Dans un rapport publié ce 10 septembre, l'ONG Générations futures fustige le manque de prise en compte de "toutes les données scientifiques disponibles" lors du processus de réhomologation de substances actives de pesticides au niveau européen. L'association s'est penchée sur cinq substances "qui ont récemment subi le processus de réévaluation européen". Il s'agit des insecticides chlorpyrifos, chlorpyrifos méthyl et thiaclopride, de l'herbicide metsulfuron et du fongicide métalaxyl-m. L'ONG a analysé les études scientifiques citées par les industriels dans leurs dossiers de demande de réautorisation des cinq substances, ainsi que par les Etats membres dans leurs rapports d'évaluation pour les renouvellements d'autorisation (RAR). L'association les a ensuite comparées avec la liste des études présentes, pour ces substances, dans la base de données américaine "PubMed" qui "répertorie la plupart des revues scientifiques en biologie", souligne Générations futures.
L'association rappelle qu'un règlement européen de 2009 exige que soient fournis, dans les dossiers de demande d'autorisation et dans les RAR, "l'ensemble de la littérature sur la toxicité des substances publiée dans des revues scientifiques au cours des dix années précédentes". Or, cette obligation d'inclure toutes les études publiées sur les pesticides ne serait pas respectée, selon l'ONG. Elle indique qu'en moyenne "seulement 16 % de l'ensemble des études qu'on devrait trouver dans les cinq dossiers de demande de réautorisation y figurent". Et, dans le cas des 5 RAR, ce sont "en moyenne 9 % des études".
Générations futures dénonce "une sous-estimation de la dangerosité des pesticides". Elle demande à l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) de refuser "immédiatement tout dossier ou RAR ne contenant pas l'intégralité de la production scientifique des dix années précédentes concernant la toxicité des pesticides en réexamen". Elle demande aussi que soit "pris en compte le poids de la preuve scientifique de l'ensemble des études universitaires montrant des effets néfastes, notamment à faible dose, de l'ensemble des matières actives pesticides en réexamen".
Début août, l'Efsa a notamment pointé les effets sur la santé humaine de l'insecticide chlorpyrifos, dont l'autorisation expire le 31 janvier 2020."Aucun niveau d'exposition sûr ne peut être fixé pour la substance", a conclu l'Autorité sanitaire, qui en déduit qu'elle ne satisfait pas aux critères requis par la législation pour autoriser son renouvellement.