Alors que les incendies qui sévissent en Amazonie sont au cœur des mauvaises relations diplomatiques entre la France et le Brésil, une étude de l'Inra, du CEA, du CNRS et du CNES alerte sur l'évolution récente des forêts tropicales. Jusqu'à maintenant, ces forêts étaient considérées comme un puits de carbone. Aujourd'hui, le bilan global devient neutre, tout au moins pour leur partie aérienne (les chercheurs n'ont pas évalué l'évolution du stock de carbone dans le sol ou dans la biomasse racinaire).

Cela signifie que les stocks de carbone de la végétation produits dans les régions tropicales compensent juste les pertes liées à la déforestation ou aux impacts du climat (notamment du fait d'épisodes El Niño). "[les forêts tropicales] pourraient même devenir une source de carbone atmosphérique dans un proche avenir, accélérant ainsi le réchauffement global", alertent les auteurs de l'étude publiée le 29 juillet dans la revue Nature Plants (1) . Leurs travaux s'appuient sur l'évolution observée des stocks de carbone dans la biomasse aérienne de la végétation de l'ensemble de la zone tropicale sur la période 2010-2017.

Sur cette période les forêts préservées au centre des bassins d'Amazonie et du Congo ont accru leur stock de carbone de 2,97 milliards de tonnes par an (Gt/an), alors que la déforestation et le dépérissement a amputé le stock de carbone des forêts tropicales de 2,86 Gt/an. Le bilan global est donc quasiment neutre +0.11 Gt/ carbone, "compensant ainsi seulement environ 1% des émissions anthropiques des gaz à effet de serre".