Robots
Cookies

Préférences Cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site. Certains sont essentiels, d'autres nous aident à améliorer le service rendu.
En savoir plus  ›
Actu-Environnement

Une étude scientifique appelle à protéger 30 % des océans d'ici 2030

Une étude montre que la création d'aires marines protégées sur des zones identifiées, représentant 30 % des océans, réduirait considérablement la perte de biodiversité et contribuerait à lutter contre le réchauffement climatique.

Biodiversité  |    |  D. Laperche

« Si nous voulons résoudre les trois défis les plus pressants de notre siècle – perte de biodiversité, changement climatique et pénurie alimentaire – nous devons rapidement protéger 30 % de la globalité des océans », pointe Boris Worm, co-auteur d'une étude publiée mercredi 17 mars dans la revue Nature (1) . Fruit d'une collaboration entre 26 scientifiques, ces travaux (2) ont identifié les zones marines dans lesquelles les espèces et les écosystèmes sont les plus menacés par les activités humaines et où des mesures de protection seraient les plus avantageuses pour la protection de la biodiversité, la production de ressource alimentaire et la réduction des émissions de dioxyde de carbone. Celles-ci sont réparties sur l'ensemble du globe. La grande majorité d'entre elles se trouve toutefois près des côtes, au sein des zones économiques exclusives des pays.

7 % de l'océan mondial est actuellement protégé

« La vie océanique est en déclin dans le monde entier en raison de la surpêche, de la destruction des habitats et du changement climatique. Pourtant, seulement 7 % de l'océan mondial est actuellement protégé », regrette Enric Sala explorateur au sein de la National Geographic Society et auteur principal de la publication. Et selon les auteurs, seulement 2,6 % avec une protection stricte en août 2020.

« Après la mise en place de mesures de protection, la diversité et l'abondance de la vie marine augmentent, avec une restauration notable en trois ans seulement, assure Reniel Cabral, co-auteur de l'étude et chercheur à l'Université de Santa Barbara en Californie. Les espèces ciblées par la pêche et les grands prédateurs reviennent et des écosystèmes entiers sont restaurés au sein des aires marines protégées. Avec le temps, l'océan peut se régénérer et fournir à nouveau des services à l'humanité ».

La création d'aires marines protégées – avec une protection stricte – dans ces zones identifiées par les chercheurs permettrait selon eux de sauvegarder plus de 80 % des aires de répartition des espèces menacées. « Une priorité notable en matière de conservation est l'Antarctique, qui est actuellement peu protégé, mais qui devrait accueillir de nombreuses espèces vulnérables dans un avenir proche en raison du changement climatique », estime David Mouillot, co-auteur de la publication et professeur à l'Université de Montpellier

Réduire les risques climatiques liés au chalutage de fond

Autre intérêt de cette protection ciblée : réduire les potentielles émissions de dioxyde de carbone. En effet, les océans constituent le principal puits de carbone de la planète. « S'il n'est pas perturbé, le carbone organique stocké dans les sédiments marins peut rester pendant des millénaires. (…) La protection des fonds marins riches en carbone est une solution fondée sur la nature potentiellement importante pour faire face au changement climatique », notent les auteurs de l'étude. Or en utilisant des données satellites, les scientifiques ont estimé que 4,9 millions de km2 soit 1,3 % des océans mondiaux subissent un chalutage de fond chaque année. Et cette pratique, selon l'étude conduirait à des émissions de dioxyde de carbone à des centaines de millions de tonnes, un volume similaire à celui émis par le trafic aérien mondial. « Nous chalutons les fonds marins, appauvrissant leur biodiversité et remettant en suspension le carbone stocké durant des millénaires, exacerbant ainsi le changement climatique », a souligné Trisha Atwood, de l'Université d'État de l'Utah aux USA, co-auteur de l'article.

Les travaux des scientifiques montrent que la protection de 3,6 % des océans dans les zones identifiées (principalement dans les zones économiques exclusives) contre le chalutage de fond permettrait d'éliminer 90 % du risque de perturbation de stockage du carbone.

« L'exploitation minière est une autre menace émergente pour le carbone des sédiments, mais son empreinte spatiale est encore inconnue, car cette industrie ne fait que se développer », indiquent également les auteurs de l'étude.

Au final, cette étude pourrait guider le choix des zones à protéger en fonction des priorités nationales. « Nous attendons de la 15e conférence des parties (COP 15) signataires de la Convention sur la diversité biologique (CDB) qu'elle aboutisse à un accord mondial pour protéger au moins 30 % des océans d'ici 2030 afin d'atteindre à la fois les objectifs de conservation de la biodiversité et d'atténuation du changement climatique », ont souligné les auteurs dans leur étude.

1. Lire l'article Protecting the global ocean for biodiversity, food and climate. (2021).<br /><br />
https://www.nature.com/
2. Partenaires : Université Montpellier, Ifremer, Université Dalhousie de Halifax (Canada), Université d'État de l'Utah (USA), Université de Santa Barbara en Californie (USA), Université de British Columbia (Canada), The Nature Conservancy (USA), Université de Yale (USA), Université d'Hawaï (USA)

Financeurs FRB, EDF, Fondation Total, National Geographic Society, Fondation Leonardo DiCaprio

RéactionsAucune réaction à cet article

Réagissez ou posez une question à la journaliste Dorothée Laperche

Les réactions aux articles sont réservées aux lecteurs :
- titulaires d'un abonnement (Abonnez-vous)
- inscrits à la newsletter (Inscrivez-vous)
1500 caractères maximum
Je veux retrouver mon mot de passe
Tous les champs sont obligatoires

Partager