énergétiques générés à 37,5 TWh, soit plus de 1,25 Md€ sur les factures par an. Et plus d'un milliard d'euros économisés sur les émissions évitées par an.
Tous secteurs confondus (résidentiel, tertiaire et industriel), ce sont 113 milliards d'euros qui pourraient au total être économisés d'ici 2030, dont 73 milliards de gains de pouvoir d'achat et de compétitivité, conclut l'étude. 35 milliards d'euros concernent aussi des gains environnementaux. « Nous éviterions chaque année 6 % des gaz à effet de serre émis en France, soit un coût évité pour la société estimé à 3,3 milliards d'euros par an », ajoute l'étude.
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Note Les opérations de rénovation sont réalisées en 2020 et leurs effets durent au moins 10 ans, selon la méthodologie de l'étude.
Note L'étude s'appuie sur la valeur tutélaire du carbone, également appelée valeur nationale de l'action pour le climat. Cet indicateur permet d'attribuer au carbone produit ou évité une valeur monétaire, exprimée en tCO2eq/€.Article publié le 16 octobre 2020