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Actu-Environnement

L'exécutif freine les ambitions de la filière des gaz renouvelables

Le gouvernement revoit à la baisse les ambitions de développement du biogaz dans la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) d'ici 2030. La filière fustige ce coup de frein et une baisse des tarifs d'achat du biométhane injecté.

Energie  |  
Actu-Environnement le Mensuel N°389
Cet article a été publié dans Actu-Environnement le Mensuel N°389
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Les agriculteurs méthaniseurs et les acteurs gaziers (1) dénoncent une baisse de soutien du gouvernement au développement de la filière du biogaz, prévu dans le projet de programmation pluriannuelle de l'énergie (2) (PPE) publié le 25 janvier. La nouvelle PPE prévoit de baisser de 10 % (un taux fixé par la loi de transition énergétique de 2015) à 7 % la part de biogaz (injecté ou utilisé directement) dans la consommation totale de gaz, à l'horizon de 2028-2030. Pourtant, les acteurs de la filière portaient un objectif de 30 % de biométhane injecté en 2030.

Une baisse des coûts de production exigée dès 2023

Le projet de PPE prévoit le maintien du tarif d'achat du biométhane en guichet ouvert pour les installations de petite taille (dont le seuil reste à définir). Comme pour le photovoltaïque : plus il y aura de projets, plus ce tarif d'achat sera revu à la baisse. Mais la PPE prévoit aussi une diminution du prix d'achat du biométhane injecté pour les installations sous appels d'offres. Ces appels d'offres seront dimensionnés sur la base d'un tarif de référence de 67 euros par mégawattheure (€/MWh) en 2023 puis à 60 €/MWh en 2028. Et un tarif maximal sera fixé à 87 €/MWh en 2023 et 80 €/MWh en 2028. Deux appels d'offres seront lancés chaque année pour un objectif de production de 350 gigawattheures (GWh) par an chacun. Si le prix moyen d'achat "n'est pas atteint, les volumes alloués seront réduits afin de ne pas dépasser le niveau de dépense publique visé", prévient le gouvernement.

“ On nous demande une baisse rapide [des coûts], jamais demandée à une autre filière ENR. La trajectoire des volumes de biogaz injectés est en deçà de la précédente PPE  ” Catherine Brun, secrétaire générale de GRTgaz

A l'heure actuelle, la méthanisation coûte 95 euros/MWh. L'Etat conditionne donc le développement du gaz vert à une baisse des coûts de production de 30 % en cinq ans. Irréaliste pour la filière : "le soutien public prévu est conditionné à l'atteinte d'un coût de production de 67 euros/Mwh dès 2023 qui est impossible à réaliser à si brève échéance", déplore Olivier Dauger, agriculteur, président de l'association France gaz renouvelables. "Cet objectif doit absolument être revu sauf à mettre un coup d'arrêt au démarrage de la filière", a-t-il prévenu.

Les deux syndicats agricoles : la FNSEA (également membre de France gaz renouvelables) et Jeunes Agriculteurs fustigent une trajectoire "strictement impossible à tenir", qui ne laisse "aucune chance aux projets agricoles et territoriaux de se développer durablement".

Des coûts basés sur des méga-installations

La place des gaz renouvelables dans la PPE a été naturellement débattue au salon Biogaz Europe à Rennes. Elle a fait l'objet d'une table-ronde, le 30 janvier, rassemblant les acteurs. Tous critiquent ces contraintes budgétaires et craignent pour l'avenir de la filière. "On nous demande une baisse rapide [des coûts], jamais demandée à une autre filière ENR. La trajectoire des volumes de biogaz injectés est en deçà de la précédente PPE", a regretté Catherine Brun, secrétaire générale de GRTgaz.

Bercy aurait fixé les objectifs des coûts "en se basant sur des méga-installations du nord de l'Europe notamment au Danemark", selon Olivier Guerrini, directeur gaz renouvelables chez Engie. "Mais ce n'est pas le modèle qui a été choisi en France".

Selon Sylvain Frédéric, chargé de mission biométhane chez GRDF, le coût de 67 euros/MWh demandé par la PPE a été calculé sur des installations de grande taille qui produiraient "1.000 à 1.500 Nm3/h (normaux mètre cube par heure) de gaz". Or, en France, la moyenne de production serait de 150 Nm3/h. "Il va falloir innover pour baisser les coûts. GRDF a lancé une dizaine de programmes de R&D en ce sens pour sortir des briques technologiques", a-t-il ajouté.

600 projets d'injection en cours

Malgré ces signaux défavorables, la filière y croit encore. Si aujourd'hui 78 sites injectent du biométhane, près de 600 projets sont actuellement en file d'attente des gestionnaires de réseaux, soit une capacité de 12 TWh. "[Ces projets] seront prêts d'ici 2023. Nous restons confiants car la demande des territoires est là", assure Sylvain Frédéric. Ces projections vont au-delà des objectifs de la PPE qui prévoit de porter le volume de biométhane injecté entre 14 et 22 térawattheures (TWh) en 2028, contre 0,4 TWh en 2017.

France gaz renouvelables souhaite que l'objectif de 6 TWh d'injection en 2023 "soit revu à la hausse" puisque la précédente PPE fixait 8 TWh.

En 2050, la France pourrait être autonome en gaz en produisant 100 % de ses besoins à partir de ressources renouvelables, selon une étude, présentée en janvier 2018 par l'Ademe et GRDF et GRTgaz.

Rachida Boughriet et Florence Roussel

1. Plusieurs associations professionnelles du gaz : France gaz renouvelables, Association française du gaz (AFG), Coénove, Association française du gaz naturel pour véhicules (AFGNV) ainsi que les opérateurs GRTgaz, GRDF ou Engie.2. Télécharger le projet de PPE
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-32797-projet.pdf

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