En trente ans, plus de la moitié des lacs de la planète ont perdu l'équivalent de sept fois le volume de la Mer Caspienne (dont la capacité est estimée à 78 200 kilomètres cubes). Tel est le constat dressé par des scientifiques américains de l'université de Boulder au Colorado et deux de leurs homologues français du laboratoire d'études en géophysique et océanographie spatiales (Legos) de l'université de Toulouse et du Centre national d'études spatiales (Cnes). Dans une étude, publiée le 18 mai dans la revue Science, les chercheurs estiment que 53 % de près de 2 000 lacs et réservoirs, naturels ou artificiels (soit 95 % des plans d'eau de la planète contenant 87 % de l'eau potable terrestre) ont subi une réduction de leur volume moyen d'eau stockée, entre 1992 et 2020.
Les auteurs de l'étude basent leurs calculs sur des données altimétriques associées à plus de 250 000 clichés satellites. Une première à l'échelle mondiale, selon eux. « Les pertes constatées dans les lacs arctiques ou de régions tropicales humides suggèrent une sécheresse bien plus généralisée qu'escomptée auparavant. » Les lacs de barrage et de retenue souffrent d'autant plus : deux tiers d'entre eux auraient subi « des pertes significatives ». Du point de vue des chercheurs, les causes n'ont rien de mystérieuses. D'une part, le réchauffement climatique induit une évaporation massive et conduit, pour les étendues les plus salées, à une sédimentation plus importante (due à la précipitation du sel). D'autre part, l'augmentation de la population mondiale, et celle des températures n'aidant pas, accentue la quantité d'eau potable prélevée.
Cela étant, 24 % de tous les lacs scrutés ont montré une augmentation de leur volume en trente ans. Il s'agit surtout de plans d'eau situés dans des zones très faiblement peuplées, comme le plateau tibétain ou les grandes plaines du nord des États-Unis, ou qui font l'objet de mesures de rétention comme le lac Sevan en Arménie.