En 2011, le secteur automobile mondial devrait produire 76 millions de véhicules, en hausse de 6,3% par rapport à 2010, selon une étude publiée mercredi 5 octobre par le cabinet d'audit PricewaterhouseCoopers (PwC). Soit une augmentation de 4,5 millions d'unités par rapport à l'an dernier dont près de la moitié viennent des pays émergents d'Asie (Chine en tête, Inde etThaïlande). En 2012, la production augmentera de 8,8% par rapport à 2011 et passera à 82,7 millions de véhicules.
Une production mondiale tirée par la Chine
Sur les 6,7 millions de véhicules supplémentaires qui devraient être produits en 2012, 4 millions proviendront des pays émergents dont 2,3 millions seront issus de la Chine, devenu le premier marché mondial, a souligné Gérard Morin, responsable du secteur automobile en France chez PwC lors d'un point presse. Selon les estimations du cabinet d'audit, l'augmentation en volume prévue l'an prochain sera imputable pour 60% aux pays émergents d'Asie, contre 44% en 2011. "Pour la première fois dans l'histoire, le nombre de véhicules produits par les marchés émergents sera plus important que le nombre de véhicules produits par les marchés matures", a indiqué PwC. Si 2011 marque ''l'année du basculement'', les pays émergents devraient dominer le marché automobile dans les années à venir : ''près de 57% de la croissance de la production mondiale devraient provenir d'Asie-Pacifique entre 2010 et 2017, dont 38,6% de Chine'', projette le cabinet. Soit une augmentation de 32,5 millions de véhicules produits en 2017.
La production nord-américaine (Mexique, Canada, Etats-Unis) va en revanche croître seulement de 1,3% en 2011 et 0,8% en 2012, estime PwC. Les pays matures d'Asie Pacifique devraient se reprendre en 2012 (+0,8%), après une baisse de la production de 0,4% en 2011 dû au tsunami au Japon. Dans l'Union européenne, la croissance de la production automobile devrait également être beaucoup plus modeste et stagnera autour de + 0,8% en 2011 et + 0,1% en 2012 ! ''Le marché de l'Union européenne confirme son statut de marché mature, et qui dit marché mature dit marché de renouvellement", a déclaré Gérard Morin. Les cinq premiers marchés européens (France, Allemagne, Italie, Espagne, Royaume-Uni) devraient pour leur part contribuer à près de 10% de la croissance de la production mondiale en 2017. ''Après trois années soutenues par la prime à la casse, les ventes en France et en Allemagne retrouvent leur niveau d'avant crise de 2008-2009'', a déclaré Gérard Morin.
Un marché appelé à se verdir
La prime à la casse a ''contribué à améliorer
Les moteurs thermiques de moins en moins émetteurs et pouvant être équipés notamment de systèmes stop and start représenteraient toujours 95% de la production mondiale des voitures légères en 2017, selon l'étude réalisée par PwC Autofacts. L'hybride et l'électrique représenteraient quant à eux respectivement 4,1% et 1% de la production à cette date contre 1,8% et 0,2% en 2011. Soit plus de 4,1 millions d'hybrides produits et plus de 1 million de véhicules 100% électriques.

Alors qu'en 1995 les véhicules émettant moins de 120 g de CO2/km n'existaient presque pas en Europe, les ventes de ces véhicules ont pour la première fois dépassé toutes les autres catégories, représentant un tiers des ventes totales en 2010, précise le cabinet. L'UE sera la première région du monde à introduire en 2012 un objectif moyen de 130 g de CO2 au kilomètre pour les voitures vendues sur le sol européen, conformément au règlement européen de 2009, contre 140 grammes d'émissions moyennes constatées l'an dernier. Le renouvellement du parc automobile européen pourra être tiré ''par la course à la performance environnementale'' liée à l'entrée en vigueur de la nouvelle réglementation sur le CO2 dès janvier 2012. Si l'UE, précurseur, possède la législation la plus contraignante, la Chine n'est pas en reste et a notamment fixé à l'horizon 2015 une limite d'émission qui avoisinera les 165g de CO2/km. De leur côté, les Etats-Unis via leur loi CO2 prévoit un seuil de 160g/CO2/km en 2016 (contre 240g/CO2/km en 2008) et 105 g/CO2/km en 2025. Mais ''l'Union Européenne, championne du défi environnemental (…) se situera toujours en tête à l'horizon 2020 avec un objectif moyen d'émission à 95g de CO2/km", selon le cabinet.
Des pénalités européennes pour les plus gros pollueurs
''Les pénalités CO2 constituent une forte incitation pour les industriels à investir et innover et ainsi garder une certaine longueur d'avance dans cette compétition internationale'', estime François Jaumain. Des pénalités financières sont en effet fixées par l'UE à l'encontre des constructeurs en cas de non-respect des limites d'émissions autorisées. Celles-ci vont dès 2012, de 5 euros pour le 1er gramme de dépassement (concernant 65 % des flottes vendues) à 95 euros pour le 4e gramme pour 100% des volumes en 2015. A partir de 2019, la pénalité sera de 95 euros dès le 1er gramme. D'après une simulation réalisée par l'institut PwC Autofacts, le constructeur Daimler pourrait acquitter près de 2.000 euros par véhicule, s'il vend en 2012 les mêmes véhicules qu'en 2010 affichant un niveau d'émissions moyen de 160 grammes par kilomètre. Soit plus de 1 milliard d'euros au total ! À l'inverse, le japonais Toyota, spécialiste de l'hybride (avec notamment les Prius) ne paierait pas de pénalités, étant le seul à atteindre son objectif fixé pour 2012.''Ces pénalités sont théoriques. Logiquement, les constructeurs accusant du retard devraient le rattraper d'ici 2012 en utilisant les technologies hybrides et électriques", tempère toutefois François Jaumain. Les français Peugeot et Citroën, qui ont déjà lancé la Citroën C-Zéro, figurent parmi les constructeurs les moins pénalisés (une centaine d'euros par véhicule, selon la simulation). PSA table sur 100.000 véhicules électriques et hybrides vendus d'ici à 2015.