Une sphère d'influence très large
Pour convaincre et surtout démontrer de l'importance du rôle des entreprises, le cabinet Vigeo a réalisé une estimation des émissions de gaz à effet de serre imputables à différents secteurs d'activité : pétrole et gaz, électricité, automobile, aviation, chimie, matériaux de construction ou encore banques et grande distribution. Intérêt de l'étude : le cabinet ne s'est pas contenté de rappeler les émissions directes des activités, mais il a calculé l'ensemble des émissions imputables au secteur. Grâce à une approche ''cycle de vie'', l'étude identifie trois périmètres de mesure : les émissions directes (usine, chauffage des bâtiments, flotte de véhicules…), les émissions indirectes liées à l'électricité et à la chaleur achetée et les autres émissions indirectes (émissions liées aux fournisseurs, aux produits ou aux services vendus, aux transports des employés…).
Résultats, certains secteurs comme celui de l'électricité, des mines ou du transport aérien ont un impact carbone principalement dû à leur premier périmètre (émissions directes) tandis que pour les banques et assurances ou encore l'automobile, près de 100% de leurs émissions sont indirectes. À travers ces chiffres, WWF et Vigeo cherchent à démontrer que ''la sphère d'influence des entreprises peut être plus large que le champ d'actions qu'elles choisissent traditionnellement pour désigner leur politique de lutte contre le changement climatique''. Selon le rapport, lorsque le plus gros volume d'émissions de carbone se trouve en amont ou en aval des activités de l'entreprise, une prise en compte de ces émissions ''indirectes'' peut s'avérer efficace afin d'inciter fournisseurs, sous-traitants ou clients à les réduire.
Identification des pistes d'actions
À partir de cette approche ''cycle de vie'', Vigeo identifie le périmètre sur lequel doit agir l'entreprise pour réellement limiter son impact carbone. ''Les postes d'émissions les plus élevés dans la somme des émissions rendent compte des principaux défis sectoriels, c'est-à-dire de l'endroit où placer le curseur dans les efforts de réduction'', explique le cabinet. Ainsi pour le secteur de la chimie, l'étude calcule que les émissions ont pour origines la phase de fabrication (39%), l'utilisation des produits (27%) mais également l'énergie achetée pour la fabrication (25%). Vigeo conseille par conséquent à ce secteur de modifier son mix énergétique au profit de sources moins polluantes comme le gaz naturel ou la biomasse aux dépends du pétrole et du charbon.
Les secteurs de l'agro-alimentaire et de la grande distribution doivent quant à eux, agir en priorité auprès de leurs fournisseurs. En effet, l'agriculture et l'élevage y représentent respectivement 30% et 29% des émissions tandis que le secteur des banques et assurances doit surtout réduire les émissions induites par les projets qu'il finance.
Pour Serge Orru Directeur Général du WWF, il est donc évident que ''les acteurs économiques sont de puissants leviers de changement pour réduire les impacts environnementaux de leurs activités, mais aussi pour orienter les consommateurs vers des modes de consommation plus responsable à travers l'offre de produits ou de services''.
Encore faut-il que les entreprises en soient conscientes. Vigeo et WWF remarquent que les entreprises des secteurs étudiés n'ont qu'un faible niveau de reporting sur les émissions indirectes générées par leurs activités et préconise une homogénéisation des méthodes de reporting. Les deux partenaires prévoient déjà d'approfondir leurs réflexions en 2010 en étudiant plus en détail le cas des entreprises françaises.