Une réglementation jugée trop hétérogène
En mars 2008, l'Economist Intelligence Unit a interrogé 320 dirigeants du monde entier et de secteurs d'activités variés au sujet de leur approche de la gestion du risque environnemental. Les sociétés contactées appartiennent à de nombreux secteurs d'activités et sont réparties dans plusieurs régions du monde : un tiers en Asie et en Australasie, un tiers en Amérique du Nord et un tiers en Europe de l'Ouest. Toutes les personnes interrogées ont une influence ou une responsabilité en matière de décisions stratégiques sur la gestion du risque au sein de leur société.
Résultats, 35% d'entre elles évoquent la méconnaissance de l'impact des responsabilités environnementales et 34% déclarent que le manque d'harmonisation réglementaire au niveau international est le principal problème. L'intégration des particularités réglementaires locales dans le domaine de l'environnement semble être l'une des difficultés majeures pour les entreprises à dimension internationale. Même en Europe, on constate une grande disparité dans les textes d'application au sein de chaque Etat membre et à ce titre, la nouvelle loi du 1er août 2008 sur la responsabilité environnementale en France ne déroge pas à cette tendance d'adaptation locale, explique Dorothée Prunier, Responsable Souscription Atteintes à l'environnement pour la France chez ACE.
Une mise en pratique tâtonnante
Cette difficile approche réglementaire va de pair avec une certaine méconnaissance des risques concernés. Seulement 33% des personnes interrogées estiment avoir pris les bonnes décisions concernant la gestion des risques à savoir les absorber ou les transférer. Ces données soulignent les défis auxquels les entreprises se trouvent confrontées lorsqu'il faut quantifier la véritable étendue des risques environnementaux, explique ACE. La question des personnes responsables est aussi loin d'être maîtrisée. Pour 25%, le PDG est responsable, et pour 20%, cette responsabilité revient à un risk manager.
Au regard de ces résultats, le groupe ACE conseille aux entreprises d'effectuer un travail en amont sur la gestion globale des risques environnementaux, en identifiant les responsabilités, en mettant en place des indicateurs de performance et en capitalisant sur les expériences internes, avant de penser à quantifier les risques supportables ou transférables.
La gestion des risques environnementaux devrait au final être une composante de la stratégie de l'entreprise. Pourtant au cours de l'étude, 41% des personnes interrogées ont déclaré prendre en compte le risque environnemental lorsque de nouveaux produits ou services sont mis au point ; 32% le font lorsqu'ils choisissent un partenaire ou un fournisseur ; 26% lorsqu'ils prévoient de s'étendre à l'étranger ; et 19% lorsqu'ils envisagent des fusions et acquisitions.
Mais désormais les risques environnementaux doivent être évalués lors de chaque décision. Selon ACE, le risque environnemental intégré au coeur des métiers est l'une des composantes clé pour aider les entreprises dans leur positionnement stratégique face à des problématiques nouvelles telles que les bilans carbones, l'identification de nouvelles expositions suite aux évolutions réglementaires.
Beaucoup de chemin reste à parcourir et les assureurs espèrent bien accompagner leurs clients sur cette voie. Car si les entreprises n'ont pas encore pleinement intégré les risques environnementaux, les assureurs les prennent quant à eux de plus en plus au sérieux dans un contexte de crise énergétique et de changement climatique. Pour l'instant, la « contrainte carbone » ne pèse pas encore véritablement dans les décisions des assureurs mais cette situation pourrait évoluer à l'avenir.