Les représentants des États membres de l'UE ont voté, ce vendredi 6 décembre, en faveur de l'interdiction du chlorpyrifos et du chlorpyrifos-méthyl. Ce vote, obtenu dans le cadre du comité des plantes, des animaux, des denrées alimentaires et des aliments pour animaux (Scopaff), fait suite à une proposition de la Commission européenne de ne pas renouveler l'autorisation de ces substances, qui expire le 31 janvier 2020.
Saisie par l'exécutif européen, l'Agence européenne de sécurité des aliments (Efsa) avait conclu, en août dernier, que cette substance présentait des effets neurologiques, ainsi que des effets génotoxiques possibles, et qu'aucun niveau d'exposition sûr ne pouvait être fixé.
« Le chlorpyrifos est l'un des pesticides les plus couramment utilisés en Europe et ses résidus sont souvent présents dans les fruits, les légumes, les céréales et les produits laitiers, ainsi que dans l'eau de boisson », rappellent une coalition d'ONG, parmi lesquelles Health and Environment Alliance (Heal), Générations futures, SumOfUs et Pesticides Action Network (PAN). Une série d'articles publiés par plusieurs médias européens, dont Le Monde en France, avait montré que le processus européen d'autorisation initiale de la substance avait ignoré des centaines d'études indépendantes démontrant ses effets néfastes pour le cerveau, et qu'il avait reposé sur une seule étude financée par l'industrie.
Les ONG saluent « une victoire pour les générations futures ». « L'Europe démontre (enfin) son leadership sur les questions de santé publique, afin de prouver aux citoyens qu'elle peut les protéger, qu'elle peut défendre leurs droits face à l'avidité morbide de quelques multinationales », salue l'eurodéputé socialiste Éric Andrieu, qui rappelle qu'il s'agit aussi du perturbateur endocrinien le plus présent dans la nourriture.