En effet, à l'instar de l'OMS qui a établi des seuils en la matière, le code de la santé publique prévoit une limite de qualité et un programme de surveillance dans l'eau destinée à la consommation humaine. L'INVS a dès lors procédé à une évaluation des risques sanitaires de sous-produits de chloration sur onze sites, dans le but d'estimer, d'une part l'impact sanitaire de la chloration de l'eau et d'étudier d'autre part l'opportunité de mettre en place un système de surveillance épidémiologique des pathologies liées à ce traitement.
Des scenarii d'exposition moyens et élévés ont été établis pour la population générale et les femmes enceintes en prenant en compte les trois voies d'absorption possibles (orale, respiratoire et cutanée) et différentes situations d'exposition (boisson, douche et bain). Toutefois, en raison du manque de données toxicologiques, la caractérisation du risque sanitaire par l'INVS s'est limitée aux effets cancérigènes et reprotoxiques du trichlorométhane contenu dans l'eau de distribution.
L'étude révèle que, malgré un excès de risque dépassant le seuil d'acceptabilité de l'OMS (1 cas supplémentaire par an pour 100 000 personnes), l'impact sanitaire du trichlorométhane dans la population étudiée (0,25 à 1,7 cas par an de cancer colorectal ou de cancer de la vessie) est trop faible pour être observable par un système de surveillance épidémiologique. Selon l'institut, en l'état actuel des connaissances, la surincidence des cancers ne peut être estimée.
Cependant l'INVS estime qu'il existe d'importantes incertitudes liées à la mesure de l'exposition de la population. Des travaux de recherche visant à préciser l'évolution des concentrations en trihalométhane dans les réseaux d'eau potable, le transfert des trihalométhanes de l'eau à l'air et les déterminants de leur passage à travers la membrane cutanée restent donc à mener. De même, l'étude montre qu'une meilleure connaissance des habitudes des Français vis-à-vis de l'usage de l'eau, comme le temps de douche ou de bain, leur fréquence, ainsi que des données sur les dimensions des salles de bain, constituerait une amélioration pour évaluer l'exposition des populations aux polluants hydriques.