Grâce à une nouvelle étude de l'Institut de veille sanitaire (INVS), de nouvelles données sur l'impact sanitaire de la pollution de l'air viennent aggraver les constats déjà connus. Les travaux publiés par l'agence Santé Publique France, nouveau nom de l'INVS suite à sa fusion avec d'autres entités, viennent confirmer que les particules très fines dont le diamètre est inférieur à 2,5 micromètres (PM 2,5) sont responsables de décès en France métropolitaine. Plus de 48.000 pourraient leur être attribués chaque année, dont plus de la moitié dans les agglomérations de plus de 100.000 habitants. "Par différents mécanismes dont le stress oxydatif et l'inflammation, l'exposition à la pollution de l'air contribue au développement de maladies chroniques telles que des maladies cardiovasculaires, respiratoires ou encore neurologiques, et des cancers", détaille Santé publique France. Ces nouvelles données actualisent la dernière estimation publiée en 2000 dans l'étude européenne CAFE annonçant plus de 40.000 décès liés à la pollution en France. Elles complètent les différentes études réalisées en France telle qu'Aphekom.
Autrement dit, la pollution atmosphérique réduirait de deux ans l'espérance de vie des populations dans les villes les plus exposées. Cette perte serait de 15 mois en moyenne pour les villes de plus de 100.000 habitants, 10 mois dans les villes entre 2000 et 100.000 habitants, et de 9 mois dans les zones rurales. En cause ? Non pas les pics de pollution mais plutôt l'exposition quotidienne et régulière aux polluants atmosphériques. "La contribution de l'exposition chronique aux PM 2,5 à la mortalité et à la perte d'espérance de vie en France justifie donc la mise en place d'actions visant à réduire durablement la pollution atmosphérique", plaide une nouvelle fois l'INVS. Déjà en 2013, l'Institut alertait sur la question.
Des gains sanitaires si la qualité de l'air s'améliore
En France, les concentrations annuelles en PM 2,5 oscillent entre 4 et 22 µg/m3 selon les données du ministère de l'Environnement récemment compilées par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Et si les politiques de réduction de la pollution atmosphérique étaient renforcées, que gagnerait-on ? Santé publique France a répondu à la question.
Quatre scénarios de baisse des concentrations de particules fines PM 2,5 ont été étudiés. Le plus ambitieux est très logiquement le plus bénéfique pour la santé. Ainsi, si l'ensemble des communes réussissait à atteindre les niveaux de concentration en PM 2,5 observés dans les communes de taille équivalente les moins polluées, 34.000 décès seraient évités chaque année. Soit 7% de la mortalité en France. Par exemple, si la commune de Villeurbanne où l'on mesure une concentration de 18 µg/m3 en moyenne annuelle en PM 2,5 réussissait à abaisser cette concentration au niveau d'Angers (ville de taille équivalente de 150.000 habitants) où la concentration est de 12 µg/m3 en moyenne, les bénéfices seraient conséquents.
Autre scénario : si la concentration en PM 2,5 recommandée par l'OMS – à savoir 10 µg/m3 - était respectée, la vie de 17.700 personnes seraient préservées dont plus de 12.800 dans les communes appartenant à des unités urbaines de plus de 100.000 habitants. L'INVS plaide par conséquent pour un renforcement des politiques publiques : "La baisse des niveaux de pollution de l'air constitue en France l'un des leviers d'action majeurs pour la prévention des cancers, des pathologies cardiovasculaires et respiratoires, et des maladies neurodégénératives", rappelle l'Institut. A l'heure actuelle, la France fixe une valeur limite à ne pas dépasser de 25 µg/m3 en moyenne annuelle, une valeur cible à atteindre si possible de 20 µg/m3 et un objectif de qualité de long terme et à maintenir de 10 µg/m3.