Si l'Europe développe davantage les énergies renouvelables, elle continue pour autant de subventionner les énergies fossiles. Tel est le constat porté par un nouveau rapport (1) de la Cour des comptes de l'Union européenne (UE). D'après son analyse, les subventions accordées aux combustibles fossiles par les États membres se situeraient, en moyenne, entre 2008 et 2019, à plus de 55 milliards d'euros par an. Les aides fournies aux énergies renouvelables, quant à elles, ont presque quadruplé en onze ans, passant de 20 à 78 milliards d'euros annuellement.
Niveaux comparatifs des subventions à l'énergie, en fonction du PIB.© Cour des comptes de l'UE
Selon la Cour des comptes de l'UE, quinze États membres – dont la France – financent davantage de subventions pour les combustibles fossiles que pour les énergies renouvelables. « Les États membres qui peinent à progresser dans la réalisation de leurs objectifs en matière d'énergies renouvelables consacrent moins de financements à celles-ci », explique l'organe européen. L'Hexagone, en particulier, est celui des 27 qui peine le plus en la matière. De plus, le cadre actuel de la taxation de l'énergie encourage encore, selon le rapport de la Cour, des sources d'énergie plus polluantes. « À titre d'exemple, le charbon est moins taxé que le gaz naturel et certains combustibles fossiles sont considérablement moins imposés que l'électricité, avance la Cour. En outre, alors qu'une majorité d'États membres impose des taxes élevées sur les carburants, certains maintiennent ces taxes à un niveau proche des minima établis par la directive, risquant ainsi de créer des distorsions sur le marché intérieur. »
Néanmoins, la Cour des comptes européenne souligne que sa révision proposée par la Commission européenne, en juillet dernier, n'ira pas nécessairement dans le bon sens. « L'élimination progressive des subventions aux combustibles fossiles d'ici à 2025, un engagement pris par l'UE et ses États membres, s'annonce délicate sur les plans économique et social », énonce la Cour, en référence aux conséquences budgétaires sur les ménages les plus précaires.
Article publié le 01 février 2022