L'atrazine, herbicide le plus utilisé notamment aux Etats-Unis pour maîtriser les mauvaises herbes dans les champs de maïs, est interdit en Europe dont en France depuis 2003. Des traces d'atrazine et d'un de ses métabolites (atrazine mercapturate) étaient pourtant présentes dans les urines de 5,5% de 579 femmes enceintes ayant participé à l'étude Pélagie, pilotée par de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Cette étude a été publiée le 2 mars 2011 dans la revue ''Environmental Health Perspectives''. Elle a été réalisée entre 2002 et 2006 auprès de plus 3.400 femmes enceintes en début de grossesse en Bretagne, région agricole.
Cette étude visait à étudier l'impact de l'atrazine ou d'un de ses métabolites (atrazine mercapturate, desethylatrazine, hydroxyatrazine, or hydroxydesethylatrazine) sur le déroulement de la grossesse et la croissance intra-utérine. Résultats : des traces de métabolites de desethylatrazine et d'hydroxyatrazine auraient également été respectivement retrouvés dans 20% et 40% des échantillons.
L'étude épidémiologique a permis d'établir qu'une présence marquée d'atrazine dans les urines était accompagnée d'une diminution du poids de naissance et de périmètre crânien. Une quantité élevée de pesticides dans l'air peut également avoir un impact sur la croissance intra-utérine.
Selon l'enquête, les femmes ayant des traces d'atrazine ou d'un de ses métabolites dans les urines ''avaient 50% de risque supplémentaire d'avoir un enfant ayant un faible poids à la naissance et 70% de risque supplémentaire d'avoir un enfant ayant une faible circonférence crânienne à la naissance'', s'inquiète l'association Générations Futures (ex MDRGF) suite à la publication de l'étude. D'autant que malgré son interdiction, l'atrazine "reste le pesticide le plus présent dans les eaux en France'', souligne l'ONG.
Si les concentrations restent assez faibles, elles ont malgré tout un impact sur le développement intra-utérin. Il n'existe toutefois "pas d'association évidente entre la présence d'atrazine et le développement d'anomalies congénitales majeures", précisent les chercheur de l'Inserm.
Pour François Veillerette, porte-parole de Générations Futures, ''cette étude nous montre clairement que des doses très faibles d'un herbicide perturbateur endocrinien peuvent avoir des effets dommageables sur le développement du fœtus et donc sur le futur état de santé de l'enfant''. L'ONG demande ''que tous les pesticides pour lesquels un effet perturbateur endocrinien aura été caractérisé soient retirés du marché''.
L'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA) a lancé en octobre 2009 une étude pour déterminer les effets sur la santé de l'atrazine (cancer, malformation des bébés naissants, insuffisance de poids des nouveau-nés et des prématurés).
Références : Chevrier C, Limon G, Monfort C, Rouget F, Garlantézec R, Petit C, et al. 2011. Urinary Biomarkers of Prenatal Atrazine Exposure and Adverse Birth Outcomes in the PELAGIE Birth Cohort. Environ Health Perspect.