Le 20 octobre, le Parlement européen, a adopté, en session plénière, le projet de Stratégie européenne de « la ferme à la table ». Pour rappel, en mai 2020, la Commission européenne a présenté cette stratégie qui vise à mettre en place un système alimentaire plus durable à l'horizon 2030. Quatre objectifs ont été fixés d'ici cette échéance : réduire de 50 % l'utilisation des pesticides et des risques qui leur sont associés, diminuer d'au moins 20 % l'utilisation de fertilisants et de 50 % les ventes d'antimicrobiens utilisés pour les élevages et l'aquaculture. La Commission européenne souhaite également qu'un quart des terres agricoles soient exploitées en agriculture biologique.
Les eurodéputés ont adopté une résolution par 452 voix pour, 170 contre et 76 abstentions. Afin de garantir aux agriculteurs « une part équitable des bénéfices réalisés grâce à la production durable de denrées alimentaires », ils souhaitent que la Commission « intensifie ses efforts – y compris par l'adaptation des règles de concurrence – pour renforcer la position des agriculteurs dans la chaîne d'approvisionnement ». Le Parlement européen plaide également pour fixer des objectifs « ambitieux » concernant les émissions de gaz à effet de serre provenant de l'agriculture et de l'utilisation des sols. Et permettre de réduire de 55 % les émissions de l'UE en 2030 (paquet « Fit-for-55 »). Ces objectifs incluent des « critères stricts relatifs aux énergies renouvelables produites à partir de la biomasse et la restauration et l'amélioration des puits de carbone naturels ». Les eurodéputés recommandent en outre de limiter les risques liés aux pesticides « nocifs » pour les abeilles.
« Nous proposons des mesures concrètes pour ramener notre système alimentaire dans les limites de notre planète en encourageant la production alimentaire locale et en s'éloignant de l'élevage intensif et des monocultures agricoles qui utilisent des pesticides à un niveau élevé. Un système alimentaire durable est également essentiel pour l'avenir des agriculteurs », a déclaré Anja Hazekamp, corapporteuse néerlandaise du projet de résolution.
« Le Parlement européen confirme que doit s'appliquer le principe de précaution pour les nouveaux OGM ainsi que l'obligation de l'étiquetage pour la bonne information des consommateurs. », se félicite, de son côté, l'eurodéputé français socialiste Éric Andrieu.« Les objectifs de "farm to fork" sont des objectifs contraignants pour les États membres ; la Commission devra s'assurer que chaque État mette des objectifs appréciables et surtout des moyens pour atteindre ses objectifs », a-t-il ajouté.
Le 19 octobre 2020, les ministres européens de l'Agriculture et de l'Alimentation se sont aussi positionnés sur la stratégie de la Commission. Ils ont demandé que les propositions législatives de l'UE, présentées au titre de cette stratégie, soient fondées sur « des analyses d'impact ex ante scientifiquement fondées ». Idem pour le Parlement. De même, les ministres ont assuré « promouvoir l'utilisation prudente et responsable des pesticides, des antimicrobiens et des fertilisants, aux fins d'une production alimentaire durable qui soit dans le même temps favorable à l'environnement ».