Dans le cadre du débat sur la transition énergétique qui vient de débuter, la question du coût des énergies renouvelables va sans aucun doute être une donnée clef. La fédération France Energie Eolienne (FEE), qui regroupe 250 acteurs de la filière, vient de présenter de nouveaux chiffres suite à la réalisation d'une étude macro-économique : une première de ce genre selon FEE. Pour Nicolas Wolff, président de FEE, "c'est la première fois qu'une étude montre les impacts bénéfiques de l'éolien du point de vue économique pour la collectivité. Le grand débat mené sur l'énergie doit désormais prendre en compte cet éclairage".
Réalisée par le cabinet de conseil E-Cube Strategy Consultants, cette étude démontre qu'à partir de 2025, l'éolien devrait participer à la réduction de la facture d'électricité pour le consommateur. En 2030, cette économie pourrait atteindre 10 euros par an et par foyer pour chaque MWh produit par le parc éolien. Avant 2025, le soutien au développement de l'énergie éolienne par les ménages français restera à un niveau proche de 5-10 €/foyer/an selon FEE. En 2012, l'éolien représentait 2,8 euros par ménage français et par an. Ce coût augmenterait donc progressivement d'ici 2025.
Des avantages économiques sous-estimés
Le bilan économique réalisé dans cette étude est fondé sur la comparaison des coûts totaux du système électrique français avec et sans éolien. Quatre dimensions ont été étudiées : la substitution à d'autres combustibles fossiles, la gestion des pics de consommation, les investissements dans le réseau électrique et l'équilibrage du système lié à l'intermittence. Trois scénarios ont été modélisés dans l'étude : un scénario sans éolien ; un second avec le taux de déploiement prévu par le gestionnaire du réseau de transport de l'électricité (RTE) à savoir 30 GW en 2030 ; un troisième intégrant les objectifs de FEE (55 GW en 2030) et une réduction significative de la consommation électrique. Dans les trois scénarios, le parc nucléaire assure 50% de la production d'électricité.
Résultats, en 2020, les économies pour la substitution d'énergies fossiles atteindraient 70 €/MWh d'éolien produit. A horizon 2030, cette valeur dépasse 90 €/MWh, soit plus que le tarif d'obligation d'achat actuel (82 €/MWh). Pour les pics de consommation, 20% du parc éolien pourrait contribuer à leur gestion ce qui éviterait la construction d'autres actifs de production et ferait économiser 3 €/MWh d'éolien produit en 2020, et 10 €/MWh produit en 2030.
Les surcoûts liés aux investissements à réaliser sur le réseau pour accueillir l'éolien sont "de second ordre", selon l'étude de FEE. "L'ordre de grandeur des investissements avancé par RTE est de 1 Md€ à horizon 2020 ce qui se confirme par la publication des premiers Schémas Régionaux de Raccordement au Réseau des Energies Renouvelables, soit environ 1 €/MWh éolien". Un coût similaire à d'autres énergies, note FEE qui le compare au coût de raccordement du prochain EPR estimé à 350 M€ soit environ 1 à 2 €/MWh. En 2030, les coûts pour le réseau pourraient augmenter, mais devraient rester inférieurs à 5 €/MWh.
Enfin, l'étude conclut que l'intermittence de l'éolien "n'exige pas la mise en oeuvre de réserves supplémentaires pour garantir l'équilibrage du système". FEE met en évidence qu'aujourd'hui, "alors que 7 GWc sont en service, aucun impact n'a été observé sur les services systèmes que gèrent RTE. A moyen terme, 2020, RTE n'anticipe par ailleurs pas de besoin supplémentaire", notent les professionnels de l'éolien. A plus long terme, l'impact est plus incertain, mais il pourrait être négatif comme positif selon l'étude.
Au final, en 2030, le déploiement de 30 GW d'éolien (scénario RTE) présente selon FEE un bilan économique globalement positif : 100 euros économisés par MWh produits contre un coût de 82 €/MWh (tarif d'achat de l'éolien terrestre en vigueur depuis 2008). Et ce, "quel que soit le scénario de transition énergétique choisi dans un contexte de part du nucléaire désormais à 50% du mix", note FEE.
Un nécessaire changement de méthode
Ce type d'analyse coûts/bénéfices, la Commission de Régulation de l'Energie (CRE) en réalise également notamment dans le cadre de la fixation de la Contribution au Service Public de l'Electricité (CSPE). Les coûts évités de l'éolien sont alors calculés par référence au prix de marché selon une méthode définie par la délibération de la CRE du 25 juin 2009. Ils sont estimés à 57 €/MWh en 2020. Cette approche a donc tendance à sous-estimer les économies réalisées grâce à l'éolien, ce qui pousse France Energie Eolienne à demander la mise en place d'un nouveau mode de calcul surtout lorsque le parc éolien sera conséquent. "Aujourd'hui, le calcul de ce bilan s'appuie sur des approximations. Ces approximations étaient acceptables historiquement, mais la part de plus en plus importante de l'éolien dégrade fortement leur fiabilité à moyen terme", peut-on lire dans l'étude.