Etienne Bourgeois et Eric Karsanti, les co-directeurs de l'expédition Tara Océans (1) ontdécidé de modifier le parcours de la troisième année de l'expédition. Le programme d'origine (2) prévoyait plusieurs escales dans les mers d'Asie au cours des quatre premiers mois de 2012. La mer du Japon et Tokyo représentait même une escale capitale. Mais face au risque sanitaire lié à la catastrophe de Fukushima, les directeurs ont décidé d'un commun accord de renoncer à explorer cette zone. "Il existe désormais un risque sur le terrain même s'il est difficile à l'heure actuelle de l'évaluer précisément mais pour Tara, les demandes d'autorisations de prélever dans les eaux territoriales se faisant un an à l'avance, cette décision devait être prise rapidement", expliquent les co-directeurs. Les équipes craignent également que la dispersion des produits radioactifs rejetés via l'atmosphère et les eaux contaminées ait un impact important dans l'Océan Pacifique et perturbe les résultats des analyses.
Outre l'évitement du japon, le nouvel itinéraire permet de raccourcir l'expédition de six mois. Des raisons financières semblent être la cause de ces modifications. "Malheureusement l'impact de cette catastrophe au Japon sur l'activité d'agnès b. est à ce jour important puisqu'une baisse conséquente du chiffre d'affaire sur place est probable, explique Etienne Bourgeois", directeur d'agnès b, principal financeur de l'expédition. "Quand une tempête s'annonce, on adapte la toile. En bons marins, nous avons donc décidé de nous préparer à cette période difficile, mais je reste confiant", ajoute-t-il.
Une arrivée en mars 2012 avec six mois d'avance
Durant les mois à venir, Tara va donc poursuivre sa route vers le centre du Pacifique Sud direction Papeete comme prévu en passant par les îles Galapagos, Gambier et Marquises. Au lieu de longer l'Asie, le navire rejoindra directement Hawaï avec un an d'avance. Puis il traversera le "continent de plastique" du Pacifique nord avant de faire escale à San Diego sur la côte Ouest des Etats-Unis. Alors qu'initialement l'expédition prévoyait un passage par le détroit de Béring et la traversée de la banquise arctique, la goélette empruntera finalement le canal de Panama à Noël prochain pour rejoindre l'Atlantique avec une arrivée prévue à Lorient au mois de mars 2012. "Le nouveau parcours choisi par les scientifiques présente des intérêts majeurs comme le transect très peu étudié Papeete-Hawaï, ou encore l'étude du continent de plastique dans le Pacifique, des prélèvements dans le Golfe du Mexique seront aussi faits ; nous resterons également plus longtemps aux Etats-Unis", rassure Etienne Bourgeois. Au total, le navire doit encore parcourir 20.000 milles soit l'équivalent d'un tour du monde et 100 stations scientifiques sont encore prévues au programme "avec les mêmes moyens techniques et humains à bord et à terre jusqu'au retour à Lorient".
Des milliers d'échantillons déjà récoltés
Depuis son départ en septembre 2009, Tara a déjà parcouru près de 40.000 milles et les scientifiques ont réalisé une centaine de stations. L'analyse à terre a d'ailleurs commencé depuis un an et les premiers résultats sont en train d'être compilés pour une publication dans plusieurs revues scientifiques. Au retour de Tara à Lorient en mars 2012, des dizaines de milliers de