Dans une étude parue le 11 mars dans Molecular Ecology Resources (1) , les chercheurs de l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae) ont analysé les plantes des prairies d'Europe et leur capacité d'adaptation au changement climatique. L'Inrae est coordinateur du projet européen « GrassLandscape ». Les scientifiques se sont intéressés à « une graminée majeure des prairies : le ray-grass anglais ». Cette plante a une capacité « d'adaptation naturelle à une vaste gamme de variations environnementales, notamment climatiques », souligne l'Inrae.
Les scientifiques se sont basés sur l'analyse de l'ADN de 469 échantillons de ray-grass anglais provenant de toutes les régions d'Europe. Ils ont ainsi identifié 633 portions d'ADN liées à l'adaptation au stress des hivers froids ou des longues sécheresses estivales, « dont 374 ont pu être associées à un gène connu ». Par exemple, des gènes impliqués dans le stress oxydatif, la synthèse des fibres des parois végétales ou l'induction florale.
Les résultats obtenus ont permis de distinguer des régions de l'Europe (moitié sud de la France, Espagne, Italie) où la présence du ray-grass anglais dans les prairies naturelles est « probablement menacée par le changement climatique, car la diversité génétique existant dans ces régions est peu adaptée au climat à venir », observe l'Inrae. Des stratégies de migration « assistée » et des méthodes de gestion appropriées des prairies « devraient favoriser l'adaptation future de l'espèce et limiter son risque d'extinction locale ».
Les connaissances acquises dans l'étude permettront de créer de nouvelles variétés de ray-grass anglais « possédant les versions adaptatives des gènes identifiés. Ces variétés pourront être utilisées pour le semis de prairies temporaires adaptées aux futurs climats régionaux de l'Europe », ajoute l'institut.